Je m’en vais
« Je m’en vais » annonce Félix Ferrer à la femme qui partage sa vie. Et le voici lancé dans une grande aventure. Sur la foi de son collaborateur Delahaye, ce galeriste parisien part pour le Pôle Nord. Quarante ans plus tôt, un navire a fait naufrage sur la banquise et à son bord se trouveraient des œuvres d’art inestimables : de l’art boréal, paléobaleinier. Le trésor trouvé, rapporté à Paris, entreposé, alors que Delahaye est mort, voici qu’il est dérobé. Ferrer est effondré, au bord de la faillite. A-t-il été manipulé, otage d’une sordide affaire combinée à son insu ? Les événements vont s’enchaîner, de plus en plus incroyables, insolites et fascinants…
Félix Ferrer, séducteur quinquagénaire au système cardiaque peu brillant et propriétaire d’une galerie d’art moderne sur le déclin, s’en va. Il quitte sa femme pour en rejoindre une autre. Il abandonne Paris six mois plus tard et embarque à bord d’un bateau pour une expédition dans le Grand Nord canadien, à la recherche d’objets d’art inuit, enfouis dans une épave échouée sur la banquise. En effet, sur les conseils en investissement de son informateur et assistant Delahaye, Ferrer se décide à aborder l’art ethnique, plus à la mode que la peinture moderne. Il rentre à Paris avec son trésor inuit qui vaut une petite fortune. Quelques jours après son retour, les antiquités disparaissent mystérieusement… Ferrer, de nouveau victime d’alertes cardiaques, se réveille un jour à l’hôpital. Son regard se pose sur une belle jeune femme. Cette fois-ci, de façon surprenante, elle ne l’attire pas… Par la magie d’une écriture pleine d’ironie et de légèreté, Je m’en vais, faux polar mais vrai roman, récompensé par le prix Goncourt 1999, conduit très progressivement son lecteur au dénouement des intrigues avec une sorte de désinvolture et un humour certain.
L’art français de la guerre
635 PAGES – L’histoire commence avec la première guerre du Golfe : le narrateur, en pleine crise personnelle, fait la connaissance d’un ancien militaire devenu peintre, Victor Salagnon. À travers les souvenirs de Salagnon défilent cinquante ans d’histoire de France revue à travers le fait militaire : la Deuxième guerre mondiale, l’Indochine, l’Algérie… Au-delà du récit d’une amitié entre deux hommes, une interrogation sur la France contemporaine, en dehors de toute idéologie.
« J’allais mal ; tout va mal ; je me désinstallais, j’attendais la fin. Quand j’ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l’avait faite tout entière la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n’arrive pas à finir, il avait parcouru le monde entier avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu’aux coudes. Mais il m’a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l’armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m’apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire.
Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l’art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l’émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue. »
John L’enfer
Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l’intérieur. John L’Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s’en .rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l’opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l’abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s’enfuient vers les montagnes proches.
Alabama Song
Alabama, 1918.
Quand Zelda, » Belle du Sud « , rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison.
Le couple devient la coqueluche du Tout-New York.
Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes…
Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister…
Mêlant éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand « roman américain ».
Raboliot
Voici, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, Raboliot, paru aux éditions Grasset en 1925. Pierre Fouques, dit Raboliot, est un chasseur fameux dans toute la Sologne. Les habitants de la région admirent son habileté, son courage et son art dans le maniement du fusil. La chasse n’est pas la seule passion de cet homme rustique et solitaire : il braconne, partout et à n’importe quelle saison, se moquant des institutions et de leurs règles.
Alors que personne n’ose le défier, que gardes-chasse et métayers enragent de voir cet anarchiste de la nature se comporter avec une telle désinvolture, une conjuration s’organise. Le gendarme Bourrel promet de le capturer. Les autorités tendent un piège au braconnier, il y échappe grâce à son intelligence. Raboliot fuit, se cache dans les bois où il prépare sa vengeance. Bientôt, les parties de chasse nocturnes tournent à la haine, au duel à mort…
Le portrait d’un bandit magnifique. Un héros de la liberté et de la nature. Le dernier résistant d’une société prête à tout pour imposer un ordre coercitif.
