Une pièce montée
Un mariage bourgeois, un beau jour de juin en Normandie. Avec, de chapitre en chapitre, les différents regards des héros de la fête. De la petite demoiselle d’honneur émerveillée au curé assailli par ses démons, de la tante excentrique à la mariée au bord de la crise de nerfs, les personnages hauts en couleurs défilent à travers des scènes drôles, cruelles ou attendrissantes. Les masques tombent et les secrets de famille éclatent.
Oriane ou la cinquième couleur
Oriane Casanove, jeune femme de trente-quatre ans, est juge d’instruction. Brillante et redoutée des criminels d’argent, des intouchables de la République, elle travaille dans les somptueux bureaux de la Galerie financière et habite seule au flanc de la montagne Sainte-Geneviève. Un matin, alors qu’elle se prépare à auditionner le patron des Cimenteries de l’Ouest, boulevard des Italiens, elle assiste à l’assassinat de sa meilleure amie, Isabelle Leclerc, dont le mari, le juge Alexandre Leclerc, a été retrouvé suicidé une semaine plus tôt au Gabon. Oriane, bouleversée par ce terrible spectacle et tentée d’établir un lien entre ces deux morts, commence à mener son enquête. Avec courage et perspicacité, la juge se lance à la recherche d’indices susceptibles de confondre de façon irréfutable un mystérieux meurtrier qui va se révéler puissant, talentueux et séducteur. Sulitzer élabore une saisissante évocation d’un monde régenté par le charisme, l’argent, le pouvoir et le crime. –Lina Jung
Un instant dans le vent
L’expédition conduite par Erik Larson à l’intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s’enfuient, les deux Blancs qui l’avaient conçue meurent. Elisabeth Larson reste seule survivante, au milieu de l’immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin. Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu’ils appellent encore la civilisation. Mais le vrai cheminement s’accomplit en eux-mêmes à la rencontre l’un de l’autre et de l’amour qui va les unir. Le précédent roman d’André Brink, Au plus noir de la nuit, qui traitait également des amours d’un Noir et d’une Blanche, a été interdit en Afrique du Sud dès sa publication, en 1974, avant de devenir un succès international. On retrouve dans Un Instant dans le vent la même langue somptueuse, le même amour pas-sionné de la terre africaine, et la même condamnation des rigueurs de l’apartheid.
Il faut tenter de vivre
« Dans les temps qui avaient précédé notre rencontre, je m’étais représenté Sandrine Broussard d’une manière très subjective, sur la base de ce qu’on me racontait. A vrai dire, peu m’importait de savoir si j’étais près de la vérité ou non. Je faisais évoluer la jeune femme sur une orbite éloignée de Bonnie Parker, où elle gravitait comme un astre de faible brillance, et je l’imaginais de taille moyenne, blonde, mignonne, pareille à Faye Dunaway dans le film.Sandrine était la portion incongrue de mon univers, différente de tout, rétive aux classements. » Lorsque le narrateur croise enfin Sandrine Broussard il est happé par ce personnage magnétique, son exact contraire. La jeune femme va lui raconter ses vies multiples et tumultueuses, faites d’arnaques et de clandestinité. Mais au plus profond d’elle-même, elle aspire à ne plus être une « passagère clandestine » et à retrouver une place dans ce monde. Pour « tenter de vivre », il faut abandonner plusieurs « moi » derrière soi. Le peut-on ? Et quel est le prix à payer pour sortir du tunnel ?
Comment font les gens ?
Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d’une dictatrice, se débrouille comme elle peut avec la vie, c’est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère féministe mais atteinte d’une forme de joyeuse démence, trois filles à l’adolescence woke, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d’amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu’au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d’une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté.
Les enfants de Caïn
Les Enfants de Caïn est un essai de vulgarisation scientifique de Robert Ardrey, paru en 1961. Il émet l’hypothèse que l’humanité a évolué depuis le continent africain sur la base d’ancêtres carnivores et prédateurs, qui se sont distingués des singes par l’usage des armes. L’essai questionne l’origine de l’humanité, la nature humaine et ce qui la rend unique entre les espèces. Il fut lu passionnément et occasionna de nombreux débats. Robert Ardrey, dramaturge et scénariste, fit un voyage en Afrique en 1955, en partie à la demande de Richard Foster Flint, afin d’enquêter sur les suppositions formulées par Raymond Dart, à propos d’un spécimen d’Australopithecus africanus. Ardrey rencontra Dart en mars 1955. Dart, dans son laboratoire de la Witwatersrand University Medical School, avait rassemblé les preuves d’une thèse débattue, selon laquelle l’humanité ne provenait pas d’Asie mais d’Afrique. Parmi sa collection se trouvaient des crânes de babouins fossiles provenant des grottes de Taung, Terkfontein et Makapan qui, selon lui, présentaient des fractures causées par des bâtons en os d’Australopithecus ; la mâchoire d’un singe juvénile de Makapansgat, qui avait été fracturée et avait perdu ses incisives, ainsi que 7 000 ossements fossiles de la grotte de Makapansgat.
