Shikanoko, le guerrier au masque de cerf, est désormais le seul susceptible de renverser le pouvoir. Au-dessus de l’Empire des Huit Iles, le ciel est plus menaçant que jamais. Les pièces de l’échiquier tombent une à une tandis que l’étau se resserre sur chacun des personnages confronté à son destin. Shikanoko choisit alors de livrer son ultime combat pour la justice …
Remontant aux origines mythiques du clan des Otori, Lian Hearn nous entraîne dans l’épopée fantastique et envoûtante des premiers samouraïs avec l’Enfant du cerf et La Princesse de l’Automne.
Les violons du roi
L’auteur des Dames du Faubourg nous emmène en Italie pour vivre une époque prodigieuse et peu connue, charnière entre le XVII ème et le XVIII ème siècle, celle qui voit éclore en même temps le violon de concert, le concerto Classique et les premiers opéras.
C’est le roman d’une poignée d’artisans de génie installés à Crémone, dont Antonio Stradivari, le plus grand luthier de tous les temps, qui achève de transformer le violon vulgaire et grinçant des ménétriers en instrument royal.
Durant plus de soixante ans, l’atelier de Stradivari livre aux rois et aux princes des violons aux sons et aux vernis magiques, jamais égalés depuis. Le maître préfère pourtant tailler ses voûtes et sculpter ses volutes pour ceux qui savent le mieux faire chanter ses violons: les virtuoses-compositeurs.
Dans le roman de jean Diwo, la musique baroque fait vibrer les chapelles, les salles de concerts, et se mêle intimement à l’histoire des luthiers.
A Rome, Corelli fait pleurer la reine Christine de Suède en jouant son stradivarius et le révérend Antonio Vivaldi entraîne Venise dans le tourbillon de ses « Quatre saisons ». Le « Prêtre roux », s’il ne dit pas la messe, dirige de son archet enchanté l’école de musique des jeunes filles de la Pietà et trimbale à travers les cours d’Europe, et jusqu’au Vatican, sa cohorte de nonnettes musiciennes et chanteuses.
Ainsi, pris par la magie du violon, artisans et grands seigneurs, jeunes femmes espiègles et mères de famille austères, apprentis et virtuoses vivent, aiment et meurent dans une Italie à la fois rayonnante et déchirée.
Le plus mystérieux des instruments de musique et le plus secret de ses créateurs sont les principaux personnages de ce récit passionné en forme d’allegro.
Adieu la vie, adieu l’amour
Adieu la vie, adieu l’amour. C’est l’histoire d’un jeune lettré hanté par une peur inexplicable qui finit par faire de lui un criminel féroce. Enfant perdu qui, défiant les lois et l’ordre, est entraîne irrésistiblement vers le mal. C’est la course au pouvoir d’un être dévoré par un complexe obscur dont l’origine ne nous sera dévoilée qu’à la fin et que l’auteur a menée avec une étrange et terrifiante dextérité.
Strip-tilt
Il tira de sa poche la montre en or de l’oncle Omar. Il se mit à la tripoter distraitement. Il la remonta puis tira sur le remontoir pour la mettre à l’heure de sa montre-bracelet. Elle possédait non seulement une aiguille des heures, une aiguille des minutes et une trotteuse, mais aussi une quatrième aiguille, immobilisée à douze heures et qui était en argent au lieu d’être en or comme les autres. Il se demanda à quoi elle servait. Drôle d’héritage que cette montre. Et si l’aiguille d’argent n’était autre que la porte vers la liberté totale doublée de la complète immunité ?
