
« En lisant les évangiles, je découvre un psychodrame. Les mots mêmes avec lesquels ils sont racontés, la sélection des phrases, le choix de certains thèmes peuvent être entendus d’une autre manière depuis la découverte de l’inconscient et de ses lois par Freud. Les découvertes actuelles de la psychanalyse, dialectique et dynamique de l’inconscient, sont illustrées par ce psychodrame qu’on nous relate. A l’élaboration des évangiles président, entre autres, les lois de l’inconscient de Jésus, des rédacteurs et des premiers auditeurs. Ces lois font partie intégrante de la structure de ces récits. Pourquoi ne pas aborder leur lecture avec ce nouvel outil : la psychanalyse ? »
L’envol des anges
Brutalités, racisme, corruption…
Howard Elias, le défenseur des droits civiques et de la communauté noire, s’est fait une spécialité de traîner devant les tribunaux la police de Los Angeles.
Quand il est retrouvé assassiné dans le funiculaire de l’Angels Flight, à la veille d’un procès, c’est Harry Bosch qui est chargé de l’enquête.
Une nouvelle fois, après le passage à tabac de Rodney King et les émeutes qui ont suivi l’acquittement des policiers impliqués, le pays va avoir les yeux rivés sur Los Angeles où tout faux pas risque d’embraser les quartiers noirs.
Les bords de la fiction
Ce qui distingue la fiction n’est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Selon Aristote, elle dédaigne l’ordinaire des choses qui viennent les unes après les autres pour montrer comment l’inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l’ignorance en savoir. La fiction moderne a remis ce modèle en cause pour épouser le rythme des existences quelconques et occuper le bord extrême qui sépare ce qu’il y a de ce qui arrive. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, le livre explore ces rencontres du rien et du tout.
Jacques Rancière
Professeur émérite de philosophie à l’université Paris VIII, il a consacré de nombreux ouvrages aux relations entre politique, art et littérature. Il a publié aux Éditions du Seuil, dans la « La Librairie du XXIe siècle », Courts voyages au pays du peuple (1990), Les Mots de l’histoire (1992), La Fable cinématographique (2001) et Chroniques des temps consensuels (2005).
Art et société au Moyen Age
Au cours des dix siècles dont il est question dans ce livre, l’Europe a pris forme. Elle s’est fortifiée, elle s’est enrichie, et ce fut alors que naquit et s’épanouit un art proprement européen. Nous admirons ce qu’il en reste. Toutefois, nous ne considérons pas ces formes du même regard que ceux qui les premiers les virent. Pour nous, ce sont des oeuvres d’art, et nous n’en attendons, comme de celles qui sont créées de notre temps, qu’une délectation esthétique. Pour eux, ces monuments, ces objets. ces images étaient en premier lieu fonctionnels. Ils servaient. Dans une société fortement hiérarchisée, qui attribuait à l’invisible autant de réalité et davantage de puissance qu’au visible et qui n’imaginait pas que la mort mît un terme au destin individuel, ils remplissaient trois fonctions principales : présents offerts à Dieu, communications avec l’autre monde, et affirmation de puissance.
Georges Duby met en parallèle l’évolution des formes artistiques au long d’un millénaire et les structures matérielles et culturelles de la société.
On a longtemps considéré le Moyen Age comme l’âge d’or du christianisme. Aujourd’hui, en revanche, on assiste à une remise en question du legs religieux de cette époque et en particulier de sa spiritualité, à laquelle on reproche d’avoir trop prôné la fuite et le mépris du monde. Pour éclairer ce débat, l’auteur s’est attaché à définir le contenu de l’expérience religieuse des hommes et des femmes de ce temps. Soucieux de mettre en lumière l’impact des transformations sociales et culturelles sur les représentations du divin et les formes de vie religieuse, il a cherché à dégager les principales étapes du processus qui a fait passer la chrétienté occidentale de la piété ritualiste et conformiste de l’époque carolingienne à une spiritualité évangélique, axée sur l’humanité de Dieu.
Bison
Philadelphie, 1828. Promis à une belle carrière d’avocat et de peintre mondain, George Catlin voit une délégation d’Indiens se rendre à Washington pour négocier des traités. Il est ébloui par la superbe des cavaliers. Bientôt, le peintre renonce à ses portraits de citadins huppés, il quitte sa femme, sa ville, son confort, enfourche son cheval pour galoper le long du Missouri et du Mississippi à la rencontre de dizaines de tribus. La grande prairie est vierge. Nuls colons, nuls cow-boys. Des millions de bisons. Catlin est le premier à saisir sur le vif, armé de sa palette et de son pinceau, l’épopée des Indiens. Il réalise d’inoubliables portraits, recueille une incroyable moisson d’objets, son fameux « musée indien » qui fascinera quelques années plus tard George Sand et Baudelaire. Bison raconte le séjour de Catlin chez les Sioux, les aventures d’un village et de ses héros singuliers. L’imagination vient volontiers à la rescousse du document pour recréer, incarner le grand rêve de cet Américain sans préjugés, de ce fou d’Indiens, luttant pour sauvegarder leurs visages magnifiques et condamnés.