Les maîtres de la vie
Une jeune femme, Geneviève, et son fils Cédric, qu’on tente d’assassiner dans la forêt de Fontainebleau. Non loin de là, l’AMPIR, une société de protection et de renseignements à l’échelle mondiale, fondée par Julius Kopp, un ancien des services secrets. Son enquête pour protéger Geneviève le mènera au Québec, à Zurich, à Rome, sur la trace d’hommes mystérieux, accompagnés d’enfants qui disparaissent dans des cliniques de luxe…Dans un monde où s’épuise la rentabilité de la drogue et du crime ordinaire, voilà qu’apparaît un nouveau trafic aux énormes profits, celui de la matière humaine : reins, cornées, coeurs, épiderme, sang. D’un côté, des pays qui n’ont plus que cela à vendre. De l’autre, des riches prêts à offrir des fortunes pour acheter la vie. Entre les deux, l’organisation – mafia, secte, entreprise totalitaire – décidée à faire de ce nouveau marché l’instrument de sa domination sur le monde…Une fois encore, l’auteur de Tantzor, Cartel et L’Enfant des Sept Mers nous emmène au coeur des enjeux et des périls de notre temps, avec le souffle et l’art du suspense qui lui ont valu des millions de lecteurs dans quarante-trois pays.
Lame de fond
Le meurtrier a commencé par droguer la jeune femme, puis l’a violée. Il lui a ensuite brisé les doigts et l’a jetée par dessus bord. Elle n’a pu nager jusqu’à la côte. Les inspecteurs Ingram, Galbraith et Carpenter n’ont rien d’autre que ce corps anonyme échoué sur la plage de la baie de Chapman. Pas de mobile. Pas d’empreinte. Pas de témoin. Enfin, presque. Il y a cette fillette de trois ans traumatisée par ce qu’elle a vu. Mais l’enfant sans nom s’est enfermée dans le mutisme. Les inspecteurs de la police de Lymington en sont réduits aux conjectures nébuleuses. Et à retourner cette question dans tous les sens : quelle sorte d’homme peut s’acharner ainsi sur sa victime ?
Ce pays qui te ressemble
C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa sœur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivé au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères Musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir. C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables.
La cinquième profession
La cinquième profession, c’est celle de protecteur exécutif », autrement dit garde du corps.
Savage, le héros de ce livre, a pour clients les riches, et les puissants du monde. Avec l’aide d’Akira, un de ses confrères japonais, il a cette fois-ci pour mission de soustraire la sueur d’une star de cinéma légendaire aux griffes d’un mari cruel et richissime.
Et puis l’aventure bascule vers l’impossible, quand les deux hommes comprennent que ce n’est pas seulement leur sort qui se joue, mais celui du monde…
Le roman est celui d’une amitié profonde entre deux hommes de cultures différentes, mais que rapproche une même conception de l’honneur.
Providence
Modeste secrétaire, élevant seule son fils, Marylou est très en retard pour une importante réunion de travail. Coincée dans les embouteillages et le métro, elle finit par piquer un sprint, son lourd dossier sous le bras. Elle tente le tout pour le tout. Parfois la vie tient à une poignée de minutes. Albert Foehn est lui plutôt en avance, il a rendez-vous chez un notaire pour régler sa succession. À soixante-dix-huit ans il ne lui reste que quelques mois à vivre. En une fraction de seconde la vérité sur son existence éclate. Producteur de cinéma influent, père d’un grand fils dont il ne se sent pas proche, Tom veut demander sa main à la capricieuse Libby. Il en est très amoureux. Un stupide accident de vélo va changer la donne. La brillante Prudence, » partner » dans un cabinet de conseil réputé, a dû mal à se faire une place au sommet. La couleur de sa peau entrave son ascension. Mais parfois la vie vous remet les cartes en main. Un chien, un macaron à la violette, un suicide raté, l’explosion d’un immeuble, vont modifier le destin de ces protagonistes et les réunir dans un hôpital. Telle la chute de dominos, la providence, bousculant leur vie, s’amuse à redistribuer le jeu. Croisant le destin de personnages en mal d’amour, à la manière d’un brillant Magnolia, Providence est un roman choral qui pointe les solitudes de notre époque, les lâchetés et les compromissions de la société.
Mes pas vont ailleurs
Mai 1919. Victor Segalen est retrouvé mort, couché dans un petit bois, au cœur du Finistère. Partant du mystère qui entoure la mort de Segalen, suicide ? accident ?, Jean-Luc Coatalem suit les empreintes de l’écrivain-voyageur, breton, comme lui, Brestois, aussi. Militaire, marin et poète, auteur d’une œuvre labyrinthique que, de son vivant, personne n’aura soupçonnée. En 1903, Segalen pélerine sur les traces de Gauguin, aux îles Marquises. En 1905, à Djibouti, sur celles de Rimbaud. En 1909, il traverse la Chine, en jonque, en train et à cheval, et il recommencera. En 1910, il se risque dans le dédale de la Cité interdite de Pékin, derrière un séduisant jeune homme, espion et amant de l’impératrice. Puis il réside seul à Hanoi, rêve au Tibet, et achète son opium. Il meurt à quarante et un ans, dans la forêt légendaire du Huelgoat, un Shakespeare à la main, la jambe entaillée, au-dessus d’un Gouffre, loin de son épouse et de cette autre femme qu’il aime. Revisitant l’œuvre de Segalen, les lettres à ses deux amours, ses nombreux voyages, Coatalem fait apparaître les résonances, nombreuses, la complicité littéraire et l’écrivain compagnon, composant par ces prismes mêlés, le roman de sa vie, au plus près d’un Segalen vivant et vibrant.
