Bel abîme – Livre neuf
Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête-à-claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit a` l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redresse´ le menton. Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Mais la rage est déjà là.
Etrangers sur la Terre – Tome I et II
TOME I – En 1922, les Danoff sont installés à Paris.
Une vie difficile, pleine d’imprévu et de nostalgie, commence pour ces Russes blancs en exil.
Michel Danoff fonde une société de cinéma, y engloutissant son dernier argent. Mais à la suite d’une escroquerie de son associé, il est ruiné. Il doit se résigné à un travail ingrat pour nourrir Tania et ses enfants.
Akim Arapoff, l’ex-lieutenant-colonel des hussards d’Alexandra, travaille en usine, collectionnant les trophées de sa gloire passée.
Le diabolique Kisiakoff a séduit une riche oisive, Lucienne Perez. Devenu impuissant, il lui sert d’homme de confiance. Il va ainsi attirer Serge, le fils aîné de Michel, dans les bras de la capiteuse Lucienne après lui avoir révélé la liaison qu’eut autrefois sa mère avec Volodia.
A la différence de Serge, Boris, son jeune frère, montre assiduité et discipline dans ses études. Il trouve l’amitié, dont son âme sensible a besoin, auprès d’un de ses professeurs et de sa fille Marguerite. Dans le coeur de chaque Russe demeure cependant le regret de son pays et l’espoir d’y revenir un jour…
Tome II – » Le minuscule chapeau bleu de la jeune fille avait routé sur le sol. Ses yeux fixes et largement ouverts regardaient Boris sans ciller. Une triste odeur de feuilles pourries et de vase épousait le contour même de leur étreinte. L’ombre venait du ciel. Elle chuchota : « Maintenant, enseignez-moi comment on dit » Je vous aime » en russe ». » Paris, 1930. De provisoire, l’exil de la famille Arapof est devenu définitif. Ainsi s’éteint doucement l’espérance de regagner la mère patrie. C’est au plus jeune d’entre eux, Boris, qu’il appartient de prouver que par-delà les nations, au plus fort de l’adversité, l’homme est toujours capable d’aimer et de construire, participant ainsi à un monde nouveau.
Le diable vit à Notting Hill
L’argent ne fait pas le bonheur… même quand on habite sur un square privé de Notting Hill, l’adresse la plus branchée, la plus recherchée, la plus snob de Londres. Prenez Clare et Mimi. Elles ont moins de quarante ans, sont mariées, copines, voisines, mènent une existence de rêve. Jusqu’au jour où débarque un milliardaire américain, célibataire et démon tentateur. Le ver est dans la pomme. Chassés croisés amoureux et intrigues immobilières se succèdent sur la verte pelouse. Ce coin de paradis si cher payé se révèle infernal. Notting Hill ? Notting Hell plutôt ! La tranquillité des beautiful people vole en éclats. Et le lecteur, lui, éclate de rire. Comédie de mœurs dans un jardin anglais, Le Diable vit à Notting Hill est un roman hilarant. Son auteur, Rachel Johnson, journaliste et sœur du maire de Londres, connaît son square sur le bout de la plume. Elle y a vécu pendant des années avant de le fuir…
Frontières
Quand Sarah, l’infirmière, et Marc, le cadre supérieur, partent comme volontaires humanitaires en Afrique centrale, ils sont heureux et fiers d’avoir été recrutés par l’une des plus grandes ONG du monde occidental : enfin, ils vont pouvoir s’attaquer aux souffrances de l’humanité. Sur place, leur action se révèle difficile, harassante, dangereuse aussi. Ils découvrent une réalité où l’héroïsme quotidien se mêle au gaspillage et au mensonge. Sans en référer à Paris, l’équipe prend le risque de monter une expédition dans les provinces rebelles. Alors que le conflit s’embrase, les volontaires français se retrouvent pris au piège, livrés au chaos d’une guerre civile. Bientôt, la frontière se brouille entre le bien et le mal ; entre les victimes et les bourreaux, entre les humanitaires et les autres. Ni Sarah ni Marc n’en sortiront indemnes. Épopée d’une mission dans une Afrique en crise, Frontières pulvérise par la réalité brûlante d’une fiction cette confortable illusion : l’Humanitaire.
Modern style
À la veille de la guerre de 14, deux jeunes filles de Saumur s’enfuient à Paris et deviennent des » cocottes « . La première femme, la blonde, la superbe Soyeuse, intrigue et fascine les hommes, parmi lesquels Steve, un jeune Américain qui s’éprend follement d’elle malgré ses trahisons. Grâce à leurs protections, les deux femmes poursuivent pendant la guerre cette vie de luxe et de plaisirs jusqu’à l’étrange nuit de 1917 où Soyeuse meurt mystérieusement. Quelques années plus tard, dans le Paris des années 20, Steve, revenu des Etats-Unis, cherche encore Soyeuse à travers Lili, son amie et son double, devenue une star du cinéma muet. D’aventure en aventure, il reconstitue le passé, prend le poids des êtres et des sentiments et devient un homme au milieu des bouleversements qui ont secoué le monde depuis la première guerre mondiale. De Paris à Deauville, des quais de Venise à Long Island, dans les thés-tangos ou chez Maxim’s, les cocottes deviennent des vamps, les femmes en corset se transforment en garçonnes sans jupon. Et derrière le regard que les hommes portent sur elles, une question les poursuit : qui était la célèbre Soyeuse ? Et maintenant qui est Lili ?
