En mon absence
En 1968, à Boston, la vie bohème de Jo Becker connaît un tournant brutal lorsqu’on découvre une de ses amies sauvagement assassinée dans la maison qu’elles partageaient avec toute une bande d’étudiants. Trente ans après, Jo semble avoir tout réussi : son métier de vétérinaire qu’elle adore, son mariage et ses trois grandes filles. Mais elle garde une certaine nostalgie de sa jeunesse. Lorsque Eli, l’un de ses anciens colocataires, s’installe à proximité, dans sa petite ville, sa vie bascule à nouveau. Jo renouera-t-elle avec Eli une trouble relation, qui la ramènera à l’époque la plus sombre de son existence, au risque de mettre en péril tout ce qui lui est cher ? Tout en subtilité et en émotion, le roman de Sue Miller, que l’on compare souvent à Joanna Trollope, raconte avec bonheur les secrets de jeunesse, les fidélités de la maturité et les choix indispensables qui jalonnent l’existence de toute femme amoureuse de la vie. Sue Miller est l’auteur d’une oeuvre féconde, dont Une mère sans reproche. Elle vit aujourd’hui à Boston.
Animal tropical
Agneta, une sage organisatrice de colloques littéraires en Suède, bombarde le narrateur de coups de téléphone, le presse de venir et se montre de plus en suggestive. Le romancier, pour sa part, est engagé jusqu’au cou dans une passion torride avec une voisine métisse, moitié sado-maso, moitié mac-pute, moitié amour fou. Il finit par décrocher son visa pour la Suède, ce qui nous vaut un livre dans le livre, le récit loufoquissime d’un Cubain dans la banlieue de Stockholm, d’un latin lover obsédé par le thermomètre sur le balcon, révulsé par le saumon froid et le thé à toute heure, décidé à initier sexuellement son amphitryonne et protectrice, dégoûté par les obsessions suicidaires et hygiénistes de l’Occident puritain, et qui finira par repartir à toutes jambes vers sa Gloria, sa putain mulâtresse, femme puissance cent, la vraie gloire. Deux portraits formidables de femmes, archétypiques certes (La Suédoise, La Cubaine) mais qui ne basculent jamais dans la caricature ou l’exotisme facile. Agneta et Gloria sont aussi horripilantes et sublimes l’une que l’autre, à leur manière, et Gutiérrez l’écrivain fait des étincelles dans les dialogues avec ces deux « nanas » si opposées et si femmes.
Survivre
Ils sont cinq. Trois adolescents et deux enfants. Depuis que tous les adultes ont brutalement disparu, ils sont livrés à eux-mêmes dans un monde en proie au chaos. Ils ont décidé de partir. Sur leur route : des barrages, des bandes armées, des loups. Leur seul objectif : survivre. Et vous, que feriez-vous si votre vie basculait en quelques secondes ?
Le képi
Colette avait vingt-deux ans quand, par l’entremise d’un ami, elle fit connaissance de l’héroïne du Képi qui avait le double de son âge, Marco. Par jeu, les trois amis répondirent à un jeune lieutenant qui cherchait une correspondante. Par jeu encore, ils expédièrent la meilleure lettre, celle de Marco. Ainsi a commencé cette histoire d’amour qui bute sur un képi. C’est aussi un souvenir de ce temps d’arrière-saison que Colette relate dans le récit intitulé le Tendron. Les rôles, cette fois, sont inversés. Et c’est l’homme mûr qui se pique le cœur au fruit vert trouvé dans la splendeur de la Franche-Comté. Souvenir toujours, mais rattaché à sa propre jeunesse, que l’aventure horrifique de La Cire verte. Et Armande, conte heureux d’amours timides sauvées par la chute d’un lustre, complète ce quatuor de nouvelles dont le style limpide est un modèle de charme et de perfection.
Une histoire de sable
Quoi de plus déprimant que de passer des vacances d’hiver dans une petite station balnéaire sinistre… avec ses deux parents plantés devant leurs ordinateurs pour cause de travail ? En traînant dans les rues désertes, Jeanne fait la rencontre de deux frères vraiment bizarres, habillés façon années 1980, plantés en permanence devant une maison abandonnée… Un roman fantastique émouvant, pour les jeunes ados.
Mon désir le plus ardent
Vendu sans bandeau – Maddy s’était juré de ne jamais sortir avec un garçon du même âge qu’elle, encore moins avec un guide de rivière. Mais voilà Dalt, et il est parfait. À vingt ans, Maddy et Dalt s’embarquent dans une histoire d’amour qui durera toute leur vie. Mariés sur les berges de la Buffalo Fork, dans le Wyoming, devenus tous deux guides de pêche, ils vivent leur passion à cent à l’heure et fondent leur entreprise de rafting dans l’Oregon. Mais lorsque Maddy, frappée de vertiges, apprend qu’elle est enceinte et se voit en même temps diagnostiquer une sclérose en plaques, le couple se rend compte que l’aventure ne fait que commencer. « Mon désir le plus ardent » est le portrait d’un couple ancré dans le temps présent qui affronte avec courage et humour les épreuves de la vie. Avec sa voix pleine d’énergie, tout à la fois drôle et romantique, Pete Fromm nous offre une histoire d’amour inoubliable.
Le pouvoir
Et si les femmes prenaient enfin le pouvoir dans le monde entier ? Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu’elles détiennent le « pouvoir ». Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante. Et même la mort. Soudain, les hommes comprennent qu’ils deviennent le « sexe faible ». Mais jusqu’où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ? « Électrisant ! Choquant ! Décoiffant ! Vous ne regarderez plus jamais les choses de la même façon ! » Margaret Atwood, autrice de La Servante écarlate. « Mettre en lumière les travers des humains et continuer d’éveiller les consciences : c’est là que réside le pouvoir de ce livre. » Aurélie Janssens, librairie Page et Plume, Limoges « Une écriture électrique. Un rythme endiablé. Si le pouvoir change de camp, pour le meilleur comme pour le pire, ne passez pas à côté : Lisez ce livre ! » Charlotte Desmousseaux, librairie La vie devant soi, Nantes.
