
Les piliers de la terre
Dans l’Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s’assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l’amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. La haine règne, mais l’amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes. Abandonnant le monde de l’espionnage, Ken Follet, le maître du suspense, nous livre avec « Les Piliers de la Terre » une œuvre monumentale dont l’intrigue, aux rebonds incessants, s’appuie sur un extraordinaire travail d’historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l’Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d’une superbe épopée romanesque dont il aimerait qu’elle n’ait pas de fin.
L’Afrique sans africains
J’aime l’Afrique… Pendant plusieurs générations, en France, ce fut un credo banal : on aimait ce continent attachant, certes sauvage, mais peuplé de gens aimables. C’en est fini de ces ritournelles. Une époque est révolue. Désormais, l’Afrique est présentée comme un continent en perdition, naufragé et inquiétant, rimant avec danger, chaos, famine, massacres et sida. L’Afrique serait une autre planète, un endroit où il ne faudrait plus se rendre, à moins d’être un humanitaire, avatar post-moderne du clerc, ou un militaire, ordonnateur de la nouvelle pacification. L’Afrique, ça se soigne, ça se sécurise. Ça ne se vit plus. Mais, entre l’amour d’hier et le désamour d’aujourd’hui, la contradiction n’est qu’apparente. Le continent noir reste investi par le rêve blanc : la projection narcissique d’un ego supérieur et le déni de la réalité, non parce qu’elle serait impénétrable ou incompréhensible, mais parce qu’elle est africaine et, en tant que telle, irrecevable. Cette Afrique abandonnée, ce continent délaissé, parti à la dérive, est en fait l’Afrique des Africains. Dieu n’est plus blanc. C’est tout. Enfin. On aura compris qu’à l’inverse, cet essai, riche d’exemples concrets, d’informations inédites et d’expériences vécues, cherche délibérément les contours de l’Afrique des Africains, ce continent noir qu’il nous reste à explorer.
Les humanoïdes
Le docteur Forester vient de découvrir les détonateurs rhodo-magnétiques, un espoir ou une menace selon l’usage qu’en feront les hommes. Brusquement une invasion de robots humanoïdes déferle sur la planète. Leur devise : « Servir, obéir et protéger l’homme de tout péril. » Et le plus grand péril, c’est justement l’homme. Les humanoïdes condamnent l’humanité au bonheur et ne lui laissent aucune liberté. Forester voit son assistant, Frank Ironsmith, se rallier à eux. Puis c’est Ruth, sa femme, qui le quitte pour Ironsmith. C’en est trop. L’humanité va-t-elle se croiser les bras ? Forester lève l’étendard de la révolte, utilisant contre les humanoïdes la force psychophysique créatrice. Mais comment un homme pourrait-il libérer en lui les pouvoirs de l’esprit alors qu’il est plein de haine ? De l’humour au tragique, ce mémorable roman explore successivement tous les registres, poussant les contradictions de ses personnages jusqu’à un colossal suspense.
Jack Williamson, né en 1908, fit ses débuts en 1928 dans le space opéra (La Légion de l’espace) avant de découvrir l’heroic fantasy (Sang doré) et le fantastique (Plus noir que vous ne pensez). Plus que Heinlein et Van Vogt, ses contemporains, il a découvert les limites de l’espoir scientistes : ses humanoïdes sont plus proches des robots de Sheckley que de ceux d’Asimov.
Un sang d’encre
« Celui qui pense avec l’œil », dit Régis Debray d’André Malraux. Si le journaliste pense – ce sont des choses qui arrivent – c’est aussi avec son œuil. Ceux qu’on appelait naguère les primitifs allument leurs feux, dit-on, en frottant l’une contre l’autre deux pièces de bois. Ainsi prend feu le journaliste, en se frottant sur la vie des autres, leur empruntant chaleur et éclat. qu’est-ce donc, dites vous, que ces hommes-reflets qui n’existent qu’en fonction du malheur ou du talent d’autrui, qui ne vivent que de catastrophes empruntées et de bonheur dérobés? On sait portant depuis Cocteau, que les miroirs sont fait pour réfléchir. Le Journaliste regarde ailleurs. Quand le poète explore, à coups de mots, l’espace du dedans, le journaliste balaie, à coups de phrases, l’espace du dehors. Son univers est à la cantonade. Il est celui des autres. Dérisoire s’il est absent, encombrant s’il est présent, il lui faut s’intercaler entre l’arbre et l’écorce, entre chair et peau, entre la vie et son écho. Irresponsable, ce reflet? Non. Responsable constant de ce qu’il voit, de pourquoi il le voit. De ce qu’il écrit, de comment il l’écrit. Du pronunciamento colombien au coup d’état marocain, il lui faut rendre compte sans faute, et rendre des comptes sans trêve. parce qu’il a reçu – de qui? – le droit de regard, tous ont des droits sur lui. En voici encore un qui rend des comptes. Un peu moins de trente ans de reportages, d’analyses, d’éditoriaux, de campagnes, cela fait combien d’erreurs? Combien cela peut-il représenter de fautes et d’omissions, de surestimations, de balourdises et de faux pronostics? Combien aussi de découvertes et de rencontres brûlantes, de personnages et d’espoirs qui survivent. N’aurait-on servi qu’à faire croire un jour à un prisonnier vietnamien ramassant par hasard dans le couloir de sa prison à Saïgon une coupure de journal, que son combat n’est pas tout à fait solitaire, cela valait la peine de se faire, trente année durant, un sang d’encre.