Le Sari rouge
Yalini a vingt-deux ans. Elle est la fille unique d’immigrants tamouls déchirés entre leurs coutumes ancestrales et le monde moderne où ils évoluent à présent. Après l’arrivée au Canada d’un oncle, ancien militant des Tigres, atteint d’un cancer, Yalini exhume le passé de sa famille et découvre le chaos qui règne au Sri Lanka, déchiré par la guerre civile depuis plus de vingt ans. Dans l’histoire tourmentée et passionnée de ses parents, elle trouve un écho à ses doutes, à ses interrogations sur l’amour, le mariage, l’avenir.
Un premier roman bouleversant, écrit dans un style à la fois dépouillé et lyrique, où la réalité se révèle par fragments et dont les personnages attachants, héroïques, aveuglés ou lucides sont les témoins d’une situation tragique et cherchent à se forger une nouvelle identité.
La terre des mensonges
Après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor, l’aîné, se consacre à l’élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s’annoncent mouvementées : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l’héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret.
Comme Christophe Colomb, Dona Isabel Barreto rêva de repousser les limites des mondes connus. Admirée – haïe aussi -, elle devint, au temps des conquistadors, la première et la seule femme amirale de la flotte espagnole. En 1595, elle part de Lima avec quatre galions en quête du cinquième continent : l’Australie. Elle traverse le Pacifique, couvrant près de la moitié du globe sur une route maritime inexplorée. Au fil de ses découvertes, elle va devoir affronter la violence et tenir tête à la mort. Elle aimera follement deux hommes qui partageront son ambition. Mais pour survivre, elle accomplira des actes qu’elle-même ne pourra se pardonner… Connue pour la rigueur de ses enquêtes, Alexandra Lapierre a suivi sa trace dans les bibliothèques d’Europe et d’Amérique du Sud, traquant de Lima à Séville tous les témoignages de cette existence passionnée. Par le souffle et la vivacité de son écriture, elle brosse de cette femme qui osa l’impossible un portrait baroque et puissant, à la mesure d’un destin sans égal.
Blanche
Emilie et sa famille sont de retour à Sainte-Tite. Blanche, la plus jeune de ses filles, rêve du monde médical. Elle va quitter sa province natale pour Montréal afin de suivre des études d’infirmière. Après quelques années, la grande ville lui devient insupportable. Elle décide soudain de partir en Abitibi, un territoire immense et sauvage. Pendant trois années elle va vivre l’existence exaltante d’une pionnière, seule au fond des bois, visitant ses malades tantôt en sulky, tantôt en traîneau tiré par des chiens. Mais, prise dans la tourmente d’éléments qu’elle ne pourra contrôler, Blanche accepte un autre défi, le mariage. Elle pense avoir trouvé le bonheur. Mais rien n’est jamais définitivement gagné.
Comme si de rien n’était
Marie Cardinal impose ici un procédé littéraire qui épouse – et traduit – avec brio l’ère du zapping. Sans rien perdre de son acuité visuelle ni de son extrême sensibilité, ce roman mêle, en finesse, petites vies et grands destins, recettes de cuisinese et confidences, parlotes et discours, au rythime endiablé d’un vidéo-clip. De courtes scènes en instantanés, c’est toute une époque qui défile : celle de Mimi et Solnge, mais aussi celle des Ceaucescu. Les amours meurent, un mur tombe ; l’automne vient, un cimetière est profané. Année 90 : des histoires dans l’Histoire. Toutes passionnantes.
Les grands désordres
Pourquoi Elsa Labbé a-t-elle, soudain, choisi de raconter sa vie à un inconnu ? Que s’est-il donc passé dans son existence quotidienne, dans sa mémoire, pour qu’elle éprouve ainsi le besoin d’en bouleverser l’équilibre? Tout semblait pourtant en paix, dans le destin de cette femme de quarante-huit ans: son métier de psychologue la passionne; elle adore sa fille; elle ne doute pas, de surcroît, que le savoir puisse résoudre la plupart des désarrois qui risquent, à l’occasion, de tourmenter l’ordre d’une vie. Elsa va découvrir; à la fin d’un été, que sa fille se drogue, qu’elle est presque perdue – mais est-ce la véritable raison de son trouble? On pourrait aussi penser que cette femme, solidement installée dans ses certitudes, n’est pas de celles qui s’effondrent par hasard – mais c’est cela qui va, d’un seul coup, la surprendre. Bientôt, Elsa sera précipitée contre elle-même, contre un passé négligé et qui, sans prévenir, se venge. Dépression ? Mélancolie ? Dans ces cas-là, il vaut mieux regarder l’illusion en face, se battre contre soi, en pleine nuit. Dans cette aventure, Elsa rencontrera des complices et des fantômes. Elle apprendra que la passion et l’émotion ne se laissent jamais soumettre. Elle apprendra, surtout, qu’il faut parfois consentir à leurs débordements, à leurs grands désordres, afin de s’accepter, dans la douleur des renaissances, telle qu’on est.