Babbitt
Babbitt est l’un des très rares héros de la littérature – comme Tartuffe, Don Quichotte, Don Juan ou Harpagon – dont le patronyme est devenu quasiment un nom commun. Outre-Atlantique, un « Babbitt » désigne communément cet Américain moyen, homme d’affaires besogneux, affilié à son club, fier de son niveau de vie et de son confort, tel qu’il pouvait fleurir durant les années 20, abeille bourdonnante et docile, habitant de ces ruches que Sinclair Lewis, dans ce classique des classiques de la littérature américaine, définit ainsi : « Tours austères d’acier, de ciment et de pierre, hardies comme des rocs et délicates comme des baguettes d’argent. Ni des citadelles, ni des églises mais franchement, magnifiquement des édifices pour bureaux. »
Une vie entre deux océans
Après avoir connu les horreurs de la Grande Guerre, Tom Sherbourne revient en Australie. Aspirant à la tranquillité, il accepte un poste de gardien de phare sur l’île de Janus, un bout de terre sauvage et reculé. Là, il coule des jours heureux avec sa femme, Isabel. Un bonheur peu à peu contrarié par leurs échecs répétés pour avoir un enfant. Jusqu’au jour où un canot vient s’échouer sur le rivage. À son bord, le cadavre d’un homme, ainsi qu’un bébé, sain et sauf. Pour connaître enfin la joie d’être parents, Isabel demande à Tom d’ignorer les règles, de ne pas signaler « l’incident ». Une décision aux conséquences dévastatrices …
Le fusil de chasse
« À bout de forces, trop fatiguée pour bouger le petit doigt je laissai machinalement mon regard s’attacher à ton reflet sur la vitre. Tu avais fini de frotter le canon et tu remontais la culasse, que tu avais également nettoyée. Alors tu levas et abaissas plusieurs fois le fusil en épaulant à chaque fois. Mais peu après le fusil ne bougea plus. Tu l’appuyas fermement contre ton épaule et tu visas, en fermant un oeil. Je me rendis compte que le canon était manifestement dirigé vers mon dos. » Le Fusil de chasse, ou les multiples facettes d’une impossible passion. Trois lettres, adressées au même homme par trois femmes différentes, forment la texture tragique de ce récit singulier. Au départ, une banale histoire d’adultère. À l’arrivée, l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature contemporaine. Avec une formidable économie de moyens, dans une langue subtilement dépouillée, Yasushi Inoué donne la version éternelle du couple maudit.
Les tribulations d’une caissière
Les tribulations d’une caissière. Elle s’appelle Anna, elle a vingt-huit ans, un diplôme universitaire de littérature et huit ans d’expérience derrière une caisse de supermarché. Une caisse qui n’entend que les codes-barres. Un métier peu propice aux échanges, invisible, des gestes automatiques. Entre les bips qui ponctuent ses journées, Anna aurait pu se sentir devenir un robot si elle n’avait eu l’idée de raconter son travail. Au fil des jours, ces menues anecdotes qui la font rire, l’agacent ou l’émeuvent sont ses tickets de caisse à elle. Elle vous a vu passer à la caisse. Vous avez été des clients faciles ou des emmerdeurs, riches ou pauvres, complexés de la consommation ou frimeurs. Vous l’avez confondue avec une plante verte ou vous lui avez dit bonjour, vous avez trépigné à l’ouverture du magasin ou avez été l’habitué nonchalant des fermetures. Anna, vous l’avez draguée, méprisée, insultée. Il ne se passe rien dans la vie d’une caissière ? Maintenant, prenez votre chariot et suivez Anna jusqu’à sa caisse. Celle que vous oubliez de voir vous a bien vu et raconte.
Malika ou un jour comme tous les autres
Comme Valérie, l’héroïne du pavillon des enfants fous, Malika et son frère Wielfried sont très jeunes. Elle a dix ans, lui en a quinze. Comme Valérie aussi, aucun parent ne s’occupe d’eux. La mère est morte et le père apparaît de temps en temps pour donner de l’argent. Pourtant ils sont heureux dans cet appartement du boulevard Malesherbes qu’ils ont meublé eux-mêmes car ils s’aiment, d’un amour trop parfait que les adultes saccageront. Malika et Wielfried se racontent tour à tour. Leur langage est enfantin mais bien des adultes envieraient leur clairvoyance, leur autonomie et leur force, Malika ou Un jour comme tous les autres est un hymne à la liberté, à l’amour bien sûr mais aussi à la franchise et à la différence. La sensibilité de Malika, sa lucidité, la droiture de Wielfried, leur étonnante communion et leur appétit de vivre, font de cette histoire d’amour l’une des plus belles de notre temps.