Tout au contraire
Dans le cachot où il attend son supplice – l’écartèlement – Estienne Barbier écrit à Rosette, une esclave noire illettrée qu’il a libérée jadis, et n’a jamais revue. Il lui raconte l’étonnante épopée qui, de la campagne orléanaise, imprégnée encore du souvenir de Jeanne d’Arc, où il est né, l’a conduit vers l’Afrique australe des années 1730, déjà salie par la corruption et la tyrannie coloniales. Là, il est devenu bandit – une sorte de Mandrin ou de Cartouche -, bientôt lancé avec une bande de fermiers révoltés à la conquête du Monomotapa, royaume mythique, symbole de tous leurs rêves… Mais Barbier n’est pas seulement un redresseur de torts.
S’adapter
C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire. Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires. La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie. Un livre magnifique et lumineux. Prix fémina du roman français 2021.
Un turbulent silence
« C’est génial! On s’ attendait à un roman politique sur l’esclavage et on lit un formidable hymne tellurique qui prend la dimension d’un continent. Dans cette Afrique du Sud du siècle dernier, le sang et la mort, la passion et la violence, le sexe et la haine sont au rendez-vous. En toile de fond : l’émancipation de Galant, esclave sublime dont la révolte incarne la fierté d’un peuple déchu. Écrivain afrikaner en lutte contre l’apartheid, André Brink se révèle ici bien plus qu’un contestataire : un poète de l’épopée totale « . André Clavel, Les Nouvelles littéraires. » Dans ce style chaleureux et sensuel qui vrille le cœur, André Brink fait vivre ses personnages avec une intensité incroyable. Ils sont tapis au fond de nous pour toujours… Au total, un splendide roman chargé d’histoire, de passions et d’amour de l’Afrique. On l’ouvre et on le dévore «
Baronne Blixen
Karen Blixen, roman. La baronne a eu en effet la vie la plus romanesque qui puisse être. On serait tenté de dire : les vies. Chasseresse africaine au Kenya, hôtesse mondaine dans sa demeure maritime de Rungstedlund au Danemark, conteuse au profil acéré d’oiseau de proie, amoureuse et amante, de Denys Finch Hatton à sa dernière passion nordique, Thorkild BjØrnvig, un poète de trente ans son cadet ! Écrivain et démiurge, mondialement célébrée et lue. Comment chanter sa singularité, sa liberté, son souverain mépris des codes et des convenances ? Dans ce roman vrai, de l’Afrique au Danemark, de New York à Londres, c’est toute une folle époque qui revit ici en couleurs et en cinémascope : Dominique de Saint Pern ressuscite la femme courageuse et la diablesse, mais aussi l’âme de cet âge d’or où l’on savait aimer, écrire et mourir en beauté.
Eva
Un soir de l’hiver 1979, quelque part dans Paris, j’ai croisé une femme de treize ans dont la réputation était alors terrible. Vingt-cinq ans plus tard, elle m’inspira mon premier roman sans que je ne sache plus rien d’elle qu’une photo de paparazzi. Bien plus tard encore, c’est elle qui me retrouva à un détour de ma vie où je m’étais égaré. C’est elle la petite fée surgie de l’arrière monde qui m’a sauvé du labyrinthe et redonné une dernière fois l’élan d’aimer. Par extraordinaire elle s’appelle Eva, ce livre est son éloge.
Oublier Klara
Mourmansk, au Nord du cercle polaire. Sur son lit d’hôpital, Rubin se sait condamné. Seule une énigme le maintient en vie : alors qu’il n’était qu’un enfant, Klara, sa mère, chercheuse scientifique à l’époque de Staline, a été arrêtée sous ses yeux. Qu’est-elle devenue ? L’absence de Klara, la blessure ressentie enfant ont fait de lui un homme rude. Avec lui-même. Avec son fils Iouri. Le père devient patron de chalutier, mutique. Le fils aura les oiseaux pour compagnon et la fuite pour horizon. Iouri s’exile en Amérique, tournant la page d’une enfance meurtrie. Mais à l’appel de son père, Iouri, désormais adulte, répond présent : ne pas oublier Klara ! Lutter contre l’Histoire, lutter contre un silence. Quel est le secret de Klara ? Peut-on conjurer le passé ? Dans son enquête, Iouri découvrira une vérité essentielle qui unit leurs destins. Oublier Klara est une magnifique aventure humaine, traversé par une nature sauvage.
Envoyé un peu spécial
À mi-chemin entre le « touriste professionnel » et le « reporter à temps partiel », Julien Blanc-Gras se revendique « envoyé un peu spécial ». Armé de son détachement salutaire et de son humour indéfectible, il nous embarque dans un nouveau tour du monde, avec la curiosité et la joie de la découverte pour seules boussoles. Tout peut arriver en voyage. Au fil de ses aventures dans une trentaine de pays, Julien Blanc-Gras raconte les galères et les instants de grâce, les no man’s land et les cités tentaculaires, les petits paradis et quelques enfers. On y rencontre un prêtre shintoïste et un roi fantasque, une star du cinéma nigérian et un écrivain américain, un gardien de phare et un héros national – parmi tant d’autres portraits qui peuplent ces récits et cette planète. Sur une montagne sacrée du Népal ou sur une île déserte d’Indonésie, au fin fond du Kansas ou dans l’agitation de Kinshasa, Julien Blanc-Gras rend compte de notre époque sans jamais asséner, démontrer ou pontifier. « En s’éloignant de chez soi, on se rapproche de l’universel. » À lire Julien Blanc-Gras, on comprend que, vu de près, le monde n’est pas aussi moche qu’il en a l’air.