La porte au fond
De médecine contre mon père, il n’y avait qu’une. Le moyen était mon seul problème. Une piqûre avec de l’air dans la seringue – mais je ne sais pas faire des piqûres. La sarbacane avec fléchettes au curare – où est le curare ? La mort-aux-rats – c’est long, et ils se font tous prendre. Etouffage sous oreiller – pas encore assez de muscles. Le chandelier de bronze – faudrait que je monte sur une chaise et ça gâterait l’effet de surprise. Brûler des cierges ? – Dieu (le Père !) ne va pas m’exaucer. Action kamikaze ? Il avait un revolver, caché. Il le produisait dans les scènes de ménage, pour menacer de « se supprimer », citation. Tandis que derrière la porte je priais ardemment : « Fais-le ! oh, fais-le ! » Mais non. Jamais. Ouais. Le kamikaze c’est le seul truc vraiment sûr. Suffisait de mettre la main sur le revolver, après je ne le louperais pas. Je profiterais qu’il est tout près. Mais, il y a un os : on veut vivre, nom de Dieu ! et libre ! c’est même toute la question. Bien plus j’estimais que, dans la circonstance, c’était un devoir. La survie passe avant les sentiments. « On verra l’enfant rêveuse prise dans les noeuds multiples des pouvoirs paternels ordinaires. Se battant avec les armes de ceux qui n’en ont pas. Racontant, au passé présent futur, l’histoire de ses défaites (« Le combat a duré sept années. J’en ai perdu chaque bataille. Mais pas la guerre »). Et parvenant, au terme d’un itinéraire quelque peu délinquant, à la conclusion illuminante : « Le malheur, ce n’est pas le sexe. Le malheur c’est le Patron. »
La maladie de Sachs
Alors ça fait mal là, et puis là ça tire, et quand je fais ça j’ai comme une douleur de l’autre côté, alors vous comprenez, Docteur, j’ai préféré vous appeler pour vous en parler, des fois que… Tu les écoutes dix fois, cent fois de suite. Tu as de la patience, docteur Sachs, tu rassures toutes leurs angoisses, tu écoutes leurs mots pour mieux soigner leurs maux. À toi, on peut tout dire, d’ailleurs on te dit tout. Et tout ce qu’on te dit, tu en feras un roman : parce que tu ne peux pas tout garder pour toi, parce que toi aussi, tu as des maux à dire. C’est ça, La Maladie de Sachs : une succession de récits apparemment anodins, qui se rejoignent, se complètent et finissent par trouver un sens : l’histoire d’une vocation mêlée à un trop-plein de sentiments. Roman singulier, roman exceptionnel : l’ouvrage de Martin Winckler rencontra un accueil enthousiaste et reçut le prix du Livre Inter 1999, avant qu’Albert Dupontel ne vienne incarner le docteur Sachs dans l’adaptation cinématographique de Michel Deville : La maladie de sachs.
Grimbosq
En 1721, l’architecte français Étienne Grimbosq quitte Paris en toute hâte. Pierre le Grand l’a chargé d’édifier à Saint-Pétersbourg le palais de son chambellan. Grimbosq, tout à la joie de la tâche à accomplir, est à mille lieues de pressentir le monde étrange et sauvage qui l’attend. Saint-Pétersbourg… une ville naissante, où des façades à l’italienne dressent leurs portiques au-dessus de marécages, où des serfs peinent et meurent sur des chantiers noyés de brouillard. Pierre le Grand un géant brutal, ivrogne, mais subtil politique, un tyran aux élans généreux. Étienne Grimbosq et sa femme, la fragile Adrienne, vont se trouver bientôt pris dans un réseau d’intrigues de cour, contraints de participer à des fêtes extravagantes où leur amour risque de sombrer. Possédé par sa passion de construire, Grimbosq semble inconscient des dangers qui le guettent.
Les Enfants de la Terre (en anglais : Earth’s Children) est une série romanesque en six volumes de Jean M. Auel, qui met en scène la vie quotidienne des êtres humains durant la Préhistoire. Elle a été publiée entre 1980 et 2011.
L’action se déroule sur le continent européen, 30 000 ans avant notre ère, au cours de la dernière période glaciaire. L’homme de Cro-Magnon ou Homo sapiens cohabite avec l’homme de Néandertal et la fiction est donc une contraction entre la fin du Moustérien, l’Aurignacien et le début du Gravettien. Elle met en scène Ayla, une jeune Homo sapiens élevée par des néandertaliens, qui fait preuve à la fois d’ingéniosité, de tolérance et de soif de vivre.
Le Périple de Doniate d’Ayla la jeune Cro-Magnon continue. Son initiation aux secrets des shamans et le statut de Zelandoni auquel elle aspire sont exigeants, peu compatibles avec une deuxième grossesse et une vraie vie de couple. L’épreuve qu’elle va traverser avec son compagnon Jondalar transformera profondément la jeune femme et bouleversera les fondements mêmes de la tribu de la Neuvième Caverne.
De plume et d’épée (roman Louis XIII)
Le jeune Arnaud d’ Espalungue – gentilhomme béarnais tiraillé, comme feu Henri IV, entre deux religions – » monte » à Paris chercher gloire et fortune alors que Richelieu et le père Joseph, son Eminence grise, gouvernent contre vents et marées une France exsangue et misérable. Parcours ardu, où notre héros, de duel en duel, tantôt trompé, tantôt trompeur, devra se frayer périlleusement son chemin entre des ambitions opposées : celles du grand Cardinal, qui rêve d’ abaisser les Habsbourg à n’importe quel prix, celles de la belle Anne d’ Autriche, alors espagnol de coeur, celles du roi Louis XIII, peu porté sur les femmes, mais obsédé par le désir d’ avoir enfin un héritier, celles des jésuites ondoyants, des jansénistes rigoureux ou des comploteurs incorrigibles… D’ Artagnan, Aramis et Porthos, personnages beaucoup plus historiques qu’ on ne croit, des amours de tête et d’ oreiller, une touchante nonne alsacienne sauvée in extrémis du lupanar, jouent leur rôle dans ces multiples aventures, et le Masque de fer lui-même, dernière surprise, est discrètement au rendez-vous.