Qu’elles soient nées dans la pauvreté ou dans l’aisance, qu’elles aient vu le jour en Égypte ou au Maroc, en Syrie ou à Constantinople, à toutes les époques, des femmes d’Orient ont su forcer le destin et se hisser, envers et contre tous, vers les étoiles. Qu’il s’agisse de l’inoubliable Oum Kalsoum, « La voix des Arabes », de La Kahina, la farouche guerrière, de Hoda Shaarawi, féministe avant l’heure, de Hatshepsout, l’unique reine-pharaon, de Zénobie, la reine de Palmyre, ou encore d’Aïcha, l’épouse préférée du Prophète, toutes, à leur manière, ont laissé une empreinte indélébile dans le grand livre de l’Histoire humaine. Gilbert Sinoué, né en Égypte en 1942, est l’auteur de nombreux romans, essais et biographies, parmi lesquels Erevan, Moi, Jésus, l’épopée du Moyen-Orient Inch’Allah et L’homme qui regardait la nuit.
Sale gosse
Nés sous la mauvaise étoile. Louise est bien jeune lorsqu’on lui retire la garde de son bébé, Wilfried. Le garçon est placé dans une famille d’accueil. Elle vient le voir. Mais bientôt ses visites s’espacent. Des mères comme Louise, ils en rencontrent tous les jours. Le service de protection judiciaire de la jeunesse voit défiler les destins brisés de ceux qui, plus fragiles que d’autres, sont à la marge de la société. Lorsqu’ils recueillent Wilfried, ils ne savent pas encore qu’ils le reverront quelques années plus tard. Sale gosse nous entraîne dans le quotidien de ces héros ordinaires. Qui, à grand renfort de courage, tentent le tout pour le tout pour sauver ce qui peut encore l’être.
Le patron
Dans le monde plutôt confiné de la littérature moderne, tout absorbée par la peinture de l’univers intérieur, le nouveau livre de Marcel Haedrich apporte une bouffée d’air frais. Roman d’action et de mouvement, tout à fait classique en son genre, avec un héros, des personnages, une intrigue bien nouée et la bonne peinture réaliste d’une époque : l’occupation et la libération à Lyon. La Rose et les Soldats paru en 1961 avait déjà très honorablement tenu ce rôle. C’était une chronique vive, ramassée, captivante de l’année 1940. Marc Waerlé, un jeune Alsacien qui avait échappé aux geôles allemandes en jouant de ses origines, y tenait le devant de la scène. Nous le retrouvons dans le Patron, qui, en dépit de son titre, continue à être d’abord la fresque des années sombres et la » geste » de Marc. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ». Celui-ci, passé en zone libre, entre en relation avec le gros industriel Louis Barrère. Il travaille à Lyon dans une de ses entreprises, est admis dans son cercle familial, voit de près le Titan qu’il admire. Réduit à son intrigue, ce livre peut apparaître comme un roman naïf et bien pensant : celui d’un jeune homme pauvre qui aime son patron et qui le sauve. Louis Barrère, préoccupé avant tout du destin de ses usines, a travaillé pour les Allemands, tout en cotisant pour la Résistance. A la libération, il manque d’être victime de la colère populaire. Marc, revenu à Lyon comme officier des Forces françaises libres, l’arrache à la haine d’un ancien employé qui se venge, et le ramène à Paris au cours d’une anabase héroïque. Le livre s’achève au moment où le vieux lion, momentanément vaincu, commence à redresser la tête.
Première mission de Mary Quin pour The Agency, institution au service de Sa Majesté: s’infiltrer comme demoiselle de compagnie chez Henry Thorold, soupçonné de trafic d’oeuvres d’art. Mais, dans cette mission où se croisent membres et amis de la famille – dont le troublant James -, elle n’est pas la seule à masquer ses véritables intentions…
L’amour en trois questions
Lorsque la petite amie d’Hugo rompt avec lui la veille des vacances, le garçon se retrouve seul avec deux billets de train et son rêve de grand voyage à travers les Etats-Unis. Il passe alors une annonce et tombe sur Mae, apprentie cinéaste en quête d’aventure. Commence alors un road-trip de New York à San Francisco en passant par Chicago et Denver. Un tête à tête où Mae filme un documentaire sur l’amour à travers les interviews des passagers du train… tandis qu’Hugo tombe sous le charme.
Betty
« Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. » La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler. Betty raconte les mystères de l’enfance et la perte de l’innocence. À travers la voix de sa jeune narratrice, Tiffany McDaniel chante le pouvoir réparateur des mots et donne naissance à une héroïne universelle.
Chipie à tout prix
Le roman de Dear Caroline, le phénomène Youtube du moment. Angie est une jeune fille passionnée par ses études de cinéma, mais jalousée par les gens de sa classe, humiliée chaque jour par une prof peu compréhensive, et qui doute terriblement de ses qualités. Pourtant pleine d’idées créatives, elle n’a qu’un ami qui l’encourage à s’épanouir, Anthony, avec qui elle peut être vraiment elle-même, sans tenir compte du regard des autres. D’autant qu’elle tombe amoureuse d’un jeune cinéaste venu donner des conférences dans son école, un amour interdit qui ne simplifie pas sa vie ! Un jour, elle décide d’ouvrir une chaîne Youtube, comme les filles qu’elle suit et avec qui elle développe bien plus d’affinités qu’avec celles de sa classe. Elle va y trouver de vraies amies et une activité qui donne du sens à sa vie. Mais quand le succès surgit, Angie doute encore. Et son amour résistera-t-il au tourbillon ? Un livre qui nous fait rire, réfléchir et dont on ressort boosté et plein d’énergie pour affronter le monde ! Le style. Une plume fluide pour un roman féminin aux personnages attachants auxquels on s’identifie immédiatement, écrit par deux amies, Caroline et la romancière Cali Keys.