On achève bien les chevaux
Hollywood avant la Seconde Guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Comme elle, il est figurant au cinéma. Mais loin d’avoir réalisé leurs rêves, ils n’ont eu qu’un long parcours chaotique semé d’échecs. Désœuvrés et sans argent, ils décident de s’inscrire à un marathon de danse dans l’espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu’à tournoyer des semaines entières au rythme de l’orchestre. Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, « On achève bien les chevaux » est le premier roman noir d’Horace McCoy. Ce texte intemporel, qui n’a rien perdu de sa force évocatrice, est une violente dénonciation du rêve américain. Particulièrement noir et désespéré, il s’attache à explorer l’envers du décor en décrivant la misère de ceux prêts à toutes les humiliations pour pouvoir gagner simplement de quoi survivre. Sidney Pollack en a tiré un très beau film avec notamment Jane Fonda dans le rôle principal. Christophe Dupui
Le choix de Sophie
A Brooklyn, en 1947, Stingo, jeune écrivain venu du Sud, rencontre Sophie, jeune catholique polonaise rescapée des camps de la mort. A la relation de la rencontre du jeune homme avec l’amour, se superposent la narration du martyre de Sophie, l’évocation de l’univers concentrationnaire et de l’holocauste nazi. Les deux veines, autobiographique et historique, irriguent en profondeur ce roman et fusionnent en une émouvante parabole sur l’omniprésence du Mal, symbolisé par l’horreur nazie, mais aussi par l’esclavage et le racisme brutal ou larvé de la société américaine, l’intolérance à tous les degrés, la férocité de la lutte de l’homme pour la vie ou la survie la plus élémentaire.
Le voyage de nuit
Que savons-nous de nos proches? Lorsque Olga, malade, coupe brusquement toute communication avec son entourage, ne parle plus, ne regarde plus, ce sont ses filles qui ouvrent les yeux – sur ce qui les sépare.
Dans cette famille en apparence si unie, chacune des quatre s?urs a, en effet, sa propre vision de la mort et sa propre vision de la mère. Les voilà renvoyées à leur enfance et confrontées à cette vérité : dans une famille, personne n’a eu la même mère. Parce que Olga, silencieuse, les yeux fermés, est en train de s’effacer, chaque fille découvre sur le clan, un clan étrangement matriarcal, ce qu’elle ne savait pas ou n’avait pas voulu savoir – petits secrets qui recomposent peu à peu un puzzle géant dont aucune, jusque-là, n’avait détenu toutes les pièces.
Le confident
Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d’abord à une erreur mais les lettres continuent d’arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu’elle n’est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme.
Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspense psychologique.
« Le confident » a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en vingt-sept langues.
Les premiers hommes dans la lune
Déclaré insolvable et failli, le sieur Bedford se réfugie au bord de la mer pour écrire un drame dont il espère que le succès le sortira de sa présente impécuniosité. L’inspiration se montrant rebelle, il musarde à la fenêtre, remarque un promeneur au comportement bizarre, s’en irrite et l’aborde. Ainsi lie-t-il connaissance avec le savant Cavor, que préoccupe la mise au point d’une matière nouvelle d’où il compte tirer un moyen de se déplacer dans l’espace tandis que Bedford y voit relui de faire fortune, une fois la Cavorite jaillie du creuset. C’est alors l’aventure qui entraîne les deux hommes à travers ciel jusqu’au domaine du Grand Lunaire, dans le royaume des Sélé-nites. Expérience réussie, pense Cavor. Mais il avait négligé dans ses calculs le facteur humain.
La première épouse
C’est moins le récit d’une séparation que celui d’un deuil car être quittée par son mari qu’elle connaît depuis trente ans est pour la narratrice pire qu’un simple divorce. Elle se sent véritablement en deuil d’un vivant sans avoir droit aux consolations d’usage mais elle perd aussi du même coup une famille, des amis et, dans une certaine mesure, ses propres enfants. Bien sûr, elle savait son mari volage mais se croyait inattaquable dans son rôle de première épouse. Ce qu’elle découvre au-delà de l’effondrement dans la douleur c’est l’étendue et l’ancienneté d’une trahison. C’est aussi que même dans la grande bourgeoisie on n’évite pas forcément la violence (elle se retrouvera à l’hôpital) ni le grotesque d’un vaudeville procédurier. L’auteur de L’Allée du roi, ces mémoires imaginaires de Madame de Maintenon, donne ici un livre bouleversant de sincérité et d’autant plus touchant qu’au-delà de la nécessité du deuil, au-delà même de la vengeance contre le mari infidèle, c’est aussi le récit d’un nouvel apprentissage de la vie. –Gérard Meudal
Tristan et Iseut
Tristan a vaincu le géant Morholt en combat singulier ! Son oncle Marc, roi de Cornouailles, lui confie une mission : aller chercher en Irlande la princesse Iseut qu’il a décidé d’épouser. Mais dans le bateau qui les ramène en Cornouailles, les deux jeunes gens boivent par mégarde un breuvage magique : ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour vivre cette passion interdite, Tristant et Iseut vont devoir trahir leur suzerain, affronter les compots des barons, et prendre la fuite. Mais pourront-ils échapper à leur destin ?