L’année du certif
Jamais les écoliers cévenols ne travaillèrent autant qu’en 1935. Seule la voix des maîtres expliquant des règles de calcul ou d’orthographe interrompait la course des plumes sur les cahiers. C’était l’année du certificat. Les instituteurs s’affrontaient pour le prix cantonal. Cette année-la fut vraiment riche en événements et en péripéties ! Lorsqu’ils avaient un peu de liberté, les élèves battaient la campagne, tentant de débusquer les « amants » et « les femmes fatales », héros de leurs lectures clandestines. Mais ce que personne n’ a oublié, c’est le drame qui s’est noué le jour de la fête des écoles lorsqu’un candidat a affirmé que l’un de ses camarades avait été payé pour rater certaines épreuves. Un roman vivant et chaleureux comme la mémoire collective. En annexe, des textes qui ont enchanté des générations d’écoliers, quelques épreuves de certificat d’études: problèmes de robinets – avec leurs solutions… De quoi raviver bien des souvenirs. « Écrivain de métier, paysan de cœur », comme il se présente lui-même, Michel Jeury partage son inspiration entre le Périgord qu’il a quitté en 1987 et les Cévennes où il s’est installé depuis.
L’adoration perpétuelle
Voici l’homme autour de la quarantaine. En » cet âge ingrat, qui réduit souvent au désarroi les êtres vulnérables « , le narrateur se voit dévoré par une meute de tentations à la fois pathétiques et incompatibles. La tentation de l’adultère, la tentation de la vie mondaine ou de la gloire, le héros semble d’abord les repousser au profit d’une vie familiale. Mais il ne traverse cette étape que pour subir la tentation du luxe, et celle du parricide. Chacune est si vive qu’on ne sait plus si en fin de compte Guillet l’écarte et y résiste ou bien s’il y succombe. Viennent alors la tentation de la vie monastique, et puis celle du suicide. Entre tant de routes, laquelle choisira-t-il demain ? Il ne cesse d’osciller de l’une à l’autre, et toutes l’appellent avec une égale ferveur. Au long d’un itinéraire aussi imprévu, le narrateur, hors d’haleine, poursuit la quête d’un salut : il cultive une adoration perpétuelle pour sa propre existence et pour l’œuvre d’art en laquelle il s’efforce de la transfigurer.
Les héritières de Bella Vista
Alors que se dessine devant elle le splendide domaine de Bella Vista en Californie, Tess, avec un sentiment de vertige et d’irréalité, repense aux événements qui l’ont menée jusqu’ici. Que de choses se sont passées en si peu de temps. D’abord sa rencontre avec le banquier Dominic Rossi, venu la trouver à San Francisco pour lui annoncer qu’elle était la cohéritière de Bella Vista. Puis la découverte d’une famille paternelle —et surtout d’une demi-soeur, Isabel dont elle ignorait tout jusqu’à ce jour. Autant de révélations incroyables qui bouleversent sa vie. Autant de secrets qu’il lui faut désormais à tout prix déchiffrer. En dépit des mille questions qui la hantent, Tess sent peu à peu un sentiment d’appartenance l’envahir, comme si elle était, au bout du compte, vraiment chez elle. Un sentiment étrange et bouleversant qui doit beaucoup à la présence bienveillante, rayonnante d’Isabel, cette jeune femme dont elle se sent si différente et si proche à la fois. Alors, en comprenant que le domaine est menacé de faillite, Tess décide de se battre au côté de sa demi-soeur pour le sauver.
Un cœur en flammes
Sauter en parachute au beau milieu d’un feu de forêt ne fait pas peur à Rowan. Car son métier, c’est de combattre les flammes. Pourtant, depuis la mort de son coéquipier lors d’un incendie l’été précédent, elle fait des cauchemars toutes les nuits. Mais pas question d’abandonner sa vocation, même quand elle reçoit des lettres anonymes l’accusant d’avoir précipité son collègue dans les flammes, même quand les soupçons ternissent la solidarité des pompiers qui l’entourent. Certes, le beau Gull aimerait bien la consoler, toutefois Rowan a une règle d’or : ne jamais mélanger le cœur et le travail. Avec les menaces qui se précisent, avec le danger constant qui plane sur chacune de ses missions, une simple erreur peut très vite devenir fatale.