Déplacer la lune de son orbite
» Fin mai 2022, j’ai acheté, dans un magasin parisien spécialisé dans les randonnées en montagne, un lit de camp, un sac de couchage et une lampe torche. Le lendemain, j’ai installé mon équipement d’alpiniste sur le sol froid du musée de l’Acropole à Athènes pour y passer une nuit de lune décroissante, entièrement seule. Comment arriverez-vous à dormir avec tous ces yeux de marbre qui vous fixent ? m’avait-on prévenue. Mais c’est une nuit dans un musée vide que je m’apprêtais à passer devant l’Acropole. A Athènes, il ne reste que des miettes : un pied de déesse, la main de Zeus, la tête d’un cheval. Nous avons tous dérobé quelque chose à la Grèce : ses idées, à partir desquelles nous avons forgé nos racines occidentales. Les marbres du Parthénon, arrachés à la pioche et envoyés en Angleterre par Lord Elgin au début du XIXe siècle. Dans ce vol collectif, je ne suis qu’un imposteur parmi d’autres : je ne suis pas grecque, je ne parle pas le grec moderne, et pourtant j’ai bâti ma vie et mon écriture sur ce vol. Ce soir, ce privilège sans précédent dans l’histoire du musée m’a pourtant été accordé, à moi, qui n’ai ni Homère ni Platon dans mon sac, mais la biographie de Lord Elgin. » A. M. Traduit de l’italien par Béatrice Robert-Boissier
La nuit de tous les dangers
Southampton, Angleterre, septembre 1939 : l’Europe entre en guerre, et le Clipper de la Pan American – un fabuleux vaisseau des airs, le plus luxueux hydravion jamais construit – décolle pour la dernière fois vers l’Amérique. A son bord, un lord anglais, fasciste notoire, et sa famille ; une princesse russe ; un couple d’amants ; un beau jeune homme, très intéressé par les bijoux qui ne lui appartiennent pas ; et puis le chef mécanicien, officier irréprochable, soumis au plus odieux des chantages. Durant trente heures de traversée, la tempête va secouer l’appareil. Au-dehors… et au-dedans. Un savoureux cocktail de suspense et d’humour, écrit par le romancier de L’Arme à l’œil et du Code Rebecca.
Le complot des anges
Barbara Wingate, romancière américaine, est agressée en Provence, dans la maison où elle reçoit souvent son amant John Leiser, un journaliste américain qui vit à Paris. La même nuit, un carnage a lieu tout à côté. Alerté, Julius Kopp, fondateur de l’AMPIR une agence de détectives d’un type nouveau, utilisant les technologies les plus avancées ,suit des pistes qui le mènent au Montana, ainsi que sur l’île grecque de Naximos, propriété de Kervorian, un milliardaire mégalomane qui se prend pour l’empereur Tibère. Parallèlement, des intégristes de toutes les religions se rencontrent à Rome et à Malte. Leur but: faire régner la terreur. Un Premier ministre israélien est abattu. D’autres attentats ensanglantent la planète. Mais est-ce Dieu que l’on sert ainsi ? Ou bien les appétits de puissance de ceux qui manipulent les fanatiques eux-mêmes ?Le romancier de Hannah, de Berlin et des Maîtres de la vie nous donne une fois encore un thriller percutant, en prise directe avec les enjeux les plus brûlants de notre fin de siècle.
Le conglomérat
Grégoire Bataille est un jeune loup de la finance issu d’une modeste famille de paysans creusois. Formé à l’école britannique des fusions et des OPA, il décide de revenir en France pour se rapprocher de ses racines et tenter de percer l’univers de l’industrie agroalimentaire. Analyste de haut vol, il va croiser le chemin de don Melchiorre, un vieux magnat italien du lait dont l’ambition est de construire un groupe mondial capable de nourrir la planète entière. Séduit par cette mégalomanie et surtout par Ornella, la fille du patriarche lombard, Grégoire Bataille va servir à corps perdu les ambitions de don Melchiorre. Mais dans cet univers où la finance et l’industrie inventent leurs propres règles pour échapper au contrôle des États, le jeune homme sera témoin et acteur involontaire d’une vaste machination dévoilant les abîmes de l’âme humaine quand celle-ci se mesure à la volonté de puissance. Un véritable thriller économique sur fond de biotechnologie et de valeurs séculaires propres à la paysannerie européenne. Un grand roman d’aventure où l’amour se brise à l’épreuve du pouvoir occulte de l’argent.
Une pièce montée
Un mariage bourgeois, un beau jour de juin en Normandie. Avec, de chapitre en chapitre, les différents regards des héros de la fête. De la petite demoiselle d’honneur émerveillée au curé assailli par ses démons, de la tante excentrique à la mariée au bord de la crise de nerfs, les personnages hauts en couleurs défilent à travers des scènes drôles, cruelles ou attendrissantes. Les masques tombent et les secrets de famille éclatent.