Le chercheur d’or
Le narrateur Alexis a huit ans quand il assiste avec sa sœur Laure à la faillite de son père et à la folle édification d’un rêve : retrouver l’or du Corsaire, caché à Rodrigues. Adolescent, il quitte l’île Maurice à bord du schooner Zeta et part à la recherche du trésor. Quête chimérique, désespérée. Seul l’amour silencieux de la jeune «manaf» Ouma arrache Alexis à la solitude. Puis c’est la guerre, qu’il passe en France (dans l’armée anglaise). De retour en 1922 à l’île Maurice, il rejoint Laure et assiste à la mort de Mam. Il se replie à Mananava. Mais Ouma lui échappe, disparaît. Alexis aura mis trente ans à comprendre qu’il n’y a de trésor qu’au fond de soi, dans l’amour et l’amour de la vie, dans la beauté du monde.
Une exécution ordinaire
Au mois d’août de l’an 2000, un sous-marin nucléaire russe s’abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c’est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie.
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d’une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l’amour et le renoncement.
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d’une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l’amour et le renoncement.
Le grand feu
L’incendie du château de Fréteval rapproche Bernold, jeune maître verrier, et Isambour, brodeuse sur toile. Ils s’aiment. D’un amour tendre et passionné. Mais l’oncle de la jeune fille veut la marier au fils du meunier. Bernold enlève Isambour. Après ce rapt chevaleresque, il l’emmène à Blois et l’épouse. Roman de cet amour qui dure les vingt années que dure la vie du couple, Le Grand Feu est aussi celui de toute la société féodale du début du XIIe siècle. Aux alentours de Blois, et dans la vallée du Loir, on construit des villages et des villes, des églises et des donjons fortifiés ; la princesse Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, introduit un nouvel art de vivre ; des croisés rentrent de Terre sainte ; les épidémies et les famines sont évoquées en filigrane. Comme sur les tapisseries de Bayeux, qui viennent d’être achevées, c’est tout un monde en mutation – des paysans aux artisans et aux seigneurs – que Jeanne Bourin laisse apparaître ici, et fait revivre.
L’Atlantique est mon désert
Je sors de l’hôpital à la fin de l’été 1995 dans une chaise roulante, avec des cannes anglaises pour marcher, une minerve pour éviter les chocs dans le haut de la colonne vertébrale, le souffle très court, le cœur hésitant à régler et les pansements des cicatrices qui suintent encore à changer tous les deux jours. Je devrais, après un triple pontage, passer trois semaines dans un institut spécialisé, aller régulièrement aux Invalides où existe le meilleur service de rééducation. Patiemment réapprendre, une fois de plus, à respirer et à me servir de mes jambes.
Il y a peut-être encore mieux pour la convalescence. L’air du large. La responsabilité de la barre. La liberté. L’océan.
Les racines du mal
Andreas Schaltzmann est persuadé que les habitants de la planète Vega sont installés dans son quartier, à Vitry-sur-Seine, et étendent leurs ramifications jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Paranoïaque, l’homme décide de vider ses comptes en banque et ses chargeurs de revolvers ; il se lance dans une cavalcade meurtrière à travers la France. Arrêté, il apprend qu’on lui attribue des crimes qu’il n’a pas commis. Un trio de scientifiques persuadé de son innocence traquera les véritables tueurs grâce à un ordinateur de type supérieur, baptisé neuromatrice qui fonctionne comme un cerveau humain mais à une vitesse surmultipliée. Ce roman atypique débute à la manière d’un périple de tueur en série pour s’orienter vers un récit prospectif où éléments philosophiques, sociologiques et scientifiques viennent s’imbriquer dans l’action. Le XXIe siècle, selon Maurice G. Dantec, ne sera pas une promenade de santé dans la mesure où (dit-il) l’humanité ne s’attaque pas aux racines du mal qui la ronge. -Lisa B.
