
L’Iliade ou le poème de la force
Quelle est-elle cette force «devant quoi la chair des hommes se rétracte»? Paru dans les Cahiers du Sud en 1941, L’Iliade ou le poème de la force participe à la fois de l’essai savant, du traité politique et métaphysique et du texte poétique. En pleine débâcle française, cette réflexion sur la première grande épopée de l’Occident s’adresse à ceux et celles qui ont résisté et résistent encore à la soumission, et nous rappelle que tout vainqueur sera vaincu à son tour s’il s’agenouille devant la force.
Non, il ne s’agit pas d’un ouvrage technique destiné aux filles de pêcheurs vivant sous les tropiques. Le livre de Melissa Bank nous emmène sur des rives plus proches mais sans doute plus incertaines encore. Jane, une jeune New-Yorkaise qui travaille dans l’édition, raconte sa vie, sa famille, ses amis et ses amours. Son récit est structuré en une série d’histoires, sans véritable ordre chronologique, mais qui au bout du compte tracent une ligne continue depuis son adolescence jusqu’à l’âge mûr. En filigrane apparaissent les interrogations, recouvertes par le voile pudique de l’humour, sur le sexe, la vie de couple et les sentiments. Jusqu’à la dernière nouvelle, qui donne son titre à l’ouvrage et dans laquelle l’héroïne trouve enfin la formule de l’amour véritable. Melissa Bank écrit sans excès de langage, dans un style direct et pudique, qui la place comme en retrait de ses personnages. À l’inverse de certaines de ses consoeurs, elle sait résister à la tentation de scruter uniquement son nombril. Ce n’est pas d’elle qu’elle parle mais des femmes en général. Finalement, aux yeux de Melissa Bank, l’art guerrier de la séduction est vain. « Nous sommes la proie et le chasseur, le poisson et le pêcheur ». Voilà un livre qui laisse planer un doux parfum d’authenticité. –Stellio Paris