Grand café martinique
1702, le jeune Gabriel-Mathieu d’Erchigny de Clieu, originaire de Dieppe, a tout juste quinze ans. Une fois obtenus ses galons d’enseigne de vaisseau, le voilà envoyé à la Martinique : son rêve d’Amérique devient réalité. Il cultive la canne à sucre, qui lui procure rapidement une jolie fortune, une épouse, et une plantation prospère. Qelques années plus tard, il rentre en France une nouvelle idée en tête : cultiver du café aux Antilles. Ce breuvage nouveau devient terriblement à la mode, mais les Français l’achètent à prix d’or aux pays producteurs. Or, le Jardin Royal des Plantes conserve quelques caféiers, sous étroite surveillance. Le hasard fait bien les choses qui met Clieu en contact avec la nièce du médecin personnel de Louis XV qui, par amour pour lui, dérobe deux précieux plants ! L’aventure ne fait que commencer. Clieu doit retourner à la Martinique : il affrète un bateau, recrute un équipage, y embarque son butin et des voyageurs. Début d’une longue traversée périlleuse, odyssée émaillée d’embûches tragi-comiques attaque de pirates, calme plat, ouragan, manque d’eau, tentative de mutinerie. Péripéties, rebondissements et surprises émaillent le roman de Raphaël Confiant dont la plume alerte retrace la rocambolesque et véridique histoire du café, des origines à nos jours…
Latitudes à la dérive
Jade est architecte, elle vit à Londres. Métisse, elle a toujours refusé de s’appesantir sur ses origines. Lorsque s’ouvre ce roman, un accident vient d’avoir lieu sur l’un de ses chantiers de construction, un drame qui met en cause la responsabilité de la jeune femme et fragilise sa posiiton au sein de son cabinet. Dans le tumulte de cette situation, Jade reçoit une lettre : sa demi-soeur, jusqu’alors silencieuse, reprend contact avec elle et lui parle de leur père, récit d’un destin fascinant autant qu’inattendu, révélations à travers lesquelles Jade va puiser une énergie nouvelle face à l’effondrement de ses certitudes professionnelles et de ses repères identitaires. Un roman où le temps se déploie, où l’histoire et la guerre croisent l’émergence du jazz new-yorkais, où l’Angleterre d’aujourd’hui vit la fin des utopies, où le Soudan se brise face au tremblement des âmes. Un livre où Jamal Mahjoub convoque les bruits des mondes et l’invisible dérive des latitudes pour retrouver, peut-être, l’essentiel : notre humanité perdue, celle-là même qu’il nous force à regarder comme un miroir fabuleux et inquiétant, inoubliable.
Lettre d’amour sans le dire
Alice a 48 ans, c’est une femme empêchée, prisonnière d’elle-même, de ses peurs, de ses souvenir douloureux (origines modestes, native de Cambrais, séduite et abandonnée, fille-mère, chassée de chez elle, cabossée par des hommes qui l’ont toujours forcée ou ne l’ont jamais aimée). Ancienne professeur de français, elle vit dans ses rêves et dans les livres auprès de sa fille, richement mariée et qui l’a installée près d’elle, à Paris. Tout change un beau jour lorsque, ayant fait halte dans un salon de thé, Alice est révélée à elle-même par un masseur japonais d’une délicatesse absolue qui la réconcilie avec son corps et lui fait entrevoir, soudain, la possibilité du bonheur. Cet homme devient le centre de son existence : elle apprend le japonais, lit les classiques nippons afin de se rapprocher de lui. Enfin, par l’imaginaire, Alice vit sa première véritable histoire d’amour. Pendant une année entière, elle revient se faire masser sans jamais lui signifier ses sentiments, persuadée par quelques signes, quelques gestes infimes qu’ils sont réciproques. Le jour où elle maitrise assez la langue pour lui dire enfin ce qu’elle ressent, l’homme a disparu… D’où la lettre qu’elle lui adresse, qui lui parviendra peut-être, dans laquelle elle se raconte et avoue son amour. Tendre, sensuelle, cette lettre est le roman que nous avons entre les mains : l’histoire d’un éveil. Ce qu’Alice n’a pas dit, elle l’écrit magnifiquement. Prête, enfin, à vivre sa vie.
Eva dort
Mille trois cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres. Eva voyage en train depuis son Tyrol du Sud natal jusqu’en Calabre pour rendre visite à Vito, disparu de sa vie trop tôt et depuis trop longtemps, que la maladie menace d’emporter. Durant ce trajet du nord au sud de l’Italie, de sa région frontalière et germanophone au Sud profond, c’est toute son enfance et l’histoire de sa mère Gerda qui défilent dans sa tête. Celle-ci est si belle, si libre, une fille-mère parvenue à mener une prestigieuse carrière de chef cuisinière dans un grand hôtel de montagne et qui rencontre Vito, sous-officier des carabiniers en garnison dans ce coin de la péninsule agité par un mouvement indépendantiste. Eva se remémore aussi le destin du Haut-Adige, passé en 1919 de l’Empire austro-hongrois défait à l’Italie, que Mussolini essaya d’italianiser de force et qui par la volonté d’un homme, Silvius Magnago, obtint de Rome un statut d’autonomie mettant fin aux actions terroristes et évitant une probable guerre civile. Si sa région a finalement connu la paix et la prospérité, Eva, héritière innocente d’un amour impossible, a dû grandir sans Vito qu’elle veut à présent retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Inoubliable fresque historique et familiale, Eva dort brosse le portrait d’une mère exceptionnelle et, à travers l’histoire du Tyrol du Sud, celui de toute la nation italienne à l’unité encore fragile. Kilomètre après kilomètre, le récit nous entraîne vers la rencontre du présent et du passé en un double voyage bouleversant.