La bande à Suzanne
» Alors nous avons pris pour cible les uns ou les autres. Des bourges, des passants, des quidams inconnus. Toujours au hasard. Les tuer mais sans mobile. Surtout pas de mobile, de cause, de raison, disait Suzanne. Les causes et les raisons, ça fait prendre. Et c’est sale. Le hasard, c’est ça le jeu. Tiens, le premier qui rentre chez lui cette nuit, au numéro 29. Ou le premier qui passe sa porte pour en sortir au numéro 73 bis. Qui ? Veux pas le savoir. Pourquoi ? Ce serait dégoûtant. Tire donc, jeunot, et tu passeras mec. Elle ne le disait pas, Suzanne. Mais nous on croyait la comprendre sans qu’elle ait besoin de parler. Les mots, ça perd du temps. » Nous sommes aux assises, quelques années plus tard, en pleine audience. C’est Serge qui parle et raconte toute l’histoire. Il faisait partie de la bande à Suzanne. Parce qu’il aime toujours Suzanne, il n’a rien oublié : les codes, les rites, les règles et tous ces crimes jamais élucidés.
Belle et Bête
Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n avais aucune culture. Et j ai été folle de toi. Non pas qu il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j ai éprouvés. C est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. Tu étais le grand persécuté, le bouc émissaire. Je me suis sentie obligée de prendre ta défense pour dire : Les porcs ont le droit d être des porcs. Une société qui met ces créatures en prison aux seuls motifs qu ils ont des goûts propres à leur espèce n est pas une société libre et juste.
L’adoption d’enfants étrangers passe pour être longue, hasardeuse, et souvent aux mains d’intermédiaires malhonnêtes. Forte de son expérience, Dominique Grange rétablit ici la vérité. Après des années passées à lutter en vain contre la stérilité, elle s’est en effet tournée vers l’adoption. Un nouveau parcours a commencé pour elle ; il a été long, parfois ardu, mais sans aucune tractation sordide ; et, surtout, elle a senti peu à peu le désir d’enfant renaître en elle, alors que l’acharnement médical l’en avait comme dépossédée, en le réduisant à des techniques, des éprouvettes, des seringues.
Les rats de garde
Et si la sacro-sainte transparence, si chère à une nouvelle génération de journalistes, avait des effets pervers. Et si, par peur de voir leur vie privée étalée au grand jour, les citoyens qui aspirent à entrer en politique se détournaient des mandats électoraux ? Et si le Français moyen devenait également la cible d’investigations ? Politique fiction ?
Rien n’est moins sûr. Avant-hier, on suivait pas à pas les rois et leur cour, hier les stars, aujourd’hui les hommes politiques, retournement impensable jusqu’alors dans un pays non-puritain… pourquoi ne deviendrions-nous pas la cible des kalachnikov des journalistes d' »investigation » ?
Méfiez-vous,Les rats de garde, nouvelle version des Chiens de garde, chers à Paul Nizan, veillent : non plus sur la pensée unique, mais sur la transparence. La démocratie sortirait modernisée, clament-ils, s’ils éradiquaient la loi du silence, cet avatar de l’exception française.
Mais, attention, pour Patrick Poivre d’Arvor et Eric Zémour, « la mise à jour des frasques sentimentales et érotiques des puissants, c’est le degré zéro de la politique ». La transparence, rien d’autre qu’un argument marketing pour augmenter les tirages.Un exposé précis des précédents américains et français de diffamation et, au final, un essai percutant.
Les chemins de Loco-Miroir
La moindre pulsation de tambour faisait palpiter ses reins, elle marchait comme on danse, frémissante, vers sa liberté…, ainsi Alma Viva Jean Joseph, dite Cocotte, décrit Violaine, sa sœur Marassa, sa jumelle, quoi, selon les esprits de Guinée, les Loas, ceux de l’autre côté de l’eau (nous sommes en Haïti) qui régissent la vie des vivants et des morts. Et les Esprits, croyez-moi, quand ils vous choisissent, votre vie cesse d’être un champ de roses. Pourquoi, par exemple, Violaine la resplendissante, à la peau de velours doré, se laisse-t-elle ainsi égarer ? Pourtant, cette folle, cette tête d’orage, ce petit fruit rebelle, elle le savait bien que l’on ne tombe pas impunément amoureuse d’un pauvre Noir, si beau et intelligent soit-il, quand on est quasiment blanche et qu’on est promise à un riche héritier. Oui, mais voilà, si la vie s’alignait sur la couleur du ciel, il y a longtemps que Haïti serait le pays le plus heureux du monde… Dans ce premier roman, riche de tendresse et de sensualité, Lilas Desquiron, qui appartient à une vieille famille haïtienne, laisse percer, sous le foisonnement d’un langage magique, le regard acéré de l’ethnologue.
Apocalypse non !
Avoir un enfant aujourd’hui, à l’époque de la surpopulation et de la pollution de notre planète, est, tout autant que l’avortement, un acte contre nature. Surtout si pour inaugurer votre grossesse – forcément surmédicalisée – on vous transperce le ventre avec une canule sous prétexte d’examiner la » normalité » du fœtus. Le jour où Mlle Ragotsky annonce qu’elle attend un enfant, ses collègues de bureau ne montrent guère d’enthousiasme. Quant au père, désigné par les initiales A.C., il préfère, d’évidence, à la vie de famille la ponte de ses articles sur la musique sacrée. Et les problèmes ne font que commencer… On retrouve avec délices, dans ce récit percutant, la superbe sinistrose et l’humour au vitriol de l’auteur de Dîner de moules.