Smilla et l’amour de la neige
Difficile pour Smilla Jaspersen de croire en la mort accidentelle d’Esajas. Impossible même parce que Smilla ne croit pas qu’un enfant atteint de vertiges chroniques puisse sauter du toit d’un immeuble. Parce qu’elle s’était prise d’affection pour ce gamin groenlandais, délaissé par sa mère. Parce que Smilla est groenlandaise, elle aussi, et que sa mère, esquimaude, lui avait appris « l’amour de la neige ». Et que la neige ne ment pas, contrairement aux hommes. Commence alors pour cette femme solitaire et obstinée une quête pour la vérité et l’honneur qui l’amènera sur les traces d’un bateau en route pour les terres arctiques, à la découverte d’une infâme machination qui risque de lui coûter la vie… En lisant ce livre, votre bouche crache des petits nuages de vapeur que le froid rend visible. C’est l’excitation, le suspens, l’émotion aussi que contiennent ces pages. Un récit réaliste, maîtrisé, habité par la beauté des terres extrêmes et la lutte d’un peuple pour son identité. –Hector Chavez
Fleur de péché
Une histoire d’amour. Mais la violence poursuit Véréna, depuis son enfance. Elle a trente ans, elle est journaliste. Elle doit son prénom à une tante lettone qui a traversé la Pologne à pied pour échapper aux Russes. Après le meurtre, à Paris, du conseiller du ministre de l’Industrie, Pierre Fauquembergue, le commissaire Montabot veut tout savoir sur cette jeune femme dont le nom figure dans le carnet d’adresses du mort. Est-elle une espionne ? Une terroriste? Toute la vie de Véréna défile au cours de l’enquête : son enfance dans les ruines de Munich, son adolescence en Alsace, sa vie d’étudiante à Paris, avec une satire des milieux journalistiques et ministériels. Véréna avouera tout, sauf la passion qui l’a liée à l’homme assassiné. Comme toujours dans les romans de Geneviève Dormann, le rire se mêle aux larmes.
Poisson d’amour
Ce n’est pas un gros roman, mais il est assez nourrissant. En entrée, un videur de concert rencontre une visiteuse de prison. Coup de foudre et pluie de catastrophes. Une chaise à porteurs envahit soudain la vie d’une famille.
Deux vieilles dames sont ensevelies sous les trophées remportés. par leur petite-fille basketteuse. Une centenaire s’embaume en mangeant des glands, d’après une recette chinoise. Un professeur Dreyfuss, né Himmler, achète le corps-de ses patientes en viager.
Et puis, un sourd oublié dans un moulin sème des pierres, un ancien maire se barricade dans le bureau de son successeur, un cheval passe trois ans de guerre caché dam un grenier.
Mais le personnage central, bien qu’il soit conservé dans du formol, est un poisson. C’est à cause de lui que Béatrice, la visiteuse, et Philippe, le videur, se retrouveront dans la forêt amazonienne, au milieu des Indiens, des chercheurs d’uranium et d’une équipe de tournage guidée par un missionnaire suisse.
Bref : c’est une histoire d’amour. Et donc, me dira-t-on, elle finit mal. Pas forcément. C’est peut-être même là qu’elle commence.
Le livre du Bonheur
Le livre du Bonheur rassemble en fait deux écrits de Marcelle Auclair, publiés en 1938 et et en 1951 : Le Bonheur est en vous et La pratique du Bonheur. Le second est, à la demande des lecteurs et surtout des lectrices du premier, une suite du précédent. M. Auclair les réunit en 1959. Il s’agit, sous la forme de chapitres extrêmement brefs (une page, une page et demie, deux pages…), de conseils très pratiques, avec de nombreux exemples à l’appui, pour accéder au bonheur. Car M. Auclair prétend que le bonheur relève d’une « science », et que faute de cette science, beaucoup de gens sont inutilement malheureux. En fait, en lisant, on s’en rend compte rapidement : le livre est un des premiers – et des meilleurs – exemples de « pensée positive ». L’idée de base est que la pensée crée, la parole crée. Elles « forment des vibrations toutes puissantes ». Penser joie, amour, paix…, cela donne la joie, l’amour, la paix. Penser que personne ne vous aime est la meilleure façon d’arriver à ce sort malheureux. Si on voulait être méchant, on dirait que Marcelle Auclair, c’est du Dr Coué. C’est en partie vrai. Mais sa culture, sa vivacité, son intelligence vont bien plus profond que les aphorismes superficiels et grossiers de Coué. Ou encore, son côté Coué est transcendé par sa finesse, et ses exemples pris dans la vie courante. Au total, on aime ou on n’aime pas, mais le livre a gardé une incroyable jeunesse : il aurait pu avoir été écrit dans les années 90. Un livre sur le bonheur basé sur la pensée positive, avec des conseils pratiques et de nombreux exemples pour y parvenir. C’est la bible du bonheur !