Neuf parfaits étrangers
Neuf citadins stressés, prêts pour un break dans une sublime station thermale. Le Tranquillum House leur propose, grâce à une approche révolutionnaire, de renouer avec l’énergie positive pour prendre un nouveau départ. Coupés du monde extérieur, délestés de leurs portables, tous s’attendent avec impatience à une transformation totale. Au fur et à mesure de la cure, entre méditation, tai-chi et techniques de bien-être, les langues se délient, les secrets enfouis resurgissent, les animosités aussi. On leur avait promis la quiétude et le renouveau, c’est le lâcher-prise qui s’installe… mais pas celui auquel ils s’attendaient. Avec l’humour et la subtilité qui ont fait son succès, Liane Moriarty traque les vérités cachées derrière les apparences et la quête parfois absurde du changement à tout prix. Du grand art.
J’avais une île
Une île minuscule, au large de la Toscane. C’est là que naissent Caterina et Teresa, deux sœurs, dans les années soixante-dix.
Dans cette famille insulaire, les caractères sont bien trempés, à commencer par Elena, leur mère, que l’on surnomme « La Rouge » pour sa chevelure flamboyante, mais surtout pour ses idées politiques. Vittorio, leur père, éternel Hédoniste, mène son existence comme bon lui semble, tandis que Nonnalina, leur grand-mère, traverse la vie avec une force résignée, héritage de la guerre qui a bouleversé son passé. Différentes mais complémentaires, Caterina, l’aînée, subjugue et domine Teresa, qui, pour trouver sa place, devra apprendre à se détacher de sa terre comme de sa famille. Lorsque arrive l’âge adulte, et le temps des décisions, saura-t-elle apprivoiser la nostalgie de son enfance pour se construire un avenir ? Entre roman d’apprentissage et saga familiale, ce livre magnétique articule avec brio les destins individuels et celui d’un pays. Avec en toile de fond les événements qui ont marqué les dernières décennies – des « années de plomb » au naufrage du Costa Concordia – Lorenza Pieri nous montre comment l’histoire afflue partout, jusque sur les côtes d’un petit paradis perdu.
Cannibales
Noémie est une artiste-peintre de vingt-quatre ans. Elle vient de rompre avec un architecte de près de trente ans son aîné avec lequel elle a eu une liaison de quelques mois. Le roman débute par une lettre adressée par Noémie à la mère de cet homme : elle s’y excuse d’avoir rompu. Une correspondance s’amorce alors et s’affermit entre les deux femmes, qui finissent par nouer des liens diaboliques et projeter de se débarrasser du fils et ex-amant. Elles imaginent même de le dévorer cuit à la broche au cours d’un infernal banquet. En réalité, ce roman parle d’amour. Les deux femmes sont des amoureuses passionnées. La vieille dame a appelé son fils du nom du seul homme qu’elle ait jamais aimé, et qui est mort accidentellement avant leur mariage. Noémie, elle, est une « collectionneuse d’histoires d’amour », toujours à la recherche de l’idéal. Au fil des lettres que, de son côté, il échange avec les deux protagonistes, le fils et ex-fiancé exprime toute la passion qu’il éprouve toujours pour Noémie. Un roman d’amour épistolaire, donc, dans la plus belle tradition du genre.
Avant les diamants
Hollywood, 1953. L’industrie cinématographique est un gâteau fourré à l’arsenic que se disputent la mafia, l’armée et les ligues de vertu catholiques. Dans ce marécage moral et politique, ne survivent que les âmes prêtes à tout. Le producteur raté Larkin Moffat est de ceux-là. Abonné aux tournages de séries B, il fait vivoter les crève-la-faim du cinéma et enrage contre ce système qui l’exclut. Jusqu’au jour où il se voit proposer la chance de sa vie. Dans cette combine dangereuse vont graviter autour de lui le major Buckman, parieur et coureur invétéré, le très ambivalent père Santino Starace, l’impresario et proxénète Johnny Stompanato. Tous vont croiser leurs destins, multiplier les manœuvres et les crimes dans ce grand cirque du cinéma américain. Alors que défilent les Errol Flynn, Clark Gable, Hedy Lamarr et autres Frank Sinatra, ce petit monde sans scrupule va s’adonner à ce qu’il sait faire de mieux : manipuler les masses et veiller à son profit. Dominique Maisons est l’auteur de romans noirs et thrillers salués par plusieurs prix. Avec son « roman-vrai » Avant les diamants, il effectue un tournant littéraire majeur, qui le place dans les pas des plus grands – James Ellroy, Robert Littell ou Don Winslow.
Un instant dans le vent
L’expédition conduite par Erik Larson à l’intérieur du continent sud-africain se termine par un désastre : le guide se suicide, les porteurs s’enfuient, les deux Blancs qui l’avaient conçue meurent. Elisabeth Larson reste seule survivante, au milieu de l’immense veld. Apparaît Adam, un esclave en fuite, qui a suivi le convoi de loin. Cette femme blanche, cet homme noir que tout sépare vont cheminer ensemble des mois, vers ce qu’ils appellent encore la civilisation. Mais le vrai cheminement s’accomplit en eux-mêmes à la rencontre l’un de l’autre et de l’amour qui va les unir. Le précédent roman d’André Brink, Au plus noir de la nuit, qui traitait également des amours d’un Noir et d’une Blanche, a été interdit en Afrique du Sud dès sa publication, en 1974, avant de devenir un succès international. On retrouve dans Un Instant dans le vent la même langue somptueuse, le même amour pas-sionné de la terre africaine, et la même condamnation des rigueurs de l’apartheid.