Oriane ou la cinquième couleur
Oriane Casanove, jeune femme de trente-quatre ans, est juge d’instruction. Brillante et redoutée des criminels d’argent, des intouchables de la République, elle travaille dans les somptueux bureaux de la Galerie financière et habite seule au flanc de la montagne Sainte-Geneviève. Un matin, alors qu’elle se prépare à auditionner le patron des Cimenteries de l’Ouest, boulevard des Italiens, elle assiste à l’assassinat de sa meilleure amie, Isabelle Leclerc, dont le mari, le juge Alexandre Leclerc, a été retrouvé suicidé une semaine plus tôt au Gabon. Oriane, bouleversée par ce terrible spectacle et tentée d’établir un lien entre ces deux morts, commence à mener son enquête. Avec courage et perspicacité, la juge se lance à la recherche d’indices susceptibles de confondre de façon irréfutable un mystérieux meurtrier qui va se révéler puissant, talentueux et séducteur. Sulitzer élabore une saisissante évocation d’un monde régenté par le charisme, l’argent, le pouvoir et le crime. –Lina Jung
Un instant dans le vent
L’expédition conduite par Erik Larson à l’intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s’enfuient, les deux Blancs qui l’avaient conçue meurent. Elisabeth Larson reste seule survivante, au milieu de l’immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin. Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu’ils appellent encore la civilisation. Mais le vrai cheminement s’accomplit en eux-mêmes à la rencontre l’un de l’autre et de l’amour qui va les unir. Le précédent roman d’André Brink, Au plus noir de la nuit, qui traitait également des amours d’un Noir et d’une Blanche, a été interdit en Afrique du Sud dès sa publication, en 1974, avant de devenir un succès international. On retrouve dans Un Instant dans le vent la même langue somptueuse, le même amour pas-sionné de la terre africaine, et la même condamnation des rigueurs de l’apartheid.
Il faut tenter de vivre
« Dans les temps qui avaient précédé notre rencontre, je m’étais représenté Sandrine Broussard d’une manière très subjective, sur la base de ce qu’on me racontait. A vrai dire, peu m’importait de savoir si j’étais près de la vérité ou non. Je faisais évoluer la jeune femme sur une orbite éloignée de Bonnie Parker, où elle gravitait comme un astre de faible brillance, et je l’imaginais de taille moyenne, blonde, mignonne, pareille à Faye Dunaway dans le film.Sandrine était la portion incongrue de mon univers, différente de tout, rétive aux classements. » Lorsque le narrateur croise enfin Sandrine Broussard il est happé par ce personnage magnétique, son exact contraire. La jeune femme va lui raconter ses vies multiples et tumultueuses, faites d’arnaques et de clandestinité. Mais au plus profond d’elle-même, elle aspire à ne plus être une « passagère clandestine » et à retrouver une place dans ce monde. Pour « tenter de vivre », il faut abandonner plusieurs « moi » derrière soi. Le peut-on ? Et quel est le prix à payer pour sortir du tunnel ?
Comment font les gens ?
Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d’une dictatrice, se débrouille comme elle peut avec la vie, c’est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère féministe mais atteinte d’une forme de joyeuse démence, trois filles à l’adolescence woke, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d’amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu’au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d’une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté.
Les enfants de Caïn
Les Enfants de Caïn est un essai de vulgarisation scientifique de Robert Ardrey, paru en 1961. Il émet l’hypothèse que l’humanité a évolué depuis le continent africain sur la base d’ancêtres carnivores et prédateurs, qui se sont distingués des singes par l’usage des armes. L’essai questionne l’origine de l’humanité, la nature humaine et ce qui la rend unique entre les espèces. Il fut lu passionnément et occasionna de nombreux débats. Robert Ardrey, dramaturge et scénariste, fit un voyage en Afrique en 1955, en partie à la demande de Richard Foster Flint, afin d’enquêter sur les suppositions formulées par Raymond Dart, à propos d’un spécimen d’Australopithecus africanus. Ardrey rencontra Dart en mars 1955. Dart, dans son laboratoire de la Witwatersrand University Medical School, avait rassemblé les preuves d’une thèse débattue, selon laquelle l’humanité ne provenait pas d’Asie mais d’Afrique. Parmi sa collection se trouvaient des crânes de babouins fossiles provenant des grottes de Taung, Terkfontein et Makapan qui, selon lui, présentaient des fractures causées par des bâtons en os d’Australopithecus ; la mâchoire d’un singe juvénile de Makapansgat, qui avait été fracturée et avait perdu ses incisives, ainsi que 7 000 ossements fossiles de la grotte de Makapansgat.
Les maîtres de la vie
Une jeune femme, Geneviève, et son fils Cédric, qu’on tente d’assassiner dans la forêt de Fontainebleau. Non loin de là, l’AMPIR, une société de protection et de renseignements à l’échelle mondiale, fondée par Julius Kopp, un ancien des services secrets. Son enquête pour protéger Geneviève le mènera au Québec, à Zurich, à Rome, sur la trace d’hommes mystérieux, accompagnés d’enfants qui disparaissent dans des cliniques de luxe…Dans un monde où s’épuise la rentabilité de la drogue et du crime ordinaire, voilà qu’apparaît un nouveau trafic aux énormes profits, celui de la matière humaine : reins, cornées, coeurs, épiderme, sang. D’un côté, des pays qui n’ont plus que cela à vendre. De l’autre, des riches prêts à offrir des fortunes pour acheter la vie. Entre les deux, l’organisation – mafia, secte, entreprise totalitaire – décidée à faire de ce nouveau marché l’instrument de sa domination sur le monde…Une fois encore, l’auteur de Tantzor, Cartel et L’Enfant des Sept Mers nous emmène au coeur des enjeux et des périls de notre temps, avec le souffle et l’art du suspense qui lui ont valu des millions de lecteurs dans quarante-trois pays.
Lame de fond
Le meurtrier a commencé par droguer la jeune femme, puis l’a violée. Il lui a ensuite brisé les doigts et l’a jetée par dessus bord. Elle n’a pu nager jusqu’à la côte. Les inspecteurs Ingram, Galbraith et Carpenter n’ont rien d’autre que ce corps anonyme échoué sur la plage de la baie de Chapman. Pas de mobile. Pas d’empreinte. Pas de témoin. Enfin, presque. Il y a cette fillette de trois ans traumatisée par ce qu’elle a vu. Mais l’enfant sans nom s’est enfermée dans le mutisme. Les inspecteurs de la police de Lymington en sont réduits aux conjectures nébuleuses. Et à retourner cette question dans tous les sens : quelle sorte d’homme peut s’acharner ainsi sur sa victime ?