Les désaxés
François et Sylvie : un couple. Un couple avec enfants, une fille et un garçon. François et Sylvie vivent ensemble depuis une quinzaine d’années. Ils sont tous les deux cinéastes. Ils s’aiment, ils s’aiment mal mais peut-être s’aimeront-ils toujours de ce même mal ? Sylvie fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique : elle est maniaco-dépressive. François, lui, n’est même pas dépressif, il ne s’aime pas, déprécie son travail, trouve que sa femme a bien plus de talent et de force que lui. Autour de ce couple, avec enfants donc, gravitent des personnages d’un Paris littéraire fraîchement célèbre, où chacun semble jouer sa partition. Chacun pour soi, oui, jamais personne ensemble. François et Sylvie devront-ils se séparer pour apprendre à s’aimer davantage, mieux en tout cas ? Ils sont manifestement les seuls à vivre et à faire ensemble. Au moins ce qu’ils peuvent. Qu’ils fassent ou défassent, l’attachement demeure. Comment se défaire d’un tel amour, voilà sans doute le sujet souterrain du nouveau roman de Christine Angot, Les désaxés, sa vraie nature aussi, et son aspect terriblement universel. Les désaxés, c’est nous tous : tant que nous ne saurons pas vivre, nous ne saurons pas aimer.
Le voyage âmes
Coupant en deux la vie du narrateur, il y a, obsédante dans sa mémoire, l’étrave du grand navire qui, à sept ans, l’arracha de la Kabylie de son enfance. Devant lui, une rive étrangère, un père inconnu, une vie de dortoirs sordides, d’humiliations, de froid et de détresse, à peine éclairée par la patiente attention d’une institutrice qui lui fait don des mots. Alors, pour survivre, il faut tout oublier d’avant. Oublier la tante Fatiha qui l’emmenait au hammam, et le trouble que levaient en lui les lourds et voluptueux corps de femmes. Oublier Leïla, la petite fille aux yeux verts dont il était si amoureux, et le berger Azzedine qui charmait les scorpions à l’harmonica. Et surtout, oublier sa grand-mère Houria, Houria la conteuse, la magicienne qui, misérable et sereine, disait haut et clair ce que sont le Bien et le Mal. Mais on ne guérit pas de son enfance. Cette maladie-là, qui hante les fièvres, ne se fuit pas sur une mobylette volée, ou dans l’exaltation rageuse de petits ou grands larcins. Seul le grand deuil des bonheurs perdus permet – peut-être – de devenir un homme.
Le chant du seringat la nuit
Marie-Thérèse Humbert naît le 17 juillet 1940 à Quatre-Bornes (Île Maurice). Elle fait des études de lettres et littérature comparée à Cambridge University et à la Sorbonne avant de s’installer définitivement en France en 1968. Deux femmes mariées, murées l’une dans une solitude orgueuse : Fernande, l’infirme, occupante d’une maison de garde-barrière devant laquelle ne passe plus aucun train ; Madeleine, au château des Meneaux, qui vit dans le souvenir d’un monde aristocratique révolu. Entre les deux, messager ambigu, Carrouges, le garde-chasse, diable boiteux, secret, séducteur, maître des bois et de leurs sortilèges. Et puis les adolescents : Kola, le petit-fils bâtard ; son demi-frère Julien, l’héritier légitime des Meneaux, méprisé cependant parce qu’il est le fruit d’une mésalliance ; Fanny, petite-fille de Fernande, enfant solitaire dont les deux garçons vont d’éprendre à la folie. Mais n’auront-ils pas àpayer terriblement cher les lourds secrets, les haines, les fautes de leurs aînés ?
Cowboy
Un livre écrit sans compromis sur l’épineuse question des autochtones, sur leurs difficiles conditions de vie. L’action se passe à Grande-Ourse. Un conflit larvé oppose Blancs et Amérindiens de la réserve. Un drame a eu lieu naguère qui n’a jamais été dénoué. Plutôt que de raviver les cendres, on a préféré les enterrer. Un portrait saisissant des Amérindiens.
Les imaginations du sable
Kristien s’était juré de ne plus revenir dans son pays, l’Afrique du Sud, révoltée par l’apartheid comme par la frilosité des progressistes. Durant dix ans, elle a vécu sur un autre continent une vie librement choisie de femme moderne. Il faut l’appel d’Ouma, sa grand-mère, grièvement blessée dans un attentat, pour la convaincre de revenir.Ouma entreprend de lui conter la vie des neuf générations de femmes qui les ont précédées. Neuf générations de rebelles, qui tissent les mille et une nuits de l’Afrique du Sud. De Kamma, changée en arbre, à Lottie, disparue à la recherche de son ombre, de Samuel, qui étrangla son mari dans ses cheveux, à Rachel, enfermée dans une cave, peintre de fresques scandaleuses et ineffaçables, ces destinées prises entre légende et histoire incarnent l’insoumission des femmes à la brutalité coloniale et raciste.Leur héritage ? Un imaginaire commun à tous, Blancs et Noirs, enraciné dans le même amour de la terre africaine.