Entre le ciel et la terre
Mrs Le Ly Hayslip, citoyenne américaine, revient au Vietnam pour revoir les siens. Elle se souvient de la petite paysanne qu’elle fut, de son adolescence bouleversée par la guerre. Tantôt considérée par les Vietcongs comme une héroïne, tantôt comme une traîtresse, poursuivie, emprisonnée, torturée, violée, Le Ly se réfugie à Saïgon. Chassée par son employeur dont elle est enceinte, elle traficote, se prostitue pour élever son bébé et finit par épouser un Américain qui l’emmène en Californie. Ce récit authentique a été porté à l’écran par Oliver Stone, qui considère Entre le ciel et la terre comme « une version vietnamienne d’Autant en emporte le vent ».
Notre siècle, c’est en son adolescence, dans le premier quart de sa course, qu’il nous aura donné, à nous Français, le meilleur de la récolte. Et le meilleur témoin en est cette Nouvelle Revue Française où Gide et Valéry, Proust et Claudel, Martin du Gard et Malraux manifestaient une multiple fécondité culturelle. A cet extraordinaire orchestre de grands solistes, il fallait un chef. C’est le plus jeune qui fut choisi. A trente-trois ans, à peine revenu de la guerre, Jacques Rivière fut chargé non seulement de faire jouer à l’unisson Claudel et Gide, Debussy, Stravinski et Cézanne, mais d’ouvrir les voies nouvelles vers le surréalisme, le cubisme et la paix. Jean Lacouture qui, avec le talent que l’on sait, s’était attaché jusqu’ici à l’évocation biographique de gloires consacrées rend cette fois justice à l’un des grands oubliés de la littérature contemporaine, à un pionnier qui fut l’ami, le confident, le conseiller de Proust et de Gide, de Claudel, de Mauriac et de Saint-John Perse, l’un des « accoucheurs » de notre culture vivante.
L’amour du métier
Lorsque son psychiatre l’interroge sur sa profession, John Paul Keller répond « expéditeur ». Il ment, bien sûr, mais reste proche de la vérité. Ce New-Yorkais dans la force de l’âge ne va tout de même pas lui avouer qu’il est tueur professionnel. Son commanditaire est un vieil homme installé dans une maison cossue de White Plains, mais Keller ne connaît que la douce voix de Dot, sa secrétaire, qui lui passe les commandes par téléphone. Et aussitôt, le voilà parti aux quatre coins des États-Unis pour accomplir une nouvelle mission et éliminer un individu qu’il ne connaît qu’en photographie.Ce recueil de dix nouvelles met en scène un nouveau personnage de Lawrence Block. A priori prendre un tueur pour héros, ou à tout le moins le présenter comme un être sympathique, relève du miracle. Et pourtant c’est la prouesse réalisée par le romancier qui, grâce à l’humour qui imprègne en permanence ses dix textes, parvient à captiver le lecteur avec cet individu amoureux de son art : l’assassinat.
La barbare
Anne rêvait de fougue, de tendresse, d'absolu. À 21 ans, elle est enfermée dans une prison dorée, accompagnée de son polytechnicien de mari qui l'ennuie. Elle regarde passer les jours sans folie, les aventures sans passion. Ce serait donc ça la vie, une traversée en somnambule ? Un jour, un télégramme du Maroc lui annonce brutalement la mort de son père. Là-bas l'attendent les souvenirs, la liberté… et l'amour fou. « Je pars. Je suis vraiment désolée. Ne sois pas triste ».
Un loup est un loup
Des quintuplés, Charlemagne était le plus doué, le plus tenace. Mais quand son père est mort de la rage, quand les enfants ont été dispersés, il est parti vivre parmi les seuls êtres dont il comprend le langage : les loups. Emportant le lecteur dans la France féodale du XVIIIe siècle, Michel Folco dévoile une fois de plus son talent si singulier, tissé d’ancien français, d’aventure et d’humour noir. Né en 1943, Michel Folco est aussi l’auteur de Dieu et nous seuls pouvons et de En avant comme avant, disponibles en Points. Il a reçu le prix Jean d’Heurs du roman historique en 1995. « Michel Folco travaille à une œuvre gigantesque et fabuleuse, une épopée roborative, tragique, hilarante… Un loup est un loup est un livre formidable. »
Les raisins verts
Secrets de familles dont on ne parle pas mais dont personne n’ignore le sens qu’ils possèdent pour le destin de chacun… Parmi eux, se glisse le pire mensonge qui soit, celui des origines. Amours interdits, conflit de générations, affrontements, déchirements, le drame éclot lentement puis se noue pendant l’été des vacances dans une maison de campagne proche de Royan. Ce passionnant clair-obscur se conclue par l’engagement pour la guerre d’Espagne d’un jeune homme ombrageux qui refuse le modèle offert par son milieu, « peuplé de tant d’êtres absolument vides qu’on finit toujours par goûter ceux qui ne sont pas interchangeables ».