La promesse de Noel
Après quelques années passées à enseigner à Baltimore, Shane Abbott est de retour à Sharpsburg, le village de montagne où elle est née, pour réaliser son rêve de toujours : restaurer la maison familiale et la transformer en boutique d’antiquités. Pour redonner vie à cette demeure qu’elle adore, Shane recrute Vance Banning, un menuisier qui vient de s’installer dans la région et dont elle ignore tout. Dès le premier instant, une irrésistible attirance entraîne Shane vers cet homme mystérieux au regard tourmenté. Mais elle est tenue à distance par Vance qui semble n’aspirer qu’à la tranquillité et au silence, loin de toute présence féminine. Partagée entre l’intensité de son désir et la peur de souffrir, Shane savoure la complicité qui s’instaure malgré tout lentement entre eux. Jusqu’au jour où, aspirée par le feu ardent de la passion, elle devient sa maîtresse. Mais pourra-t-elle véritablement, au-delà des étreintes enflammées, s’immiscer dans ce coeur meurtri et panser les blessures secrètes de Vance ? Pourra-t-elle le convaincre qu’à l’approche de Noël, un amour authentique et sincère est la plus merveilleuse des promesses ?
Savrola
Seul roman écrit par Winston Churchill
Avant de devenir une république stable, la Lauranie, contrée fictive baignée par la Méditerranée, a subi le joug du néfaste général Antonio Molara, parvenu au pouvoir vers 1883.
Ce récit est la chronique des ultimes moments de son règne. Des tensions politiques croissantes entraînent le pays dans une guerre civile destructrice entre partisans du régime et les révolutionnaires du parti populaire. À travers le personnage de Savrola, jeune militant fougueux engagé contre la dictature, Churchill fustige le goût démesuré du pouvoir, ennemi de la légitimité et de la liberté. À l’heure de la victoire, Savrola sera trahi par le peuple, avant que celui-ci ne fasse de nouveau appel à cet homme providentiel. De retour dans sa patrie apaisée, tel Ulysse à Ithaque, mais sans vengeance au coeur, le noble Savrola pourra méditer la pensée de Gibbons, que « l’histoire n’est autre chose que le registre des crimes, des folies et des infortunes de l’espèce humaine »… Fable politique sur la vanité du pouvoir, animée par un idéal de paix et de prospérité, mais aussi d’agnosticisme, Savrola, que Churchill écrivit en 1897, à 23 ans, dans le Makaland pakistanais, est une curiosité, introuvable en français depuis sa parution en 1948. C’est aussi un roman à clé, où plusieurs proches du jeune Churchill seraient représentés.
L’énigme des Blancs-Manteaux
Paris, janvier 1761. Nicolas Le Floch, un jeune homme natif de Guérande, débarque dans la capitale, écarté de sa Bretagne par son tuteur. Après un passage au couvent des Carmes, le jeune Le Floch va apprendre le métier de policier sous la houlette de M. de Sartine, le lieutenant général de police de Louis XV, chargé des affaires spéciales. Le Floch va devoir faire très vite ses preuves et apprendre le prix du silence et du secret. Sa première enquête criminelle va le plonger dans le monde interlope de la corruption, du jeu, des intrigues crapuleuses et d’une conspiration contre la vie du roi. Encore un excellent policier historique, dans cette collection Grands Détectives. Fin gourmet, rusé, intelligent, on a dit de ce Le Floch qu’il était une sorte de Maigret du XVIIIe siècle. La comparaison est assez juste. Si l’intrigue est somme toute classique, la reconstitution historique est fascinante : on se retrouve vraiment dans le Paris d’époque et accessoirement, on croise des personnages célèbres comme la marquise de Pompadour. On peut retrouver le jeune policier dans L’Homme au ventre de plomb, sa seconde enquête qui se déroule à la fin de cette même année 1761. Bruno Ménard
Camille, mon envolée
Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard « franc, droit, lumineux », les moments de complicité, les engueulades, les fous rires; l’après, le vide, l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes.
Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où l’agencement des mots tient lieu de programme de survie: « la fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore, radieuses, contempler le monde ».
« Dans les jours d’après, nous distribuerons tes soixante-dix-sept peluches, une par une ou deux par deux, à des fossés dans les campagnes, à des clairières, à des rochers. C’est joli, ces ours, ces lapins, ces petits chats abandonnés sur les tapis de mousse, prenant la pluie sous les marguerites. »
La Blonde est un être à part. Premier principe : elle le sait Deuxième principe : si tu sais cela, tu sais tout, frère. Je l’analyse minutieusement parce qu’elle est un des phantasmes les plus puissants de l’Amérique. Quelque chose qui se trouve au cœur de nos rêves les plus fous. Cet objet du désir reste quand même l’être le plus proche de la lumière. Cette lumière qui semble l’éclairer de l’intérieur. La peau diaphane. L’odeur du lait de vache. C’est ce qui attire le Nègre (l’odeur du lait). Pour ma part, je dirais que ce genre de femme (blonde, jambes longues et fines et sourire légèrement méprisant) constitue l’échec personnel de ma vie. Après le succès mondial de son premier roman, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Dany Laferrière, héros de son » Autobiographie américaine » sillonne les routes de l’Amérique pour les besoins d’un reportage. Avalant des kilomètres d’autoroutes, des hectolitres de Coca, assis sur des sièges d’autocars, des banquettes de taxis, des bancs publics, à la terrasse des fast-foods ; pénétrant les foyers des Américains moyens, les campus des universités pour gosses de riches, traversant les ghettos noirs et les banlieues dorées, notre héros rapporte de ce périple foison d’anecdotes, de dialogues savoureux, de récits de rencontres, de références littéraires, d’évocations de souvenirs et met à l’épreuve à chaque coin de rue la réalité des mythes américains. Comment ça, le rêve américain ne serait pas pour tous ? A en croire l’œil sombre que la Blonde – mythe entre tous – jette au jeune Nègre qui l’aborde avec un inoffensif fruit, il y a peut-être de quoi douter un peu.