La fille de l’homme au piano
En 1939, peu avant qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Charlie Kilworth, jeune accordeur de pianos, interroge son passé. Qui fut son père ? Compte tenu des problèmes psychiques de sa mère, comment assumer de devenir à son tour père ? Il décide alors d’entreprendre une lente et douloureuse réappropriation de l’histoire de sa famille. Peu à peu, le personnage de sa mère, Lily Kilworth – femme sujette à des crises d’épilepsie qui étaient la terreur de son entourage, dans une famille qui dissimulait au grenier et dans sa mémoire les traces de la folie d’autres ancêtres, émigrés irlandais -, devient le centre du roman. Toutes les figures de l’intolérance familiale, de la marginalisation et de l’exclusion se succèdent. Progressivement, dans une fresque ample et admirablement construite, Timothy Findley brosse le portrait d’une famille canadienne de l’Ontario du début du siècle à la Seconde Guerre mondiale, hantée par la folie de Lily.
Les Mémoires d’Europe sont une anthologie réunissant les textes majeurs qui constituent six siècles de culture.1453-1789À peine sortie du Moyen Âge, avec lequel elle ne rompt pas, la littérature européenne s’ouvre sur l’Océan, relit ses classiques, et consacre la Bible comme le livre des affrontements. Troubles et recompositions de tous ordres s’ordonnent autour des axes de l’ancienne Chrétienté : Réforme, Contre-Réforme, Orthodoxie et, à l’est, la menace ottomane. D’abord centrée sur les cultures du Sud, l’Italie puis l’Espagne, l’Europe est séduite par le Nord, l’Allemagne et l’Angleterre.1789-1900La Révolution française marque l’Europe. La liberté s’étire sur tout le continent, jaillit sous les plumes et s’écrit en son propre langage. Les nationalités, longtemps ignorées ou réprimées par les grands empires, revendiquent leur identité, leur culture particulière. Romantique ou réaliste, l’auteur est d’abord un individu moderne dans un univers en révolte, un homme qui choisit son autonomie en fixant les bornes de ses liens.1900-1993L’Europe explose, par deux fois, et reçoit d’autres continents les matériaux qui la fortifient. Avant seul centre de l’univers, elle devient un enjeu et souvent un creuset. Son passé la condamne et la préserve, ses combats l’accablent et l’enrichissent, elle survit. Engagés ou en marge, les écrivains luttent avec des armes si efficaces qu’on en vient à penser qu’ils sont les seuls à construire une unité.
Des choses idiotes et douces
Cody doit sortir de prison. Tom est chargé de l’aider à retrouver l’équilibre dehors. Entre eux, il y a ce seuil à franchir, le monde à ré apprivoiser. Les gens libres n’imaginent pas la somme mélancolique de connaissances et de familiarités qui vous écrase le cœur après des années s’habiller, réclamer son dû, imaginer un emploi du temps. Ce n’est pas juste qu’un homme ait à souffrir des choses idiotes et douces de l’existence quotidienne. Et comme la plupart d’entre nous, Tom n’a pas prévu d’aider l’autre au-delà d’une certaine limite – à ce point mystérieux où l’exigence absolue en même temps que très précaire de la fatigue d’autrui nous entraîne vers une violence inconnue. Comme il est facile de perdre patience dans l’exercice toujours inachevé de la réciprocité ! Comme on y perd vite le goût d’être un ami, quelqu’un sur qui l’autre peut compter ! Celui que découragent les plus petits détails de l’existence, avec son lot quotidien d’idioties savantes, a soudain quelque chose d’un gros monstre pathétique dont on ne sait plus quoi faire…
La conscience de Zeno
Composé en 1923, La Conscience de Zeno est sans doute le premier grand roman inspiré par la psychanalyse. Mais il est bien plus que cela. Avec la confession de son héros – narrateur qui entreprend d’évoquer pour le médecin qui le soigne les faits marquants de son existence, il demeure l’un des livres fondateurs de la littérature européenne du xxe siècle. C’est Eugenio Montale, Benjamin Crémieux et Valery Larbaud qui révélèrent et imposèrent simultanément, en France et en Italie, pendant l’hiver 1925-1926, le nom d’Italo Svevo, l’écrivain triestin né en 1861, et qui allait mourir en 1928…
L’histoire ici contée est celle, très simple, d’une jeune provinciale qui, montée à Paris, se refusa au roi Louis XV… et de ce qui s’ensuivit.