Oublier Palerme
Babs – diminutif de Barbara est de ces blondes, tout occupées d’efficacité, comme on en rencontre par centaines à New York dans le monde de la presse féminine. Elle a l’air saine et bien lavée elle est rédactrice à Fair, un magazine réputé. Sa carrière comme un galop forcené, sa réussite professionnelle, on dirait qu’elle n’a que cela en tête. Mais est-ce là sa vraie nature? N’est-elle pas plutôt prise au piège de son entourage, un petit monde où l’arrivisme est l’unique loi ? Si, comme l’écrit Céline, « on n’échappe pas au commerce américain », Babs alors est une prisonnière. Société féroce. Du moins aux yeux de Gianna Meri, l’amie de Babs, une jeune Palermitaine rescapée des bombardements de 1944 qui ont laissé la Sicile meurtrie.
Comme beaucoup de ses compatriotes de l’après-guerre, Gianna est venue à New York refaire sa vie. Elle aussi est rédactrice à Fair. Mais, quoiqu’elle fasse, elle demeure étrangère et comme suspecte. New York n’apprécie guère les gens qui vivent dans le souvenir du passé. Et cela agace profondément ce goût qu’elle a, Gianna, de regarder sans cesse en arrière et de revivre en rêve un amour perdu, l’amour d’Antonio.
Et voilà Gianna devant une Amérique qui l’épouvante. La beauté de New York, la rigueur géométrique des buildings, le luxe, les innombrables facilités dont dispose ce monde de nantis parmi lesquels elle évolue désormais, ne parviennent pas à lui faire oublier Palerme, ses ruelles tortueuses et le climat de son île natale baignée de tendresse pour tout ce qui est « humain ».
Sa rencontre avec Carmine Bonnavia ne l’apaisera que brièvement. Comme Babs, ce fils d’émigré sicilien se consacre à sa carrière avec un bol acharnement, Ce qu’il veut ? Conquérir la première place en devenant le leader de son parti politique. Est-ce pour mieux se pousser qu’il épouse Babs ? Est-ce pour mieux réussit qu’il se dit et se croit Américain dans l’âme ? Aussi, en dépit de ses origines, se soucie-t-il fort peu de sa lointaine patrie.
Rouge Brésil
La grande aventure des Français au Brésil est un des épisodes les plus extraordinaires et les plus méconnus de la Renaissance. Rouge Brésil raconte l’histoire de deux enfants, Just et Colombe, embarqués de force dans cette expédition pour servir d’interprètes auprès des tribus indiennes. Tout est démesuré dans cette aventure. Le cadre : la baie sauvage de Rio, encore livrée aux jungles et aux Indiens cannibales. Les personnages – et d’abord le chevalier de Villegagnon, chef de cette expédition, nostalgique des croisades, pétri de culture antique, précurseur de Cyrano ou de d’Artagnan.
La carte et le territoire
Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin.
Texaco
Il y a chez Chamoiseau un don formidable pour les portraits voluptueux, une verve inépuisable pour décrire les charpentiers ou les journaleux, les affranchis ou les servantes. Tous les déshérités ont trouvé là leur Hugo, leur conteur, leur mage. Chamoiseau, burlesque dans son ton et par nature, se veut l’intransigeant d’un peuple opprimé. Texaco est un grand livre. Jacques-Pierre Annette.
Pélagie-la-Charrette
Chassée par les Anglais en 1755, une veuve, devenue esclave en Géorgie, décide de revenir en Acadie avec ses enfants. Rejointe par d’autres exilés, son odyssée de toutes les amours, de tous les dangers, durera dix ans. De Charleston à Baltimore, en passant par les marais de Salem, Pélagie et son peuple croiseront les Iroquois, connaîtront la guerre d’Indépendance américaine, souffriront la haine des protestants de Boston et un hiver rigoureux avant de regagner leur Terre promise.
Au revoir là-haut
« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.
Confidence pour confidence
Nous sommes à Middleway, Kansas – dit le petit Oxford américain -, dans la maison de Gloria Patter, universitaire noire influente, le lendemain du colloque féministe des Sorcières de Middleway.