Comme une image
Elle n’a d’autre prénom que ceux de ses rôles : Agnès, Clarisse, Ophélie. Durant des années, elle a connu les scènes de province, les petits rôles à la télé, l’incertitude du lendemain. Le bonheur, aussi, de partager son rêve, chaque soir, avec le reste de la troupe ; et, entre deux engagements, de retrouver Philippe, son compagnon. Du jour au lendemain, la voilà » remarquée « , engagée pour le premier rôle d’une coproduction internationale. Et dans le studio de Thierry, le photographe des stars, chargé de donner d’elle une image sexy pour couverture de magazine, elle sent avec angoisse que tout va basculer. Nul mieux que Pascal Lainé, romancier et scénariste, ne pouvait nous communiquer le vertige du vrai et du faux, du réel et de l’illusion, dans les pièges de la célébrité médiatique, à travers une héroïne bouleversante de fragilité.
Moi, Trésilien-Théodore Augustin
Ce n’est pas un mauvais bougre, ce Trésilien-Théodore Augustin qui se proclame Général-Président à vie pour dynamiter l’inertie de son île-pirogue, dont il déplore la nonchalante passivité. Mais franchement, instaurer, pour rattraper des siècles d’immobilisme, une direction des montres, horloges et calendriers, chargée de liquider des saints contre-révolutionnaires, court-circuiter saisons et fêtes carillonnées, ou interdire aux crabes de marcher de côté pour cause d’exhibition déviationniste, est-ce bien raisonnable ? Alors, le jour où Trésilien décide de supprimer le samedi, c’en est trop : Vent Debout et son bataillon de marchandes d’amour – dont c’est le meilleur jour – déclenchent la grève générale. Avec un succès à faire pâlir d’envie les syndicats de tous pays, jusqu’aux bulles d’eau gazeuse qui refusent de remonter à la surface ! Et le grand bond en avant de Trésilien s’écrasera le nez dans la mangrove… Sous le charme d’un conte éblouissant de verve, une question fort sérieuse, en écho à la phrase d’Aimé Césaire mise en exergue : Il y a, dans la société antillaise, plus de Polpots potentiels que vous ne le croyez.
Confucius
Retiré depuis la mort de Confucius dans un village perdu du centre de la Chine, un vieil homme, Yanjiang (son nom signifie » Vieux Gingembre « ), raconte ce que furent les quinze dernières années du grand maître dont il partagea une partie de la vie. Pourquoi Confucius abandonna-t-il la capitale de sa province où il avait occupé les plus hautes fonctions ? Avait-il un projet secret ? Le dernier disciple du maître tente de donner les clefs du mystère. Mais plus qu’une évocation biographique, Inoué raconte une captivante aventure politique et humaine au cours de l’une des périodes les plus troublées de l’histoire de la Chine du Ve siècle av. J.-C. Yasuchi Inoué (mort en 1992, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans) est l’un des plus remarquables écrivains japonais du XXe siècle. Ses ouvrages – Le Fusil de chasse, Le Maître de thé, Histoire de ma mère sont devenus de grands classiques. Confucius est son dernier roman. L’auteur a mis beaucoup de lui-même dans le personnage malicieux du » Vieux Gingembre » qui nous donne à découvrir le grand sage et penseur chinois sous l’apparence d’un homme souffrant, humble, plein de compassion et d’humanité face à l’incompréhension hostile du monde.
Vivez mieux et plus longtemps
La santé est un capital qu’il nous faut chérir en permanence pour qu’il ne se dilapide pas. En tout cas pas trop vite… Convaincu que nous pouvons rester vigilants tout en continuant à nous faire plaisir Michel Cymes nous rappelle, dans un ouvrage mûri de longue date, et avec bonne humeur, des principes simples mais vertueux, faciles à mettre en pratique quel que soit notre âge.
La petite fille de Monsieur Linh
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays,celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
La succession Bannerman
Alexandra Walden a vingt-quatre ans. Sa brillante vie de célibataire dissimule un passé tragique. Arthur Bannerman est légendaire. Aussi, quand Arthur meurt dans les bras d’Alexandra qu’il a épousé la veille, le scandale fait les gros titres de la presse et Alexandra voit se dresser contre elle la meute cruelle et déchainée du clan Bannerman. Affrontement d’une jeune femme fascinante avec une grande famille américaine, une famille qui ressemble tout à la fois aux Rockfeller et aux Kennedy, la succession Bannerman est aussi une grande histoire d’amour.
Yansan des orages
Une statue religieuse qui descend de son socle et disparaît dans les rues. Cela ne peut arriver qu’à Bahia, ville de tous les miracles et de tous les excès. Cependant que l’Église et la police recherchent partout la mystérieuse Sainte-Barbe – alias Yan san, déesse des orages nous voilà partis sur ses traces, au rythme du candomblé, à travers la vie et le peuple bahianais, ses artistes, ses prostituées, sa religion métisse, ses passions et ses rêves.