Ce pays qui te ressemble
C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa sœur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant. Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivé au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères Musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir. C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables.
La cinquième profession
La cinquième profession, c’est celle de protecteur exécutif », autrement dit garde du corps.
Savage, le héros de ce livre, a pour clients les riches, et les puissants du monde. Avec l’aide d’Akira, un de ses confrères japonais, il a cette fois-ci pour mission de soustraire la sueur d’une star de cinéma légendaire aux griffes d’un mari cruel et richissime.
Et puis l’aventure bascule vers l’impossible, quand les deux hommes comprennent que ce n’est pas seulement leur sort qui se joue, mais celui du monde…
Le roman est celui d’une amitié profonde entre deux hommes de cultures différentes, mais que rapproche une même conception de l’honneur.
Providence
Modeste secrétaire, élevant seule son fils, Marylou est très en retard pour une importante réunion de travail. Coincée dans les embouteillages et le métro, elle finit par piquer un sprint, son lourd dossier sous le bras. Elle tente le tout pour le tout. Parfois la vie tient à une poignée de minutes. Albert Foehn est lui plutôt en avance, il a rendez-vous chez un notaire pour régler sa succession. À soixante-dix-huit ans il ne lui reste que quelques mois à vivre. En une fraction de seconde la vérité sur son existence éclate. Producteur de cinéma influent, père d’un grand fils dont il ne se sent pas proche, Tom veut demander sa main à la capricieuse Libby. Il en est très amoureux. Un stupide accident de vélo va changer la donne. La brillante Prudence, » partner » dans un cabinet de conseil réputé, a dû mal à se faire une place au sommet. La couleur de sa peau entrave son ascension. Mais parfois la vie vous remet les cartes en main. Un chien, un macaron à la violette, un suicide raté, l’explosion d’un immeuble, vont modifier le destin de ces protagonistes et les réunir dans un hôpital. Telle la chute de dominos, la providence, bousculant leur vie, s’amuse à redistribuer le jeu. Croisant le destin de personnages en mal d’amour, à la manière d’un brillant Magnolia, Providence est un roman choral qui pointe les solitudes de notre époque, les lâchetés et les compromissions de la société.
Babbitt
Babbitt est l’un des très rares héros de la littérature – comme Tartuffe, Don Quichotte, Don Juan ou Harpagon – dont le patronyme est devenu quasiment un nom commun. Outre-Atlantique, un « Babbitt » désigne communément cet Américain moyen, homme d’affaires besogneux, affilié à son club, fier de son niveau de vie et de son confort, tel qu’il pouvait fleurir durant les années 20, abeille bourdonnante et docile, habitant de ces ruches que Sinclair Lewis, dans ce classique des classiques de la littérature américaine, définit ainsi : « Tours austères d’acier, de ciment et de pierre, hardies comme des rocs et délicates comme des baguettes d’argent. Ni des citadelles, ni des églises mais franchement, magnifiquement des édifices pour bureaux. »
Une vie entre deux océans
Après avoir connu les horreurs de la Grande Guerre, Tom Sherbourne revient en Australie. Aspirant à la tranquillité, il accepte un poste de gardien de phare sur l’île de Janus, un bout de terre sauvage et reculé. Là, il coule des jours heureux avec sa femme, Isabel. Un bonheur peu à peu contrarié par leurs échecs répétés pour avoir un enfant. Jusqu’au jour où un canot vient s’échouer sur le rivage. À son bord, le cadavre d’un homme, ainsi qu’un bébé, sain et sauf. Pour connaître enfin la joie d’être parents, Isabel demande à Tom d’ignorer les règles, de ne pas signaler « l’incident ». Une décision aux conséquences dévastatrices …
Le fusil de chasse
« À bout de forces, trop fatiguée pour bouger le petit doigt je laissai machinalement mon regard s’attacher à ton reflet sur la vitre. Tu avais fini de frotter le canon et tu remontais la culasse, que tu avais également nettoyée. Alors tu levas et abaissas plusieurs fois le fusil en épaulant à chaque fois. Mais peu après le fusil ne bougea plus. Tu l’appuyas fermement contre ton épaule et tu visas, en fermant un oeil. Je me rendis compte que le canon était manifestement dirigé vers mon dos. » Le Fusil de chasse, ou les multiples facettes d’une impossible passion. Trois lettres, adressées au même homme par trois femmes différentes, forment la texture tragique de ce récit singulier. Au départ, une banale histoire d’adultère. À l’arrivée, l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature contemporaine. Avec une formidable économie de moyens, dans une langue subtilement dépouillée, Yasushi Inoué donne la version éternelle du couple maudit.