Pascal Lainé, dans un style d’une grande densité et d’une élégance toute musicale, tisse les rapports de deux êtres pris dans une histoire qui les emporte d’une province soumise au rythme lent de la vie la plus simple au Paris des intrigues de la Du Barry et de M. de Choiseul.
Le sens de la nuit
« Depuis des années, la fin du jour condamnait Marge à une petite mort. Quand le soleil sombrait, elle se rendait compte combien son existence était vague, nuageuse, fragile, et son anxiété incommunicable. Pendant quelques instants, où qu’elle fût, Marge s’éclipsait. Pour certains esprits sensibles, c’est un passage qui révèle la dualité du clair et de l’obscur, du connu et de l’inconnu. Mais à d’autres, qui en sont franchement bouleversés, ce mystérieux passage dénonce un combat plus ambigu encore : le pur contre l’impur, le Bien contre le Mal. J’ai approché un assassin qui, dans la tradition des grands monstres du crime, devenait fou à la tombée du soir. « Le crépuscule excite les fous », écrit Baudelaire dans l’un de ses petits poèmes en prose ; puis il évoque la nuit comme un vrai moment d’espoir et d’apaisement. (Faut-il le croire ?…). On imagine plus volontiers Baudelaire, pris dans la fièvre nocturne de ses désirs, palper les ténèbres et se livrer à de sombres orgies. Mais revenons à mon assassin… »
L’intrus
– Où essayez-vous d’aller, madame ?
– A Jefferson.
– Jefferson, vous lui tournez le dos, Madame.
– Je sais, il a fallu que je fasse un détour à cause d’un arrogant et insupportable nègre qui a mis sans dessus dessous tout le comté, lequel soutient mordicus qu’il a assassiné un blanc.
Le secret des Andrônes
Un vrai cadavre est balancé du haut de la citadelle de Sisteron au cours d’une représentation théâtrale. Le commissaire Laviolette, retraité de la police, était dans le public. Dès lors, il n’a de cesse de percer le mystère de ce crime, le premier d’une série.
Les charbonniers de la morts
Un homme noir à l’odeur de forêt arrive à Combe-Madame, dans la montagne de Lure. Il apporte un précieux adjuvant au produit aphrodisiaque que son frère Attilio, pauvre charbonnier, vend aux notables du village. Le petit Rosito est déjà parti sur son âne livrer les cornets de poudre pour la fête « galante » de la Saint-Pancrace. Le président Serenne, le notaire Boutedieu et sa « particulière » meurent d’amour. Le minotier se jette dans une fosse. Le conseiller d’Ardantes et le sous-préfet sont malades. Un seul indice pour le brigadier Laviolette : un rempailleur de chaises a croisé un enfant sur un âne, qui portait dans sa main comme un bouquet de cornets gris, et laissait derrière lui une odeur de souris. D’autres savent et se taisent. Et voilà que le mystère s’épaissit encore, se complique d’autres morts, et que de plus en plus de monde semblent mêlé à cette énigmatique affaire…
Pour exorciser le souvenir de ses amours passionnées avec Rimbaud, Verlaine se lance à corps perdu dans l’ivresse poétique et physique. Du bordel aux amours lesbiennes, des fêtes sensuelles aux plaisirs vécus comme des vices, le poète alterne chansons gauloises et élans de désespoir, vers d’érotisme précis et rêveries amoureuses…
Les petits chevaux de Tarquinia