Bleubite
Nous sommes en septembre I944. Une époque où tout était possible. Fleur au fusil, le héros de ce livre, surnommé Bleubite à cause de sa jeunesse et de son inexpérience, s’engage pour la Libération, la revanche bouter le Teuton définitivement hors de France. Il va rejoindre le corps franc Trompe-la-mort en Lorraine où l’ennemi a réussi à contenir l’avance américaine. Seulement il se trouve, par hasard, embarqué dans une drôle de II CV-galère avec deux étranges combattants de l’ombre. Il va vivre, alors, une incroyable odyssée faire d’hallucinantes. rencontres plu-sieurs fois la mort, la pendaison… sombrer dans le délire. Avec une sorte d’allégresse toutefois. De la lecture somme toute gaillarde une éducation truande au cours d’une promenade guerrière.
Sur une île du sud de la Suède au Xe siècle, un homme vit seul à la ferme avec ses deux fils. Le chemin de ceux-ci est tout tracé : naviguer au loin, pour guerroyer au-delà des mers à l’Ouest, ou pour faire commerce sur les voies fluviales de l’Est. De l’autre côté de la Baltique, à Kiev, vivent un marchand de soie et sa famille. Radoslav rêve de devenir soldat, sa sœur Milka est une jeune fille raffinée qui joue avec ses deux esclaves : Petite Marmite et Poisson d’Or. Mais la belle ville d’Orient est sur le point de tomber aux mains des pillards. Milka et Radoslav trouveront refuge auprès de rustres navigateurs venus du Nord. Dès lors le destin des deux familles sera à jamais mêlé.
Scarlett
Publier le roman-fleuve de Margaret Mitchell était déjà une gageure, mais faire d’Autant en emporte le vent un film était pure folie. Des centaines de décors, de costumes et d’acteurs pour un film d’une longueur invraisemblable : un défi qui aurait pu ruiner David O. Selznick, son producteur mégalomane, bien décidé à réussir « le plus grand film de tous les temps ». Par-delà les tractations cocasses, les difficultés d’adaptation et les imprévus en tous genres, une question centrale s’invite au coeur des débats qui agitent les États-Unis : qui pour incarner Scarlett ? Trois années à voir défiler un bal d’actrices parmi les plus célèbres comme des milliers d’inconnues qui participent à ce casting homérique. Trois années où, à l’ombre des paillettes, Hattie McDaniel doit faire accepter à la communauté noire qu’elle préfère jouer le rôle d’une domestique plutôt que d’en être une.
Dans ce roman trépidant, François-Guillaume Lorrain fait revivre les affres, les plaisirs et les jours des protagonistes de cette aventure qui marqua l’âge d’or d’Hollywood : le moralement douteux David O. Selznick, la très obstinée Vivien Leigh, le flegmatique Clark Gable, et Hattie McDaniel, la première interprète noire oscarisée pour le rôle qu’on lui reprochait pourtant d’endosser.
Désolée, je suis attendue
Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d’affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l’adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s’inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu’on lui adresse, elle a simplement l’impression d’avoir fait un autre choix, animée d’une volonté farouche de réussir. Mais le monde qu’elle s’est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé.
J’ai toujours cette musique dans la tete
Yanis et Véra ont la petite quarantaine et tout pour être heureux. Ils s’aiment comme au premier jour et sont les parents de trois magnifiques enfants. Seulement voilà, Yanis, talentueux autodidacte dans le bâtiment, vit de plus en plus mal sa collaboration avec Luc, le frère architecte de Véra, qui est aussi pragmatique et prudent que lui est créatif et entreprenant. La rupture est consommée lorsque Luc refuse LE chantier que Yanis attendait. Poussé par sa femme et financé par Tristan, un client providentiel qui ne jure que par lui, Yanis se lance à son compte, enfin.
Mon doudou divin
Pigiste pour la presse féminine, Wera a épuisé tous les sujets … et son compte en banque. Quant elle tombe sur une petite annonce proposant un stage en spiritualité, elle croit tenir un article en or. La voilà inscrite pour trois semaines d’immersion à La Béatitude en compagnie d’un apprenti gourou et d’une demi-douzaine de stagiaires qui, il faut bien le dire, n’ont pas l’air particulièrement plus illuminés qu’elle. Pour quelle raison sont-ils là ? Ressortiront-ils adeptes d’une nouvelle religion, ou débarrassés de leurs préjugés ? En tout cas tous ― même Wera, cachée derrière son pseudo-cynisme ― sont en quête de sacré.
Dialogues enlevés, portraits aussi vachards que tendres et inoxydable sens de l’humour assurent la réussite de ce roman qui pointe le besoin de sens de notre société contemporaine et illustre quelques-uns des réconforts s’offrant à elle, de la confiance à la tolérance, de la générosité à … la foi, bien sûr.
Une petite ville en Allemagne
1967. La vie politique semble paisible à Bonn. Rien ne prédestinait cette petite ville en Allemagne à devenir une capitale, et encore moins un enjeu mondial de la Guerre froide. Pourtant l’émoi s’empare de l’Ambassade de Grande-Bretagne suite à la disparition d’un collaborateur et de dossiers ultra confidentiels. A l’heure où leur pays négocie son entrée dans le Marché commun, les Allemands ne doivent pas savoir. A aucun prix.