Les champs d’honneur
Jean Rouaud ne devrait pas passer longtemps inaperçu de ses contemporains, qui suspecteront en lui l’une des plus soudaines et des plus étonnantes révélations de la décennie. Mettons, du quinquennat, pour ne désobliger personne. Jean-Louis Ezine, le Nouvel Observateur Sans nostalgie, sans banalité, Jean Rouaud rend hommage à ces Français qu’on dit moyens… L’écriture, très belle, frappe par son ampleur et sa grande justesse. Jean-Maurice de Montremy, Lire Les champs d’honneur est mieux qu’un livre réussi dont on discute les vertus et qu’on range ensuite dans une hiérarchie serrée des mérites. Il est l’un de ces rares, de ces très rares livres, qui emportent l’immédiate conviction; conviction qu’on brûle de faire partager. Patrick Kéchichian, le Monde Avez-vous lu Rouaud ? » La rumeur court, flatteuse, résonne dans le plus puissant circuit de publicité, le bouche à oreille. … C’est toujours émouvant, la naissance d’un écrivain, et c’en est un assuré¬ment, qui ne doit rien aux modes, ni aux procédés de fabrication, ni à la frénétique course aux prix. … Il a écrit parce qu’il avait quelque chose à dire ; il le dit d’une écriture très élaborée mais limpide, souple, aisée. Françoise Giroud, le Journal du dimanche
John L’Enfer
Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l’intérieur. John L’Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s’en rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l’opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l’abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s’enfuient vers les montagnes proches… Devenu chômeur, l’Indien rencontre deux compagnons d’errance : Dorothy Kayne, jeune sociologue qu’un accident a rendue momentanément aveugle, et qu’effraie cette nuit soudaine ; et Ashton Mysha, Juif hanté par sa Pologne natale, qui vit ici son ultime exil. Trois destins se croisent ainsi dans New York l’orgueilleuse, New York dont seul John L’Enfer pressent l’agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l’attirance et de la répulsion, de l’opulence et du dénuement. Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John L’Enfer, voici venu le temps de l’apocalypse.
Les filles du calvaires
Derrière le comptoir du bistrot des Trapézistes, aux Filles-du-Calvaire, trône Madame Maud, née Rachel Aboulafia, Tunisienne dont la grand-mère alimenta jadis la chronique de La Goulette. Autour d’elle, un petit monde interlope et coloré où se côtoient artistes du Cirque d’Hiver tout proche, souteneurs, prostitués des deux sexes, rabbins, danseuses, flics et commerçants. Mille et une destinées qui emplissent ce livre baroque, dans le Paris de la première moitié du siècle, ressuscité avec une poésie et une verve qui auraient enchanté Apollinaire et Carco.
Le chasseur Zéro
Un bruit. Harcelant. Jusqu’à la folie. Le bruit de l’avion kamikaze qui, un jour d’avril 1945, a semé la mort sur le porte-avions Maryland, à Okinawa. Ce bruit, Laura Carlson en souffre comme elle souffre de ne pas avoir connu son père. Le vrombissement du chasseur Zéro la poursuit jour et nuit. Ses études brillantes, l’amour de Bruno, rien ne l’apaise. Le chasseur Zéro ne lâche jamais sa proie… Orpheline d’un étranger mythique, la jeune Laura ira jusqu’au bout du secret qui a changé sa vie.
Le fils
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier – recondoléances, etc. – débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. » // Michel Rostain nous happe dans le récit d’un deuil impensable. Avec une infinie pudeur et une grande finesse, il nous entraîne dans les méandres d’un amour absolu, celui d’un père pour son fils.
Les Bêtises
Commençant par une aventure désinvolte, intitulée ‘Les Bêtises de Cambrai’ et située dans la France d’après 1940, le créateur de Gustin est obligé de relire son récit pour le rendre publiable, en l’étoffant. Il se livre à un ‘Examen du texte’ et de ses sources qui aboutit finalement à une autobiographie quelque peu retouchée. Après quoi, il abandonne la plume pour devenir planteur, puis note au jour le jour ses actes et ses réflexions dans ‘Le Vin quotidien’. En les creusant un peu, il parvient à une philosophie dans un quatrième texte en forme d’essai dit ‘Fin Fond’. Derrière l’apparente disparité, le narrateur se traque dans son héros et nous mène dans une aventure autour du monde.
Couverture reliée par l’éditeur – Le narrateur est un personnage historique : Ovide. On peut considérer que c’est un écrit apocryphe. Il couvre les derniers huit ans de sa vie, vécus à Tomis, ancienne colonie romaine au pays des Gètes. Le roman adopte la forme d’un journal intime, divisé en huit chapitres (chacun d’eux correspondant à un an d’exil) qui révèlent les étapes d’une « maturation » progressive, à savoir, une conversion. L’univers du roman s’articule autour d’un axe primordial dont les deux pôles sont la société de Rome d’une part, le monde des Daces d’autre part. Cette dichotomie est génératrice d’une riche gamme de métaphores, mais peut-être son attribut le plus important est la manière dont les deux mondes se construisent, et leur importance en tant que « chronotopes » dans l’économie du récit. Le périple spirituel d’Ovide se dénoue entre les deux univers-symboles, dont les caractères antagonistes s’entretissent au cours d’un chiasme pour resurgir à la fin de la narration radicalement métamorphosés.