Le pénitent de Paris
Fraîchement arrivé de Florence, le jeune apprenti Pieter Linden se fait embaucher dans le Marais, chez le peintre Louet dont les affaires sont au plus mal. Le jeune homme est doué et va tout faire pour redorer le blason de l’atelier, allant même jusqu’à proposer à la cour un portrait du souverain Louis XVI. Mais autour de son maître une succession de disparitions brutales et étranges perturbe la vie du quartier. Les morts ont tous un lien avec l’art et leur visage porte un masque de terreur maculé de traits de peinture comme s’ils avaient vu le diable en personne et que celui-ci avait voulu signer son œuvre. Pragmatique, doué d’un grand sens de l’observation et peu inquiet des éventuelles manifestations du malin, Pieter Linden ira jusque chez le roi pour tenter de résoudre cette sombre affaire dans laquelle un mystérieux tableau cache une bien cruelle vérité. Après La vierge de Bruges et L’ange de Florence, voici la suite des aventures de Pieter Linden, un jeune peintre flamand qui poursuit son voyage initiatique à travers l’Europe de la Renaissance, entre émerveillements de l’art et les intrigues les plus complexes.
Le cœur converti
Lorsque Stefan Hertmans apprend que Monieux, le petit village provençal où il a élu domicile, a été le théâtre d’un pogrom il y a mille ans et qu’un trésor y serait caché, il part à la recherche d’indices. Une lettre de recommandation découverte dans une synagogue du Caire le met sur la trace d’une jeune noble normande qui, à la fin du onzième siècle, convertie par amour pour un fils de rabbin, aurait trouvé refuge à Monieux. La belle Vigdis est tombée amoureuse de David, étudiant à la yeshiva de Rouen. Au péril de sa vie, elle le suit dans le Sud, commence à prier son dieu et devient Hamoutal. Son père ayant promis une forte somme à qui la ramènerait, des chevaliers se lancent à sa poursuite. Puis les croisés, de plus en plus nombreux sur le chemin de Jérusalem, semant mort et destruction dans leur sillage, s’intéressent à cette femme aux yeux bleus. C’est le début d’un conte passionnant et d’une reconstruction littéraire grandiose du Moyen Âge. S’appuyant sur des faits et des sources authentiques, cette histoire d’amour tragique, menée comme une enquête, entraîne le lecteur dans un univers chaotique, un monde en pleine mutation. Stefan Hertmans nous offre aussi un roman contemporain, celui d’une femme en exil que guide l’espoir.
L’énigme de Saragosse
Le lundi 14 septembre 1485. à la veille d’installer les nouvelles lois de Torquemada dans les tribunaux de l’Inquisition aux Baléares – ce que contestaient les Majorquins – Pedro Arbues, le bras droit de l’Inquisiteur général de Castille, Tomas de Torquemada, est assassiné dans la cathédrale de Saragosse. Qui avait intérêt à cet assassinat ? Pour Torquemada. ce sont les conrersos, ces Juifs convertis sous la contrainte. Pour les Majorquins, qui défendent leurs conversos, il faut chercher ailleurs… La reine Isabel de Castille s’émeut de cette entrave à sa politique de Reconquista, aussi nomme-t-elle enquêteur, Alfons, le sage de Palma de Mallorca. Un homme honnête, loin de la cour, assez hardi pour ne pas craindre une si périlleuse aventure, assez constant pour ne pas la trahir et assez moral pour résister à l’enquête que mènera Torquemada. Sera-t-il seul dans cette entreprise ? Non. Avec lui, Clara, prieure d’un couvent à Palma, passionnée de politique. fondatrice d’un réseau de renseignements et d’un original réseau de pigeons voyageurs qui assurent une connexion rapide entre Saragosse et Palma ainsi que La Condesita Lizi, la filleule favorite de la reine Isabel, de haute noblesse, indépendante et forte de ses privilèges. Et bien d’autres protagonistes qui animent l’aventure avec le sel du roman picaresque.
Hamnet
Un jour d’été 1596, dans la campagne anglaise, une petite fille tombe gravement malade. Son frère jumeau, Hamnet, part chercher de l’aide car aucun de leurs parents n’est à la maison…
Agnes, leur mère, n’est pourtant pas loin, en train de cueillir des herbes médicinales dans les champs alentour ; leur père est à Londres pour son travail ; tous deux inconscients de cette maladie, de cette ombre qui plane sur leur famille et menace de tout engloutir.
Porté par une écriture d’une beauté inouïe, ce nouveau roman de Maggie O’Farrell est la bouleversante histoire d’un frère et d’une sœur unis par un lien indéfectible, celle d’un couple atypique marqué par un deuil impossible. C’est aussi l’histoire d’une maladie » pestilentielle » qui se diffuse sur tout le continent. Mais c’est avant tout une magnifique histoire d’amour et le tendre portrait d’un petit garçon oublié par l’Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.
Le Docteur Faustus
L’un des plus grands romans de Thomas Mann, composé aux Etats-Unis de 1943 à 1947, et dont la trajectoire trouve un écho flamboyant et tragique dans l’histoire contemporaine, le triomphe et l’apocalypse de l’Allemagne hitlérienne.