Les Paroissiens de Palente
On n’a jamais fait cela. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un fait. C’est aussi le cri des premiers lecteurs de cet ouvrage. Clavel était allé plusieurs fois aux usines Lip de Palente dans l’intention de ramener, au bout de quelques semaines, une plaquette documentaire sur ce conflit, le plus grave et le plus chargé d’espérance que la France ait connu depuis longtemps. Six mois après, il nous donne une symphonie avec chœurs et orgues, romanesque, mais peut-être plus vraie que la vérité. Ou encore une sorte de cathédrale. Que les définitions approximatives de cette œuvre s’empruntent à l’architecture ou à la musique, c’est signe qu’elle n’a guère de précédent en littérature. On pourrait même penser à un film soviétique de haute époque, si la plupart des animateurs de la lutte et des principaux personnages de l’ouvrage n’étaient des militants chrétiens – auprès de qui l’auteur semble s’être enrichi. Et le peuple est là, lui aussi, non dans son anonymat, mais dans son âme commune et ses personnalités particulières, que la lutte révèle et qui en retour la nourrissent. C’est ce peuple qui donne souvent à ce livre sa dimension de poème épique.
La pissotière
Ez, Reynolds et Jason, trois immigrants jamaïcains, sont » hommes de ménage » dans des Toilettes Messieurs, situées dans le centre de Londres.
L’endroit est fréquenté essentiellement par des homosexuels, qui en ont fait un lieu de rendez-vous très actif. La réputation de l’établissement public se dégrade de jour en jour. Décidant de réagir, la municipalité charge Ez, Reynolds et Jason de se débarrasser des indésirables. Les conséquences seront plutôt inattendues…
Drôle et peu conventionnelle, traversée par des personnages de femmes jouant un rôle capital dans l’histoire, cette fable donne à réfléchir sur toutes les formes de racisme.
» Je ne peux que faire l’éloge de ce livre merveilleusement écrit. » Gay Times.
» Un récit subtil, amusant et discrètement subversif. » Times Literary Supplément.
Rabbit est riche
Comme dans Cœur de lièvre (1960) et dans Rabbit rattrapé (1971), Harry, malgré ses quarante-six ans, s’obstine à courir, non plus après la gloire ni les certitudes précaires de l’amour et du plaisir, mais après les fantômes de sa jeunesse enfuie et des espoirs déçus. Repu et nanti, enlisé dans ses problèmes domestiques, le confort et la respectabilité, il a perdu tout esprit de révolte et se borne à lutter, avec relatif succès, contre l’ennui, la peur de la vieillesse et de la mort. En même temps que ses rêves, s’effrite le rêve d’une Amérique forte, fidèle aux mythes de son passé et de ses valeurs traditionnelles.
Les désaxés
François et Sylvie : un couple. Un couple avec enfants, une fille et un garçon. François et Sylvie vivent ensemble depuis une quinzaine d’années. Ils sont tous les deux cinéastes. Ils s’aiment, ils s’aiment mal mais peut-être s’aimeront-ils toujours de ce même mal ? Sylvie fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique : elle est maniaco-dépressive. François, lui, n’est même pas dépressif, il ne s’aime pas, déprécie son travail, trouve que sa femme a bien plus de talent et de force que lui. Autour de ce couple, avec enfants donc, gravitent des personnages d’un Paris littéraire fraîchement célèbre, où chacun semble jouer sa partition. Chacun pour soi, oui, jamais personne ensemble. François et Sylvie devront-ils se séparer pour apprendre à s’aimer davantage, mieux en tout cas ? Ils sont manifestement les seuls à vivre et à faire ensemble. Au moins ce qu’ils peuvent. Qu’ils fassent ou défassent, l’attachement demeure. Comment se défaire d’un tel amour, voilà sans doute le sujet souterrain du nouveau roman de Christine Angot, Les désaxés, sa vraie nature aussi, et son aspect terriblement universel. Les désaxés, c’est nous tous : tant que nous ne saurons pas vivre, nous ne saurons pas aimer.
Toute la beauté du monde
Au premier regard, Franck a aimé Tina. Il a su qu?elle était désormais sa vie, qu?aucune autre ne pourrait la lui faire oublier. Mais la jeune femme, veuve depuis peu de temps, est bien loin de songer à de nouvelles amours. Alors Franck va attendre, s?efforcer de l?apprivoiser, de lui rouvrir les yeux sur « toute la beauté du monde » et sur la possibilité de vivre et d?aimer à nouveau. A défaut d?être son amant, il va devenir un ami, un confident, un compagnon de voyage, avec l?infini respect de celui qui aime vraiment. De Bali au Midi de la France, Marc Esposito nous offre sans fausse pudeur, dans des pages empreintes de sincérité et d?émotion, quelque chose qui est devenu infiniment rare dans le roman français : une belle, une très belle histoire d?amour.