Quand la mer se retire
Sous les auspices de l’association Canada-Normandie, des Canadiens viennent visiter le pays de leurs ancêtres et rencontrer leurs homonymes français. Mais si Abel Leclerc a quitté Québec c’est moins pour voir les Leclerc de France que pour faire un pèlerinage sur les plages du débarquement. Il accompagne la fiancée de Jacques, son meilleur ami tué près de lui pendant le grand assaut de juin 1944 : Valérie veut se recueillir sur sa tombe. Lui dire que cette tombe n’existe pas revient à expliquer ce qu’est réellement la guerre et Abel n’en a pas eu le courage. Il préfère attendre d’être sur place pour en parler. Seulement, dans ce monde remis à neuf, il a du mal à situer l’enfer où il a plongé avec ses camarades à l’aube du 6 juin. Bérangère, la Normande consolante et facile (l’opposé de Valérie) l’aide à conjurer l’horreur de ce passé dont le souvenir diffus l’obsède. Il repart mûri et apaisé. Et Valérie ? Les Valérie de ce monde ne comprennent pas grand-chose aux réalités de l’existence qu’évoque si bien pour Abel le tableau de Breughel intitulé Margot l’Enragée.
L’empreinte du dieu
(Reliure toile ornée de l’éditeur) – Lauréat du Prix Goncourt pour cet ouvrage émouvant, Maxence Van der Meersch conte l’histoire tragique de Karelina, timide paysanne au joli visage. Mariée de force à un colosse brutal, elle doit subir une vie faite d’expédients et les humiliations de son mari. Quand son bourreau est mis sous les verrous, elle s’enfuit. Elle trouve refuge chez son oncle Domitien, écrivain célèbre, dont l’épouse, Wilfrida, reçoit avec joie la jeune femme, qu’elle considère bientôt comme sa propre fille. Les deux femmes ignorent alors qu’elles viennent de sceller leurs destins…
John l’enfer
Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l’intérieur. John L’Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s’en .rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l’opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l’abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s’enfuient vers les montagnes proches… Devenu chômeur, l’Indien rencontre deux compagnons d’errance : Dorothy Kayne, jeune sociologue qu’un accident a rendue momentanément aveugle, et qu’effraie cette nuit soudaine ; et Ashton Mysha, Juif hanté par sa Pologne natale, qui vit ici son ultime exil. Trois destins se croisent ainsi dans New York l’orgueilleuse, New York dont seul John L’Enfer pressent l’agonie.
Un aller simple
« J’ai commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur. Volé avec la voiture, en fait. Une Ami 6 de race Citroën. Alors on m’a appelé Ami 6 en souvenir. Ce sont mes origines, quoi. Avec le temps, pour aller plus vite, c’est devenu Aziz. Mamita, qui est née rom en Roumanie où elle a été stérilisée par les nazis, dit toujours que c’était une mauvaise idée de m’abréger comme ça – d’après elle, les noms qu’on donne, ça déteint. Résultat, dans quelques heures, un attaché humanitaire va me reconduire dans le pays d’où je ne viens pas, mais qui figure sur mes faux papiers: le Maroc. Il est chargé de me réinsérer dans mes racines, comme il dit. Je n’aurais peut-être pas dû lui raconter que j’appartiens à la tribu des hommes gris d’Irghiz, réfugiés depuis la préhistoire dans une cité interdite du Haut Atlas. C’est fou le pouvoir d’une légende quand on décide d’y croire … »
Anne Marie
L’enfant Lucien Bonnard, le fils de « Monsieur le consul » abandonne la Chine pour découvrir la France. Le roman débute le jour où Lucien, seul avec sa mère, Anne Marie, débarque sur le sol de la métropole tant glorifiée par Monsieur le Consul, resté au loin. Alors l’enfant Lucien va vivre trois mois de folie, trois mois de passion, trois mois de jalousie, trois mois de désespoir. Car il croit qu’il va avoir sa mère pour lui tout seul. Et il va sentir qu’Anne Marie lui échappe, qu’elle n’est pas là pour filer le parfait amour avec son fils mais pour mener la vie mondaine dont elle rêve. Elle n’a qu’un but : entrer dans l’intimité d’un couple célèbre qui a fait la carrière de son mari, celui d’André et d’Edmée. Elle se débarrasse d’un fils encombrant, en le faisant admettre dans la pension la plus chic de France… Lulu Bonnard, le chinois atteint là le fond de l’humiliation et du désespoir… Anne Marie ne vient pas le voir une seule fois.