Dans ce roman paru en 1989, le grand romancier brésilien. Les deux morts de Quinquin-la-Flotte, Cacao, Dona Flor et ses deux maris brosse une fresque bariolée, foisonnante, sans contredit l’un des sommets de son oeuvre.
Il court, il court…
Violet Trefusis née Keppel est une femme de lettres britannique, membre de la haute société anglaise.Fille d’Alice Keppel, la dernière maîtresse officielle du roi Edouard VII, elle fait dès son enfance de fréquents séjours en France, où elle devait se fixer dès les années vingt. Bohême et mondaine, elle fréquente le Tout-Paris: Anna de Noailles, Proust, Jean Cocteau, Colette, Francis Poulenc. Elle vécut entre l’abbaye restaurée de Saint-Loup en-Naud et sa villa florentine, où François Mitterand,peu avant sa mort, lui rendit une visite relatée dans la paille.
La voie radieuse
Publié en 1987 (et l`année suivante en traduction française). La Voie radieuse est sans doute le roman le plus ambitieux de Margaret Drabble -celui en tout cas qui a conquis le plus large public. La descente aux enfers d’une femme à qui tout jusque-là semble avoir réussi. Un classique de la quête de soi et la démolition sans pitié de cette construction en trompe-l’œil qu’on appelle le succès.
La mort de Mathusalem
Voici Temerl, qui recherche de ville en village son jeune mari mystérieusement disparu ; Yossele, l’enfant prodige qui apprend tout seul les logarithmes – ce qui inquiète beaucoup sa mère. Et Max Stein, qui tombe toujours amoureux des femmes de ses meilleurs amis… Du shtetl polonais aux cafétérias américaines, de la Varsovie de jadis au New York d’aujourd’hui, Isaac Bashevis Singer convoque ici tous les personnages que nous avons aimés à travers ses précédents livres et illumine leurs vies par la magie de l’esprit.
L’esclave
(Réédition). Jeune juif rescapé d’un pogrom, Jacob est vendu comme esclave à un paysan dont la fille, Wanda, s’éprend de lui. Jacob lutte d’abord contre cet amour, mais la passion est finalement la plus forte. Quand il retrouve son village natal, le souvenir de Wanda le hante. Il retourne la chercher et en fait sa femme. Convertie au judaïsme, elle se fait passer pour sourde et muette, afin de cacher son origine. Jusqu’au jour où, mettant au monde un fils, elle se trahit et meurt.
La mariée des célibataires
Stephen Koch est un enseignant et un romancier. Il a été enseignant à l’Université Columbia de 1977 à 1998. Il a également enseigné à l’Université d’État de New York à Stony Brook, à l’Université de Princeton, et à l’École des arts à Columbia. Il est auteur, notamment, de The End of Innocence, The Free Press, New-York, 1994, La fin de l’innocence, les intellectuels d’Occident et la tentation stalinienne : 30 ans de guerre secrète, Grasset, Paris, 1995. Il vit à Manhattan, New York.
La femme d’affaires
Belle, élégante, Claudia Monti dirige avec maestria la Société Mondiale de Communication dont les filiales, de New York à Saint-Pétersbourg, négocient contacts et contrats pour les magnats de ce monde. Une femme d’affaires dont l’autorité n’a d’égale que la séduction. Mais pourquoi, dans son ombre, ces personnages énigmatiques – Paolo Verazzi ou John Capitano – dont les activités occultes et les manipulations financières déploient sur un monde sans loi leur redoutable filet de fiduciaires douteuses et de sociétés-écrans ? Quels liens unissent la présidence de SMC et maître Thomas Carouge, ex-ministre des Transports et récent bailleur de fonds d’une étrange maison de repos où Claudia Monti fait de fréquentes visites ? Et pourquoi le commissaire Barget, qui mène, avec Mme la Juge Anne Quilacci, l’enquête sur les troubles activités de l’avocat, a-t-il très vite la bizarre sensation que la jeune femme ne lui est pas inconnue ? En filigrane de la guerre sans merci que se livrent les mafias internationales, La femme d’affaires, autant qu’un roman policier haletant, est aussi le récit dramatique du combat d’une femme à l’adolescence brisée par les chaos de l’Histoire pour forger, au risque de se perdre, son propre destin.
Sous le soleil de tes cheveux blonds
L’une est blonde, secrète et bourgeoise. Au lycée, on la surnomme Brigitte. L’autre, extravertie et instable, répond au nom de Brune. Toutes deux sont encore des jeunes filles pleines d’avenir. Ensemble, elles se le promettent, elles pourront tout vivre. Traversant les années folles de la jeunesse, elles découvrent la joie d’aimer, de danser, de rire et de boire jusqu’au petit matin en rêvant à leurs destins de femmes. Mais un étrange jour d’été, tout s’arrête brusquement. Sans donner aucune explication, Brigitte rompt leur amitié et disparaît. Les années passent mais n’effacent pas la douleur de l’absence. Lorsque Brune tombe enceinte, le moment est venu de comprendre ce qui s’est joué entre elles, ce qui les a unies puis séparées. D’autant que Brigitte, dont elle n’avait plus la moindre nouvelle, revient la hanter : dans ses rêves, elle aussi attend un enfant. Avec brio, Agathe Ruga explore une tranche de vie aussi enivrante que violente, celle des premières fois, de l’éveil de la féminité, du passage à l’âge adulte et des désillusions, jusqu’à la délivrance.