Les tribulations d’une caissière
Les tribulations d’une caissière. Elle s’appelle Anna, elle a vingt-huit ans, un diplôme universitaire de littérature et huit ans d’expérience derrière une caisse de supermarché. Une caisse qui n’entend que les codes-barres. Un métier peu propice aux échanges, invisible, des gestes automatiques. Entre les bips qui ponctuent ses journées, Anna aurait pu se sentir devenir un robot si elle n’avait eu l’idée de raconter son travail. Au fil des jours, ces menues anecdotes qui la font rire, l’agacent ou l’émeuvent sont ses tickets de caisse à elle. Elle vous a vu passer à la caisse. Vous avez été des clients faciles ou des emmerdeurs, riches ou pauvres, complexés de la consommation ou frimeurs. Vous l’avez confondue avec une plante verte ou vous lui avez dit bonjour, vous avez trépigné à l’ouverture du magasin ou avez été l’habitué nonchalant des fermetures. Anna, vous l’avez draguée, méprisée, insultée. Il ne se passe rien dans la vie d’une caissière ? Maintenant, prenez votre chariot et suivez Anna jusqu’à sa caisse. Celle que vous oubliez de voir vous a bien vu et raconte.
Malika ou un jour comme tous les autres
Comme Valérie, l’héroïne du pavillon des enfants fous, Malika et son frère Wielfried sont très jeunes. Elle a dix ans, lui en a quinze. Comme Valérie aussi, aucun parent ne s’occupe d’eux. La mère est morte et le père apparaît de temps en temps pour donner de l’argent. Pourtant ils sont heureux dans cet appartement du boulevard Malesherbes qu’ils ont meublé eux-mêmes car ils s’aiment, d’un amour trop parfait que les adultes saccageront. Malika et Wielfried se racontent tour à tour. Leur langage est enfantin mais bien des adultes envieraient leur clairvoyance, leur autonomie et leur force, Malika ou Un jour comme tous les autres est un hymne à la liberté, à l’amour bien sûr mais aussi à la franchise et à la différence. La sensibilité de Malika, sa lucidité, la droiture de Wielfried, leur étonnante communion et leur appétit de vivre, font de cette histoire d’amour l’une des plus belles de notre temps.
La bande à Suzanne
» Alors nous avons pris pour cible les uns ou les autres. Des bourges, des passants, des quidams inconnus. Toujours au hasard. Les tuer mais sans mobile. Surtout pas de mobile, de cause, de raison, disait Suzanne. Les causes et les raisons, ça fait prendre. Et c’est sale. Le hasard, c’est ça le jeu. Tiens, le premier qui rentre chez lui cette nuit, au numéro 29. Ou le premier qui passe sa porte pour en sortir au numéro 73 bis. Qui ? Veux pas le savoir. Pourquoi ? Ce serait dégoûtant. Tire donc, jeunot, et tu passeras mec. Elle ne le disait pas, Suzanne. Mais nous on croyait la comprendre sans qu’elle ait besoin de parler. Les mots, ça perd du temps. » Nous sommes aux assises, quelques années plus tard, en pleine audience. C’est Serge qui parle et raconte toute l’histoire. Il faisait partie de la bande à Suzanne. Parce qu’il aime toujours Suzanne, il n’a rien oublié : les codes, les rites, les règles et tous ces crimes jamais élucidés.
Belle et Bête
Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche. Tu étais machiste, tu étais vulgaire, tu étais insensible et tu étais mesquin. Tu étais égoïste, tu étais brutal et tu n avais aucune culture. Et j ai été folle de toi. Non pas qu il y ait un rapport de cause à effet entre tes défauts et les sentiments océaniques que j ai éprouvés. C est une curieuse coïncidence. Même au temps où ma passion était si fastueuse que j aurais échangé mon avenir contre une heure dans tes bras je n ai jamais cessé de te voir tel que tu étais : un porc. C est ma compassion pour ces animaux si dénigrés qui a éveillé mon intérêt pour toi. Tu étais le grand persécuté, le bouc émissaire. Je me suis sentie obligée de prendre ta défense pour dire : Les porcs ont le droit d être des porcs. Une société qui met ces créatures en prison aux seuls motifs qu ils ont des goûts propres à leur espèce n est pas une société libre et juste.
L’adoption d’enfants étrangers passe pour être longue, hasardeuse, et souvent aux mains d’intermédiaires malhonnêtes. Forte de son expérience, Dominique Grange rétablit ici la vérité. Après des années passées à lutter en vain contre la stérilité, elle s’est en effet tournée vers l’adoption. Un nouveau parcours a commencé pour elle ; il a été long, parfois ardu, mais sans aucune tractation sordide ; et, surtout, elle a senti peu à peu le désir d’enfant renaître en elle, alors que l’acharnement médical l’en avait comme dépossédée, en le réduisant à des techniques, des éprouvettes, des seringues.
Les rats de garde
Et si la sacro-sainte transparence, si chère à une nouvelle génération de journalistes, avait des effets pervers. Et si, par peur de voir leur vie privée étalée au grand jour, les citoyens qui aspirent à entrer en politique se détournaient des mandats électoraux ? Et si le Français moyen devenait également la cible d’investigations ? Politique fiction ?
Rien n’est moins sûr. Avant-hier, on suivait pas à pas les rois et leur cour, hier les stars, aujourd’hui les hommes politiques, retournement impensable jusqu’alors dans un pays non-puritain… pourquoi ne deviendrions-nous pas la cible des kalachnikov des journalistes d' »investigation » ?
Méfiez-vous,Les rats de garde, nouvelle version des Chiens de garde, chers à Paul Nizan, veillent : non plus sur la pensée unique, mais sur la transparence. La démocratie sortirait modernisée, clament-ils, s’ils éradiquaient la loi du silence, cet avatar de l’exception française.
Mais, attention, pour Patrick Poivre d’Arvor et Eric Zémour, « la mise à jour des frasques sentimentales et érotiques des puissants, c’est le degré zéro de la politique ». La transparence, rien d’autre qu’un argument marketing pour augmenter les tirages.Un exposé précis des précédents américains et français de diffamation et, au final, un essai percutant.
