Le Grand Tsar Blanc
Le Grand Tsar Blanc clôt la trilogie des Hommes du Tsar et des Faux Tsars qui raconte le Temps des Troubles (environ 1584-1613). Il peut se lire séparément. Qui est « le Grand Tsar Blanc » ? C’est, selon la légende, le « grand monarque » bienfaisant qui doit venir sauver la Russie. Tel apparut en 1613 Mikhaïl Romanov, l’adolescent porté au pouvoir par un peuple unanime, las de tous les « faux tsars » précédents. À cette époque, la Russie, déchirée du dedans et envahie par le dehors, a bien failli cesser d’exister. C’est sa chute dans l’abîme et puis son redressement quasi miraculeux que raconte Vladimir Volkoff à travers le regard de plusieurs personnages historiques : Marina, la belle ambitieuse qui va de déchéance en déchéance, Bogdanka, son faux mari, fils de petit tailleur et tsar malgré lui, le patriarche Guermoguène aux yeux écarquillés parce qu’il ne dort jamais, Mikhaïl le lumineux enfant tsar. Mais peut-être le lecteur s’attachera-t-il encore plus aux personnages imaginaires : au jeune Sandro qui, à quatorze ans, voit violer sa mère par l’occupant étranger et se voue au service de la Russie, à son père Aleksandro que le destin conduira jusqu’à une sainteté tragique, à son oncle Sergo songeant à devenir l’un de ces pèlerins qui, de monastère en monastère, ont toujours sillonné la plaine russe, au vieux Psar, le grand-père, l’homme aux chiens, qui cherche une occasion d’expier le meurtre sacrilège qu’il a commis, à la belle amoureuse Mafka, et à Soumassachol, cheval invulnérable et fatidique, qui semble descendu d’une icône et permet au jeune Sandro de conduire le Grand Tsar Blanc jusqu’à son trône.
Le retournement
Le retournement : c'est la manœuvre classique, et parfois complexe, qui consiste à faire travailler à votre profit l'agent secret adverse que vous avez débusqué… Tout en racontant, avec un souci scrupuleux d'authenticité, une histoire où s'affrontent services spéciaux américains, français et soviétiques, et à laquelle il ne manque ni le traître, ni le tueur, ni la femme fatale, Vladimir Volkoff s'interroge, avec un humour qui n'exclut pas la profondeur, sur les rapports entre l'espionnage et la littérature, entre l'agent et le romancier, tous deux experts en masques et en manipulations… Le temps de la guerre froide est loin. Mais avec ce chef-d'œuvre de suspense et de vérité humaine, l'auteur des Faux tsars et de L'Enlèvement signe un classique indémodable, comme les romans de ses maîtres, Graham Greene ou John le Carré.