Brassant les mythes, renouant avec le démoniaque, paraphant son véritable testament spirituel d’artiste, Mann nous livre la biographie imaginaire d’un artiste qui, comme Nietzsche, braverait la folie pour porter la souffrance d’une époque dans son orgueil de créateur et, comme Schönberg, serait l’inventeur de la musique sérielle. » Jamais, disait-il, je n’ai autant aimé un personnage imaginaire. »
La Sultane du Caire
Quelle est cette femme, belle et sensuelle, qui en 1250, prend la tête de l’armée égyptienne et défait le roi français Saint-Louis, lors de la 7ème croisade ? Quelle est cette même jeune femme aux yeux d’émeraude, enlevée dans les steppes caucasiennes, vendue comme esclave au harem du prince héritier du califat de Bagdad, avant de finir Sultane d’Egypte et de Syrie ? Elle s’appelle Charajat ed-Or qui signifie « Arbre de pierre précieuses ». Elle est la seule femme de l’Histoire à avoir été élue Sultane, avec tous les attributs de pouvoirs des sultans masculins. Son règne marque également la mainmise des Mamelouks sur l’Egypte. En 1249, son mari, Sultan d’Egypte et de Syrie, petit neveu de Saladin trouve la mort. Elle cache son décès, prend la tête de l’armée mamelouke et capture Saint-Louis à la bataille de Mansourah. L’Egypte tout entière lui est reconnaissante. Elle fait alors assassiner l’héritier du trône et devient souveraine de l’Empire. Les autorités religieuses du Calife de Bagdad acceptent difficilement qu’une femme puisse régner sur une nation musulmane. Elle trouve une parade en épousant Aybak, le chef de l’armée mamelouke, dont elle est d’ailleurs amoureuse. Elle lui confie le pouvoir tout en continuant à gérer avec une grande sagesse les affaires de l’Etat. Mais son excessive fierté, conjuguée à son amour bafoué, aux trahisons et aux complots, ne peuvent qu’être annonciateurs d’un sombre avenir…
La nuit du sérail
Aimée Dubuc de Riverie, cousine de la future impératrice Joséphine, naquit à la Martinique à la fin du XVIIIè siècle. Capturée par les pirates barbaresques à l’âge de quinze ans, offerte par le Dey d’Alger au Sultan de Constantinople, elle verra dès lors toute son existence se dérouler dans le Sérail. Favorite du vieux Sultan, amoureuse et aimée de son successeur, mère adoptive d’un troisième Sultan, elle détiendra un pou-voir occulte de plus en plus important. Rédigeant ses Mémoires alors que ses jours sont comptés, Aimée revit l’incroyable aventure de l’enfant qui croyait en son destin : comment l’adolescente réduite en esclavage devint, à travers l’amour et les larmes, une jeune femme passionnée puis une Sultane au sommet de la puissance dans le monde clos, violent, fastueux et fascinant de la cour de Turquie. Michel de Grèce, en donnant la parole à son héroïne, anime d’un souffle romanesque la parfaite reconstitution d’une vie hors du commun.
2084 – La fin du monde
L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion… Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties.
Un artiste du monde flottant
L’artiste, c’est Masugi Ono, vieux maître de l’art officiel nippon, narrateur de ce livre, et le monde flottant, c’est le quartier des plaisirs de la vie nocturne qu’il a beaucoup fréquenté au temps de sa jeunesse. Aujourd’hui, il tente de donner un sens à sa vie il dialogue avec ses contemporains, dans le Japon de l’immédiat après-guerre et interroge son passé. Grâce au ton insidieux et indéfinissable du narrateur, ce livre exerce un charme envoûtant sur le lecteur. Discret comme un film d’Ozu, ce roman ressemble à du Proust revu et corrigé par Kawabata, la modernité en plus.
La chatte
Lorsque débute leur vie commune, Alain et Camille sont deux amis d’enfance que tout en apparence rapproche mais que leurs secrètes rêveries divisent. » Mon mariage, reconnaît Alain, contente tout le monde et Camille, et il y a des moments où à me contente aussi, mais… » Ce qu’Alain aime en Camille, c’est une beauté idéalisée faite d’immobilité et de silence. Aussi est-il déconcerté par son exubérance. Comme l’arrivée d’une saison nouvelle, la découverte de leur intime division le met à la merci d’autres rêves. Et c’est alors que le drame se noue. La chatte Saha sera désormais pour Alain la chimère sublime qui domine sa vie et pour Camille la rivale détestée contre laquelle aucun procédé n’est trop brutal.
Il faut tenter de vivre
« Dans les temps qui avaient précédé notre rencontre, je m’étais représenté Sandrine Broussard d’une manière très subjective, sur la base de ce qu’on me racontait. A vrai dire, peu m’importait de savoir si j’étais près de la vérité ou non. Je faisais évoluer la jeune femme sur une orbite éloignée de Bonnie Parker, où elle gravitait comme un astre de faible brillance, et je l’imaginais de taille moyenne, blonde, mignonne, pareille à Faye Dunaway dans le film.Sandrine était la portion incongrue de mon univers, différente de tout, rétive aux classements. » Lorsque le narrateur croise enfin Sandrine Broussard il est happé par ce personnage magnétique, son exact contraire. La jeune femme va lui raconter ses vies multiples et tumultueuses, faites d’arnaques et de clandestinité. Mais au plus profond d’elle-même, elle aspire à ne plus être une « passagère clandestine » et à retrouver une place dans ce monde. Pour « tenter de vivre », il faut abandonner plusieurs « moi » derrière soi. Le peut-on ? Et quel est le prix à payer pour sortir du tunnel ?
The Animalies
Dans une petite ville paumée du Kentucky, une improbable complicité se noue entre cinq excentriques. Opal, octogénaire lubrique en bottes de cow-boy. De soixante-douze ans sa cadette, Ember, bassiste surdouée aux pulsions destructrices. La satanique Aurora, bombe frigide qui ne prend son pied qu’à la batterie. Ray, Irakien efféminé à la recherche du soldat qu’il a blessé pendant la guerre du Golfe. Enfin, le charismatique Luster, poète afro-américain,éternel incompris qui gagne sa vie comm commissaire de piste dans un cynodrome. Tous ont une passion, la musique, et un rêve conquérir le monde avec leur groupe totalement déjanté, The Anomalies.