Les chemins de Loco-Miroir
La moindre pulsation de tambour faisait palpiter ses reins, elle marchait comme on danse, frémissante, vers sa liberté…, ainsi Alma Viva Jean Joseph, dite Cocotte, décrit Violaine, sa sœur Marassa, sa jumelle, quoi, selon les esprits de Guinée, les Loas, ceux de l’autre côté de l’eau (nous sommes en Haïti) qui régissent la vie des vivants et des morts. Et les Esprits, croyez-moi, quand ils vous choisissent, votre vie cesse d’être un champ de roses. Pourquoi, par exemple, Violaine la resplendissante, à la peau de velours doré, se laisse-t-elle ainsi égarer ? Pourtant, cette folle, cette tête d’orage, ce petit fruit rebelle, elle le savait bien que l’on ne tombe pas impunément amoureuse d’un pauvre Noir, si beau et intelligent soit-il, quand on est quasiment blanche et qu’on est promise à un riche héritier. Oui, mais voilà, si la vie s’alignait sur la couleur du ciel, il y a longtemps que Haïti serait le pays le plus heureux du monde… Dans ce premier roman, riche de tendresse et de sensualité, Lilas Desquiron, qui appartient à une vieille famille haïtienne, laisse percer, sous le foisonnement d’un langage magique, le regard acéré de l’ethnologue.
Apocalypse non !
Avoir un enfant aujourd’hui, à l’époque de la surpopulation et de la pollution de notre planète, est, tout autant que l’avortement, un acte contre nature. Surtout si pour inaugurer votre grossesse – forcément surmédicalisée – on vous transperce le ventre avec une canule sous prétexte d’examiner la » normalité » du fœtus. Le jour où Mlle Ragotsky annonce qu’elle attend un enfant, ses collègues de bureau ne montrent guère d’enthousiasme. Quant au père, désigné par les initiales A.C., il préfère, d’évidence, à la vie de famille la ponte de ses articles sur la musique sacrée. Et les problèmes ne font que commencer… On retrouve avec délices, dans ce récit percutant, la superbe sinistrose et l’humour au vitriol de l’auteur de Dîner de moules.
Les désaxés
François et Sylvie : un couple. Un couple avec enfants, une fille et un garçon. François et Sylvie vivent ensemble depuis une quinzaine d’années. Ils sont tous les deux cinéastes. Ils s’aiment, ils s’aiment mal mais peut-être s’aimeront-ils toujours de ce même mal ? Sylvie fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique : elle est maniaco-dépressive. François, lui, n’est même pas dépressif, il ne s’aime pas, déprécie son travail, trouve que sa femme a bien plus de talent et de force que lui. Autour de ce couple, avec enfants donc, gravitent des personnages d’un Paris littéraire fraîchement célèbre, où chacun semble jouer sa partition. Chacun pour soi, oui, jamais personne ensemble. François et Sylvie devront-ils se séparer pour apprendre à s’aimer davantage, mieux en tout cas ? Ils sont manifestement les seuls à vivre et à faire ensemble. Au moins ce qu’ils peuvent. Qu’ils fassent ou défassent, l’attachement demeure. Comment se défaire d’un tel amour, voilà sans doute le sujet souterrain du nouveau roman de Christine Angot, Les désaxés, sa vraie nature aussi, et son aspect terriblement universel. Les désaxés, c’est nous tous : tant que nous ne saurons pas vivre, nous ne saurons pas aimer.
Le voyage âmes
Coupant en deux la vie du narrateur, il y a, obsédante dans sa mémoire, l’étrave du grand navire qui, à sept ans, l’arracha de la Kabylie de son enfance. Devant lui, une rive étrangère, un père inconnu, une vie de dortoirs sordides, d’humiliations, de froid et de détresse, à peine éclairée par la patiente attention d’une institutrice qui lui fait don des mots. Alors, pour survivre, il faut tout oublier d’avant. Oublier la tante Fatiha qui l’emmenait au hammam, et le trouble que levaient en lui les lourds et voluptueux corps de femmes. Oublier Leïla, la petite fille aux yeux verts dont il était si amoureux, et le berger Azzedine qui charmait les scorpions à l’harmonica. Et surtout, oublier sa grand-mère Houria, Houria la conteuse, la magicienne qui, misérable et sereine, disait haut et clair ce que sont le Bien et le Mal. Mais on ne guérit pas de son enfance. Cette maladie-là, qui hante les fièvres, ne se fuit pas sur une mobylette volée, ou dans l’exaltation rageuse de petits ou grands larcins. Seul le grand deuil des bonheurs perdus permet – peut-être – de devenir un homme.
Le chant du seringat la nuit
Marie-Thérèse Humbert naît le 17 juillet 1940 à Quatre-Bornes (Île Maurice). Elle fait des études de lettres et littérature comparée à Cambridge University et à la Sorbonne avant de s’installer définitivement en France en 1968. Deux femmes mariées, murées l’une dans une solitude orgueuse : Fernande, l’infirme, occupante d’une maison de garde-barrière devant laquelle ne passe plus aucun train ; Madeleine, au château des Meneaux, qui vit dans le souvenir d’un monde aristocratique révolu. Entre les deux, messager ambigu, Carrouges, le garde-chasse, diable boiteux, secret, séducteur, maître des bois et de leurs sortilèges. Et puis les adolescents : Kola, le petit-fils bâtard ; son demi-frère Julien, l’héritier légitime des Meneaux, méprisé cependant parce qu’il est le fruit d’une mésalliance ; Fanny, petite-fille de Fernande, enfant solitaire dont les deux garçons vont d’éprendre à la folie. Mais n’auront-ils pas àpayer terriblement cher les lourds secrets, les haines, les fautes de leurs aînés ?