Confessions d’un gang de filles
Un quartier populaire d’une petite ville de l’État de New York, les années 1950.
Cinq lycéennes, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. Foxfire désigne les jolies filles, mais également le feu follet. La haine, et surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage. Après un séjour en maison de correction, legs, leur chef adulée, revient avec un rêve : pouvoir habiter, toutes ensemble, dans une ferme, et vivre selon leurs propres lois. Mais leur sulfureuse réputation leur créera plus d’un ennemi. Vols de voitures, menaces à main armée, entôlage et, pour finir, kidnapping. Tout cela finira très mal. Dans une langue crue, précise et concrète, Joyce Carol Oates dépeint la fureur de vivre des cinq inséparables et leurs accès de générosité envers d’autres déshérités. Comme toujours chez l’auteur de Eux et de Blonde, le Mal est d’autant plus vraisemblable qu’il nous ressemble.
La petite fille de Monsieur Linh
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays,celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
Mes mauvaises pensées
Pendant trois ans, je me suis rendue une fois par semaine chez le docteur C. À chaque séance, j’avais l’impression de lui donner un livre, il s’agissait toujours de liens, de séparations, de rencontres, à chaque séance, je construisais et déconstruisais un édifice amoureux. Mes mauvaises pensées est le récit de cette confession, j’ai voulu raconter le métier de vivre et le métier d’aimer. Ce n’est pas le récit d’une thérapie, ce n’est pas une légende, c’est un roman parce que c’est une histoire rapportée ; c’est l’histoire de ma famille, de l’Amie, de la Chanteuse, d’Hervé Guibert, c’est l’histoire de mes deux pays. Je n’ai jamais quitté l’Algérie, on m’a enlevée à l’Algérie, je n’ai jamais fait mes adieux, j’ai appris à devenir en France et je crois que je suis née deux fois. Mes mauvaises pensées est aussi mon retour vers le pays où j’ai laissé quelque chose qui n’a jamais cessé de grandir dans mon dos, et qui n’a jamais cessé de m’effrayer.
Il me semble souvent que j’écris des romans comme le ferait un cinéaste, et j’ai eu le sentiment très net de réaliser mon film, « Il y a longtemps que je t’aime, comme un écrivain compose un roman. Une fois le tournage passé, une fois le film achevé, je n’en avais pas fini avec l’aventure. Le désir de la réexplorer avec le recul, et avec les mots -ceux de l’écrivain ? ceux du cinéaste ?, s’est alors imposé. J’ai songé aux décors, aux comédiennes, aux techniciens, au cadre, aux figurants. Bref, j’ai tenté de constituer un making of d’un genre particulier qui ferait comprendre la double nature qui est la mienne. Et il me semble aujourd’hui, grâce à ce petit livre qui peut se lire aussi comme une autobiographie fragmentée, tendre encore davantage la corde sur laquelle j’essaie de cheminer, depuis longtemps déjà.
Quelques-uns des cent regrets
Elle portait des cheveux un peu plus longs que par le passé. Sa blondeur s’était mêlée d’argent. Son visage gardait la beauté simple qui en était la marque. A peine les rides l’avaient-elles tissé d’un mince réseau de blessures. Le temps s’était déposé en elle, avec sa fatigue et son poids, comme une poussière. Étaient-ce les années vécues sans la voir qui me faisaient la croire plus jeune qu’elle n’était en vérité ? A la mort de sa mère, le narrateur revient sur les lieux de son enfance, dans une petite ville du Nord inondée par la crue d’une rivière. Durant les trois jours qu’il passera là surgissent les figures disparues, celle de la mère bien sûr, jadis aimée plus que tout, et celle plus inquiétante du père absent dont la légende dit qu’il est mort dans une guerre lointaine. Roman poignant où, par petites touches, Philippe Claudel explore l’amour filial avec une extrême délicatesse et une surprenante réserve.
Grundlich
Si un jour tu écrivais cette histoire, tu devrais l’appeler Gründlich. Ce serait un drôle de titre. C’est un mot allemand, pas exactement traduisible. Disons que c’est l’idée de faire le boulot soigneusement, méticuleusement, jusqu’au bout, sans en laisser une miette. Elle aimait tant l’Allemagne. Elle a toujours été gründlich, ta petite fille. Elle t’a aimé gründlich, dès la première nuit. Tu étais si séduisant, dans ton malheur. Ensuite elle a fait le boulot gründlich, rien à redire. Elle t’a raccommodé, elle t’a réconcilié, elle t’a avalé tout entier, comme elle avalait les cerises, avec les noyaux. Si seulement tu avais voulu, elle t’aurait emmené au bout du monde. Et jusqu’en Chine, puisque tu y as rendez-vous, avec le secret de ta vie. Mais, petit juge, c’est loin, la Chine. Et un beau jour, tu le savais bien, elle te plaquerait là, tout seul avec un sac de cerises, dans les riantes avenues de ton joli quartier. Gründlich.