Outlander – Le cercle des sept pierres
Avec ce recueil, Diana Gabaldon ajoute sept pierres à son grand-oeuvre. Lord John Grey sera sur tous les fronts : de la bataille de Québec au poste de gouverneur de la Jamaïque, en passant par La Havane pour voler au secours de sa mère. Maître Raymond arpentera les rues sombres de Paris tandis qu’on découvrira, entre autres, l’histoire mouvementée de la famille MacKenzie durant la Seconde Guerre mondiale. Pour finir, retour en France avec Jamie Fraser et Ian Murray, qui, dans leur jeunesse, ont endossé le costume de mercenaires… Des nouvelles inédites dans l’univers d’Outlander, qui se lisent indépendamment et nous entraînent à travers le monde!
Le liseur du 6h27
Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d’une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine. Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu’on rencontre rarement.
Soufi libéral, prince de l’islam, héros de la résistance algérienne, Abd el-Kader fut aussi un franc-maçon favorable au progrès. En cela, il reste une énigme de l’histoire. Alors que le monde musulman préfère nier son affiliation à la maçonnerie, Thierry Zarcone démêle le vrai du faux et revisite, à la lueur de nouvelles sources arabes et occidentales , l’histoire secrète de l’émir et le rôle joué par son fils aîné et ses descendants dans la construction d’un mythe. Car si le souvenir de Abd el-Kader a perduré dans la confidence de certaines loges du Caire, de Tunis, de Dakar et de Paris qui portent son nom, son grand retour dans le débat sur l’islam de France, le Jihadsime ou la laïcité nous engage à découvrir l’homme derrière le mystère
Les descendants
Matthew King est un homme riche. Il est l’un des héritiers de la famille royale hawaïenne – une royauté purement honorifique – et se trouve à la tête de nombreuses terres sur l’île. Sa vie personnelle, elle, est sur le point d’être bouleversée. Ses deux filles sont hors de contrôle : Scottie, dix ans, est insolente et exige une attention constante ; Alex, dix-sept ans et ancien mannequin, est déjà droguée. Joanie, l’épouse de Matt, était une femme magnifique, charismatique et audacieuse, jusqu’à son accident en bateau de course. Elle est dans le coma mais bientôt, conformément au souhait de Joanie, les appareils seront débranchés. Les King n’imaginent pas leur vie sans elle, et pourtant la tristesse se mêle à un étrange sentiment de liberté et à une exacerbation des sentiments qui leur fait perdre tous leurs repères. Avant d’honorer la volonté de Joanie, Matt doit réunir ses amis et sa famille afin qu’ils puissent lui dire adieu, une tâche ingrate rendue plus difficile encore lorsqu’il découvre qu’une personne n’est pas au courant de son état : l’homme avec qui Joanie avait une aventure, et peut-être aussi le seul homme qu’elle ait jamais aimé. En proie à des émotions contradictoires, Matt part alors à la recherche de l’amant de sa femme avec ses filles … Raconté par Matt à la première personne, Les Descendants est un magnifique roman familial. Au travers de cette voix d’une sincérité et d’une lucidité remarquables, Kaui Hart Hemmings dissèque les liens affectifs d’une plume tranchante et mélancolique à la fois. Son roman est un vrai bonheur de lecture.
Elégie pour un Américain
De retour à New York après l’enterrement de leur père, dans le Minnesota, Erik Davidsen, psychiatre divorcé, et sa sœur, Inga, veuve dévastée et récente d’un écrivain célèbre, découvrent la lettre qu’une femme a jadis adressée au disparu et par laquelle ils apprennent que leur père aurait naguère été impliqué dans une mort mystérieuse. Dès lors, dans une Amérique toujours traumatisée par les événements du 11 Septembre survenus quatre ans plus tôt, tous les personnages qui gravitent autour de la famille Davidsen vont, de proche en proche, être amenés à se confronter à la part la plus opaque de leur être.
Conjuguant la mémoire de l’immigration et le thème du secret de famille, et affrontant, entre ombre et lumière, les ambiguïtés de toute transmission, et la difficulté pour tout individu de réinventer sa vie, Siri Hustvedt écrit ici le roman compassionnel de l’inconscient d’une Amérique déchirée entre l’apparente infaillibilité de ses mythologies fondatrices et la profondeur des désarrois qui l’habitent aujourd’hui.
Une nuit particulière
J’avais envie d’amour. Envie d’une grande nuit d’amour. D’une rencontre. De ce moment étrange, poétique parfois, qui change le cours de l’eau d’une vie. Je voulais comprendre jusqu’où l’on peut aimer, jusqu’où l’on peut aller vers l’autre et ressentir que chaque pas est un choix. Je rêvais d’entendre à nouveau quelques airs d’opéra, des arias de douleur et de beauté, et retrouver ces hommes et femmes capables de se jeter dans le vide par amour. Parce que c’est vivre sans amour qui est l’enfer. » Elle s’appelle Aurore. Et pourtant c’est au crépuscule qu’elle rencontre Simeone, un soir d’automne, à Paris, aux abords du local d’un groupe de parole. Elle quitte une réunion, lui arrive pour la suivante. Il attend, l’observe, intrigué, mais c’est elle qui s’adresse à lui. Le temps d’une cigarette, la conversation s’engage. Après trente ans d’amour fou, Aurore sait qu’elle va être quittée par son mari. Simeone a la gorge mangée par un crabe, il lui reste peu de temps à vivre, il refuse de lutter et sa femme a peur. Alors les deux inconnus s’avancent ensemble dans une nuit qui ne ressemblera à nulle autre, des rues de Paris à un bar de nuit, d’une chambre d’hôtel à un aller-retour en taxi vers Roissy et une évasion vers les rivages de l’aube. Première ou dernière nuit, tous deux l’ignorent. Ils ne sont sûrs que d’une chose : au matin, après cette bouleversante nuit d’amour, rien ne sera plus jamais comme avant. Car l’amour ne s’écrit jamais à l’avance. Romanesque, poétique, fulgurant : un magnifique roman d’amour.