Cowboy
Un livre écrit sans compromis sur l’épineuse question des autochtones, sur leurs difficiles conditions de vie. L’action se passe à Grande-Ourse. Un conflit larvé oppose Blancs et Amérindiens de la réserve. Un drame a eu lieu naguère qui n’a jamais été dénoué. Plutôt que de raviver les cendres, on a préféré les enterrer. Un portrait saisissant des Amérindiens.
Les imaginations du sable
Kristien s’était juré de ne plus revenir dans son pays, l’Afrique du Sud, révoltée par l’apartheid comme par la frilosité des progressistes. Durant dix ans, elle a vécu sur un autre continent une vie librement choisie de femme moderne. Il faut l’appel d’Ouma, sa grand-mère, grièvement blessée dans un attentat, pour la convaincre de revenir.Ouma entreprend de lui conter la vie des neuf générations de femmes qui les ont précédées. Neuf générations de rebelles, qui tissent les mille et une nuits de l’Afrique du Sud. De Kamma, changée en arbre, à Lottie, disparue à la recherche de son ombre, de Samuel, qui étrangla son mari dans ses cheveux, à Rachel, enfermée dans une cave, peintre de fresques scandaleuses et ineffaçables, ces destinées prises entre légende et histoire incarnent l’insoumission des femmes à la brutalité coloniale et raciste.Leur héritage ? Un imaginaire commun à tous, Blancs et Noirs, enraciné dans le même amour de la terre africaine.
Comme une image
Elle n’a d’autre prénom que ceux de ses rôles : Agnès, Clarisse, Ophélie. Durant des années, elle a connu les scènes de province, les petits rôles à la télé, l’incertitude du lendemain. Le bonheur, aussi, de partager son rêve, chaque soir, avec le reste de la troupe ; et, entre deux engagements, de retrouver Philippe, son compagnon. Du jour au lendemain, la voilà » remarquée « , engagée pour le premier rôle d’une coproduction internationale. Et dans le studio de Thierry, le photographe des stars, chargé de donner d’elle une image sexy pour couverture de magazine, elle sent avec angoisse que tout va basculer. Nul mieux que Pascal Lainé, romancier et scénariste, ne pouvait nous communiquer le vertige du vrai et du faux, du réel et de l’illusion, dans les pièges de la célébrité médiatique, à travers une héroïne bouleversante de fragilité.
Moi, Trésilien-Théodore Augustin
Ce n’est pas un mauvais bougre, ce Trésilien-Théodore Augustin qui se proclame Général-Président à vie pour dynamiter l’inertie de son île-pirogue, dont il déplore la nonchalante passivité. Mais franchement, instaurer, pour rattraper des siècles d’immobilisme, une direction des montres, horloges et calendriers, chargée de liquider des saints contre-révolutionnaires, court-circuiter saisons et fêtes carillonnées, ou interdire aux crabes de marcher de côté pour cause d’exhibition déviationniste, est-ce bien raisonnable ? Alors, le jour où Trésilien décide de supprimer le samedi, c’en est trop : Vent Debout et son bataillon de marchandes d’amour – dont c’est le meilleur jour – déclenchent la grève générale. Avec un succès à faire pâlir d’envie les syndicats de tous pays, jusqu’aux bulles d’eau gazeuse qui refusent de remonter à la surface ! Et le grand bond en avant de Trésilien s’écrasera le nez dans la mangrove… Sous le charme d’un conte éblouissant de verve, une question fort sérieuse, en écho à la phrase d’Aimé Césaire mise en exergue : Il y a, dans la société antillaise, plus de Polpots potentiels que vous ne le croyez.
Vivez mieux et plus longtemps
La santé est un capital qu’il nous faut chérir en permanence pour qu’il ne se dilapide pas. En tout cas pas trop vite… Convaincu que nous pouvons rester vigilants tout en continuant à nous faire plaisir Michel Cymes nous rappelle, dans un ouvrage mûri de longue date, et avec bonne humeur, des principes simples mais vertueux, faciles à mettre en pratique quel que soit notre âge.
La petite fille de Monsieur Linh
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays,celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
La succession Bannerman
Alexandra Walden a vingt-quatre ans. Sa brillante vie de célibataire dissimule un passé tragique. Arthur Bannerman est légendaire. Aussi, quand Arthur meurt dans les bras d’Alexandra qu’il a épousé la veille, le scandale fait les gros titres de la presse et Alexandra voit se dresser contre elle la meute cruelle et déchainée du clan Bannerman. Affrontement d’une jeune femme fascinante avec une grande famille américaine, une famille qui ressemble tout à la fois aux Rockfeller et aux Kennedy, la succession Bannerman est aussi une grande histoire d’amour.
Yansan des orages
Une statue religieuse qui descend de son socle et disparaît dans les rues. Cela ne peut arriver qu’à Bahia, ville de tous les miracles et de tous les excès. Cependant que l’Église et la police recherchent partout la mystérieuse Sainte-Barbe – alias Yan san, déesse des orages nous voilà partis sur ses traces, au rythme du candomblé, à travers la vie et le peuple bahianais, ses artistes, ses prostituées, sa religion métisse, ses passions et ses rêves.
Dans ce roman paru en 1989, le grand romancier brésilien. Les deux morts de Quinquin-la-Flotte, Cacao, Dona Flor et ses deux maris brosse une fresque bariolée, foisonnante, sans contredit l’un des sommets de son oeuvre.