Le voyage âmes
Coupant en deux la vie du narrateur, il y a, obsédante dans sa mémoire, l’étrave du grand navire qui, à sept ans, l’arracha de la Kabylie de son enfance. Devant lui, une rive étrangère, un père inconnu, une vie de dortoirs sordides, d’humiliations, de froid et de détresse, à peine éclairée par la patiente attention d’une institutrice qui lui fait don des mots. Alors, pour survivre, il faut tout oublier d’avant. Oublier la tante Fatiha qui l’emmenait au hammam, et le trouble que levaient en lui les lourds et voluptueux corps de femmes. Oublier Leïla, la petite fille aux yeux verts dont il était si amoureux, et le berger Azzedine qui charmait les scorpions à l’harmonica. Et surtout, oublier sa grand-mère Houria, Houria la conteuse, la magicienne qui, misérable et sereine, disait haut et clair ce que sont le Bien et le Mal. Mais on ne guérit pas de son enfance. Cette maladie-là, qui hante les fièvres, ne se fuit pas sur une mobylette volée, ou dans l’exaltation rageuse de petits ou grands larcins. Seul le grand deuil des bonheurs perdus permet – peut-être – de devenir un homme.
Un fils en or
Anil est un jeune Indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part faire son internat aux Etats-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d’une union prestigieuse. Or, depuis qu’il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d’un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l’éloigner, en la mariant au plus vite. Les destins croisés d’Anil et de Leena forment la trame de ce roman, lui en Amérique, qui est loin d’être le paradis dont il rêvait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. Ils se reverront un jour, chacun prêt à prendre sa vie en main. Mais auront-ils droit au bonheur ?
Le cœur converti
A la fin du XIe siècle, la jeune Vigdis, issue d’une puissante famille de Rouen, se convertit au judaïsme par amour pour David, le fils du grand rabbin de Narbonne. Le couple se réfugie à Monieux où il a trois enfants et mène une vie paisible. Mais les croisés font halte dans le bourg, tuent David et enlèvent les deux aînés. Vigdis, restée seule avec son bébé, part à la recherche de ses enfants.
Fugitive parce que reine
« Maman était une force de la nature et elle avait une patience très limitée pour les jérémiades de gamines douillettes. Nos plaies, elle les désinfectait à l’alcool à 90°, le Mercurochrome apparemment était pour les enfants gâtés. Et puis il y avait l’éther, dans ce flacon d’un bleu céruléen comme la sphère vespérale. Cette couleur était la sienne, cette profondeur du bleu sombre où se perd le coup de poing lancé contre Dieu. » Ce premier roman raconte l’amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l’écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d’une femme, une femme avant tout, qui n’a jamais cessé d’affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.
On s’y fera
A travers le destin d’Arezou, une femme iranienne, active et divorcée, écartelée entre sa mère et sa fille, trois générations s’affrontent dans un monde où règnent depuis longtemps les interdits et le non-dit. On la suit au bord du rire ou des larmes, espérant avec elle profiter enfin d’une certaine beauté de la vie. Dans un roman d’une richesse et d’une vigueur exceptionnelles, Zoyâ Pirzâd brosse à la fois le portrait d’une société pleine de contradictions et celui d’une femme passionnante, aussi drôle et attachante qu’une héroïne de Jane Austen.
L’écho du doute
Qui mieux qu’une mère, est capable de reconnaître son enfant ? À Londres, Dan part en classe comme tous les matins. Le soir, il ne rentre pas. Est-ce la fugue d’un adolescent en réaction contre son beau-père ? A-t’il été enlevé ? L’enquête ne fournira aucune réponse, ni les semaines ni les mois suivants. Trois ans ont passé. La mère de Dan, Annie, refuse toujours de renoncer à attendre le retour de son fils… quand enfin, elle reçoit le coup de fil tant espéré. le mystère de la disparition de Dan ne fait que commencer.
Le goût âpre des kakis
Romancière, traductrice (« Alice au pays des merveilles », poésie japonaise…), nouvelliste hors pair, Zoyâ Pirzâd, née en 1952, fait partie des auteurs iraniens qui font sortir l'écriture persane de ses frontières et l'ouvrent sur le monde. Dans « le Goût âpre des kakis », Zoyâ Pirzâd explore avec subtilité, lucidité, tendresse et une certaine nostalgie les chassés-croisés de la vie amoureuse. Une quête que l'on retrouve et qu'on a déjà pû apprécier dans les nouvelles de « Comme tous les après-midi » ou dans « On s'y fera ».
L’invaincu
Mais c’était cela : avant même que l’on découvrît le moyen de les écrire, des vieillards avaient fait à des jeunes gens et à des enfants des récits de guerre et de batailles : et quel rigoriste pointilleux y avait-il là, alors, pour ergoter sur le lieu ou la date ? qui se souciait de poser des questions : « Allons, vieux, dites la vérité ; avez-vous vu cela ? Y étiez-vous réellement ? » Car toutes les guerres se ressemblent : la même poudre détonante quand il y eut de la poudre, le même coup d’estoc et la même parade, avant qu’elle n’existât : les mêmes contes, les mêmes récits, le même que la dernière ou que la prochaine fois. Nous savions donc qu’il y avait une guerre.
Bon sang de bonsoir
Vingt-quatre heures de la vie d’un noir américain, au début de la présidence de Roosevelt. Vingt-quatre heures terribles. Jake, ne pouvant supporter les contraintes qui lui sont infligées, n’ayant pas moyen de les briser, en est réduit à se détruire et à détruire ses proches. Violent, tyrannique, brutalisant sa femme, organisant l’enfer à deux, il court à sa perte. Vingt-quatre heures : une journée qui débute par un cauchemar et s’achève dans l’épouvante.