Texaco
«Une vieille femme câpresse, très grande, très maigre, avec un visage grave, solennel, et des yeux immmobiles. Je n’avais jamais perçu autant d’autorité profonde irradier de quelqu’un… Elle mélangeait le créole et le français, le mot vulgaire, le mot précieux, le mot oublié, le mot nouveau…» Et c’est ainsi que Marie-Sophie Laborieux raconte à l’auteur plus de cent cinquante ans d’histoire, d’épopée de la Martinique, depuis les sombres plantations esclavagistes jusqu’au drame contemporain de la conquête des villes. D’abord, les amours d’Esternome, le «nègre-chien» affranchi, avec la volage Ninon qui périt grillée dans l’explosion de la Montagne Pelée, puis avec Idoménée l’aveugle aux larmes de lumière, qui sera la mère de Marie-Sophie. Dans les temps modernes, Marie-So erre d’un maître à l’autre, au gré de mille et un «djobs» qui l’initient à l’implacable univers urbain. Ses amours sont sans lendemain. Devenue l’âme du quartier Texaco, elle mène la révolte contre les mulâtres de la ville, contre les békés qui veulent s’approprier les terres, contre les programmes de développement qui font le temps-béton. Patrick Chamoiseau a sans doute écrit, avec Texaco, le grand livre de l’espérance et de l’amertume du peuple antillais, depuis l’horreur des chaînes jusqu’au mensonge de la politique de développement moderne. Il brosse les scènes de la vie quotidienne, les moments historiques, les fables créoles, les poèmes incantatoires, les rêves, les récits satiriques. Monde en ébullition où la souffrance et la joie semblent naître au même instant.
Anne Marie
L’enfant Lucien Bonnard, le fils de « Monsieur le consul » abandonne la Chine pour découvrir la France. Le roman débute le jour où Lucien, seul avec sa mère, Anne Marie, débarque sur le sol de la métropole tant glorifiée par Monsieur le Consul, resté au loin. Alors l’enfant Lucien va vivre trois mois de folie, trois mois de passion, trois mois de jalousie, trois mois de désespoir. Car il croit qu’il va avoir sa mère pour lui tout seul. Et il va sentir qu’Anne Marie lui échappe, qu’elle n’est pas là pour filer le parfait amour avec son fils mais pour mener la vie mondaine dont elle rêve. Elle n’a qu’un but : entrer dans l’intimité d’un couple célèbre qui a fait la carrière de son mari, celui d’André et d’Edmée. Elle se débarrasse d’un fils encombrant, en le faisant admettre dans la pension la plus chic de France… Lulu Bonnard, le chinois atteint là le fond de l’humiliation et du désespoir… Anne Marie ne vient pas le voir une seule fois…
Un homme se penche sur son passé
L’été, Monge, un trappeur français, vit de la contrebande. Il attrape des chevaux errants aux États-Unis et les vend au Canada. Il n’a pas d’habitation fixe. Cet été-là, il se retrouve dans une famille de fermiers irlandais quelque part en Saskatchewan. Hannah, la fille de la maison, s’éprend de lui, bien qu’elle soit déjà fiancée à un certain Archer, l’homme engagé.
Le testament français
Charlotte, une femme d’origine française émigrée en Sibérie avec sa mère entre les deux guerres, raconte à son petit-fils Aliocha le Paris et la France de son enfance, où elle a grandi. Peu à peu, celui-ci s’imprègne de culture française à travers la langue et les récits de sa grand-mère. Cette France devient pour lui une véritable Atlantide, où par exemple au bistro Au ratafia de Neuilly ledit ratafia est servi dans des coquilles d’argent… Cette double sensibilité franco-russe, îlot d’altérité au-dedans de lui, lui pèsera (ses camarades russes perçoivent et sanctionnent cette différence) puis l’enrichira, l’élèvera et le poussera vers la France.
Ce roman d’un Russe francophone n’est pas seulement l’histoire de sa relation avec la France, mais aussi une vaste fresque tragique de la vie des populations à travers les immenses plaines de Sibérie sous l’ère soviétique. Famines, viols, conditions de vie extrêmes, misère, mais aussi chaleur des relations humaines, premières amours, joie et espérance s’entremêlent.