« Il n’y a pas de vacances à l’amour, dit-il, ça n’existe pas. L’amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n’y a pas de vacances possibles à ça. Il parlait sans la regarder, face au fleuve. » Et c’est ça l’amour. S’y soustraire, on ne peut pas. Marguerite Duras Perso – L’Italie et les rapports familiaux « Les petits chevaux de Tarquinia », c’est le roman de vacances passées en Italie, au bord de la mer. Au bout d’une route, au pied d’une montagne, devant un débarcadère, un petit groupe de français, deux couples dont l’un a un enfant, retrouvent des amis italiens, une épicerie, un hôtel restaurant, un terrain de boules, une aire de bal, l’estuaire d’un fleuve, la mer, un paysage menacé par le feu d’un incendie de saison. Tout est torpeur. La chaleur de l’été torride, le temps de vacances dont les vacanciers ne savent trop que faire, l’état des relations entre eux et au sein des couples. La torpeur et l’ennui de vacances dont ils espéraient tout sont les deux facettes d’une seule et même chose : que faire de soi et de la liberté ? Qu’être sans l’amour de l’autre ? Ils attendent qu’une chose : la brise du soir. Ils espèrent qu’une chose : la pluie et sa fraîcheur. Et puis l’amour, les femmes surtout et Sara en particulier. Dans le roman, un autre se développe, comme un lierre au tronc d’un arbre : le drame d’une mère et d’un père dont l’enfant, démineur, est mort déchiqueté par l’explosion d’une mine. Il a pour scène la montagne, au-dessus de la petite station balnéaire. Les parents ont ramassé ce qui reste de leur fils dans une boite, don de l’épicier, lui-même dans le deuil de sa femme. Ils ne parviennent pas à quitter les lieux. La torpeur du chagrin nourrit l’autre, celle des vacances. La torpeur est ainsi perte de tous les repères sociaux … »
Les âmes fortes
Publié en 1950, cette célèbre chronique, à la couleur intensément tragique et au style souple et varié, doit son titre à un aphorisme de Vauvenargues qui définit l’âme forte comme étant « dominée par quelque passion altière et courageuse ». Cette âme forte, c’est avant tout celle de l’héroïne, Thérèse, personnage stendhalien, à la fois ingénue et prédatrice déclarée. À travers son récit se lit la puissance irréductible de la passion, qui éloigne du réel et fait vivre dans l’imaginaire. Aussi sa voix est-elle systématiquement contestée par une seconde narratrice, anonyme, sorte de « contre » en quête d’une autre vérité. Il en résulte un système romanesque profondément original, qui détruit de façon lancinante les récits successifs qui s’y déploient ; cette mise en péril permanente de l’existence même de l’histoire rappelle les procédés chers à Pirandello, qui propose le même système de vérités plurielles et antagonistes. Les Âmes fortes contribue ainsi sans doute à l’avènement de cette nouvelle époque romanesque que Nathalie Sarraute appellera dès 1956 « l’ère du soupçon ». —
Sinouhé l’Egyptien (I)
Par amour pour une courtisane, le médecin égyptien Sinouhé s’est vendu comme esclave. Il va vivre une odyssée à mi-chemin des mythes et de la réalité. Médecin, mais aussi espion pour le compte du pharaon Aménophis IV, il ira de Thèbes à Babylone, et aussi chez les mystérieux Hittites et chez les Crétois soumis au Minotaure. Prodigieux roman d’aventures qui nous initie à la politique, à la religion et aux sciences du quatorzième siècle avant Jésus-Christ, le chef-d’oeuvre du grand écrivain finlandais Mika Waltari invite aussi à réfléchir sur l’homme d’aujourd’hui, le plaisir, la liberté, le pouvoir, la violence, l’injustice et tout ce qui fait notre destin.