Comment font les gens ?
Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d’une dictatrice, se débrouille comme elle peut avec la vie, c’est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère féministe mais atteinte d’une forme de joyeuse démence, trois filles à l’adolescence woke, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d’amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu’au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d’une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté.
Reine de cœur
En 1939, Jun est étudiant au Conservatoire de Paris. Mais le conflit sino-japonais le contraint à rentrer au Japon. En quittant la France, il laisse derrière lui son grand amour, sa « reine de coeur », la jeune Anna. L’épreuve de la guerre sera d’une violence monstrueuse. Des années plus tard, Mizuné, une jeune altiste parisienne, découvre un roman qui lui rappelle étrangement le parcours de ses grands-parents, Jun et Anna, qu’elle n’a jamais connus. Bouleversée par la guerre et la folie des hommes, leur histoire d’amour, si intimement liée à la musique, pourrait bien trouver un prolongement inattendu. Le passé récent du Japon et les atrocités commises au nom de la grandeur nationale, la musique vécue comme ce que l’humanité porte en elle de meilleur, la transmission du passé malgré les silences familiaux, l’amour de la langue française : dans ce roman à la fois émouvant et captivant, Akira Mizubayashi continue d’explorer les thèmes qui lui sont chers.
Qui sait
« J’attends que quelque chose se passe. Je crains, à tout moment, que ça ne fonctionne pas, qu’il y ait un problème, un chaînon manquant. Je ne vois pas comment cette opération pourrait se dérouler sans encombre. J’ai pris un numéro à l’entrée du service état civil, j’ai pris aussi mon air le plus désinvolte, comme si cela m’arrivait tous les mardis, d’aller me faire faire une identité. »
Avant d’être enceinte, Pauline ne s’était jamais posé la question de ses origines. Et puis cela devient crucial. Elle sonde alors le sens des mystérieux prénoms secondaires qui figurent sur sa carte d’identité : Jeanne, Jérôme, Ysé. Fantaisie et drame, fantasme et réalité se mêlent dans ce récit envoûtant, qui nous conduit tour à tour sur les traces d’une aïeule aliénée, d’un ami de la famille disparu et d’une héroïne de fiction. Avec Qui sait, Pauline Delabroy-Allard signe un deuxième roman virtuose, ode à la toute-puissance de l’imagination et de la littérature.
Les amies
« Séductrices, elles souhaitent faire tomber les barrières. Passer leur vie bourgeoise au napalm. Faire éclater la norme. Elles veulent vivre mille vies et ont du mal à considérer que la nourriture bio et les objets connectés suffisent au bonheur. Elles refusent la limitation de l’amour à la tendresse conjugale. En fait, ces femmes sont des grands hommes, selon la formule consacrée. »
Voici l’histoire d’un trio amical flamboyant saisi à deux moments de son existence. Dans un premier tableau, à Djerba, Armelle, Rim et Anna, mères épuisées approchant de la quarantaine, partent à l’assaut de leur jeunesse perdue. Au bord de la piscine de leur hôtel, elles rêvent ensemble d’amour et d’aventure. Lorsqu’elles se retrouvent trois ans plus tard sur une île au large de Morlaix, elles ne parlent plus la même langue. Leurs désirs sont désaccordés, et les tensions montent sous la lumière blanche du grand phare. Que reste-t-il de nos amitiés ? Avec ce roman tour à tour hilarant et grave, Nolwenn Le Blevennec dessine les contours de ce lien si précieux.
Désir noir
« Un après-midi d’automne, assise à la terrasse d’un café, je listais avec mon éditeur des idées de chapitre pour Les 8Sept Péchés capitaux du rock, titre de mon premier livre. “Bertrand Cantat.” Un coup de vent glacé m’a fait frissonner. Ou était-ce ce nom, évocateur de mort et de violence ? Dans mon souvenir, le chanteur de Noir Désir s’était disputé avec sa petite amie, l’actrice Marie Trintignant, un été, en Lituanie. Il lui avait donné une gifle, sa tête avait heurté un radiateur, hémorragie cérébrale, elle n’avait pas survécu. C’était un accident, mais il relevait bien de la colère, puisqu’il était l’issue tragique d’une bagarre. En rentrant chez moi, j’ai commencé par rechercher des articles de presse relatant l’affaire. Les titres ont défilé. Je cliquais, lisais, ou plutôt dévorais les informations. Je m’étais totalement trompée. La mort de Marie Trintignant n’était pas un accident. Et si elle n’était pas la seule victime ? »Vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l’enquête sur une tragédie que l’on n’appelait pas encore féminicide.
Un fugitif à Walden
En 1845, Samuel Long, jeune esclave noir d’une vingtaine d’années, réussit à s’enfuir de la plantation de son maître, en Virginie. Après avoir emprunté, le « chemin de fer souterrain » – maillage de personnes qui, depuis les États du Sud, aident les esclaves en fuite à rejoindre le Canada, il arrive au lac Walden et se lie avec le cercle des philosophes transcendantalistes : Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, William Lloyd Garrison et bien d’autres. À leurs côtés, il va alors tenter de se (re)construire et d’apprivoiser sa nouvelle condition d’homme libre. Mais cette rencontre est également la confrontation de deux mondes : celui de Samuel Long fait de souffrance et de révolte, et celui des intellectuels blancs qui, s’ils soutiennent l’abolition de l’esclavage, se retrouvent néanmoins enferrés dans leurs propres privilèges et contradictions. S’en dégagent des portraits étonnants, et surtout très sensibles, de Henry David Thoreau et de ses confrères, à travers le regard de Samuel.