Un animal doué de raison – Tome II
Fa et Bi, les dauphins qui parlent, lui ayant été enlevés par les autorités qui le subventionnaient, le Pr Sevilla a dû quitter son laboratoire, mais il poursuit ses recherches à son propre compte dans une île au sud de la Floride. Soudain, une explosion atomique volatilise, près des côtes de Chine, un cuirassé américain. La Troisième Guerre mondiale va-t-elle éclater ? Complices involontaires du mystérieux attentat, Fa et Bi sont rendus au Pr Sevilla et vont l’aider à déjouer le complot qui menace la paix de la planète.
Le grand feu
L’incendie du château de Fréteval rapproche Bernold, jeune maître verrier, et Isambour, brodeuse sur toile. Ils s’aiment. D’un amour tendre et passionné. Mais l’oncle de la jeune fille veut la marier au fils du meunier. Bernold enlève Isambour. Après ce rapt chevaleresque, il l’emmène à Blois et l’épouse. Roman de cet amour qui dure les vingt années que dure la vie du couple, Le Grand Feu est aussi celui de toute la société féodale du début du XIIe siècle. Aux alentours de Blois, et dans la vallée du Loir, on construit des villages et des villes, des églises et des donjons fortifiés ; la princesse Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, introduit un nouvel art de vivre ; des croisés rentrent de Terre sainte ; les épidémies et les famines sont évoquées en filigrane. Comme sur les tapisseries de Bayeux, qui viennent d’être achevées, c’est tout un monde en mutation – des paysans aux artisans et aux seigneurs – que Jeanne Bourin laisse apparaître ici, et fait revivre.
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d’une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l’amour et le renoncement.
Les clients d’Avrenos
Quels sont les secrets qui unissent Nouchi, l’entraîneuse de dix-huit ans originaire de Vienne, et Bernard de Jonsac, ce Français d’une quarantaine d’années que tout le monde croit diplomate ? Quels mystères se cachent derrière leur errance aux parfums d’insouciance ? Partis d’Ankara, ils arrivent à Istanbul. Les nuits moites du Bosphore cachent des personnages qui se guettent, se haïssent, sympathisent parfois… Rien ne change dans ce décor où la torpeur gouverne. Et pourtant… Une femme est retrouvée comme morte, Nouchi fascine, et Bernard de Jonsac ferme les yeux sur ce qu’il ne veut pas comprendre.
Le Diable au corps
Le premier roman d’un écrivain mort à vingt ans et l’un des plus beaux rôles de Gérard Philipe. En 1918, un lycéen, François (prénom uniquement usité dans le film), s’éprend d’une jeune femme, Marthe, dont le fiancé, Jacques, est au front. L’amour fou, absolu, malgré tout et contre tous, voisins ricaneurs ou parents désemparés. Mais aussi, très vite, l’anxiété, la cruauté inconsciente, l’impossibilité pour un enfant de vivre une aventure d’homme. La guerre finit et ses « quatre ans de grandes vacances », Marthe meurt en mettant au monde l’enfant qu’elle a eu de François et qui sera la « seule de raison de vivre » de Jacques. » En voyant ce veuf si digne, je compris que l’ordre, à la longue, se met de lui-même autour des choses. Ne venais-je pas d’apprendre que Marthe était morte en m’appelant, et que mon fils aurait une existence raisonnable? »
Pot-Bouille
Zola est entré partout, chez les ouvriers et chez les bourgeois. Chez les premiers, selon lui, tout est visible. La misère comme le plaisir saute aux yeux. Chez les seconds tout est caché. Ils clament : « Nous sommes l’honneur, la morale, la famille. » Faux, répond Zola, vous êtes le mensonge de tout cela. Votre pot-bouille est la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille.
Octave Mouret, le futur patron qui révolutionnera le commerce en créant Au Bonheur des Dames, arrive de province et loue une chambre dans un immeuble de la rue de Choiseul. Beau et enjoué, il séduit une femme par étage, découvrant ainsi les secrets de chaque famille.
Ce dixième volume des Rougon-Macquart, retraçant la vie sous le Second Empire, c’est ici la bourgeoisie côté rue et côté cour, avec ses soucis de filles à marier, de rang à tenir ou à gagner, coûte que coûte. Les caricatures de Zola sont cruelles mais elles sont vraies.
Tout s’est bien passé
« Papa m’a demandé de l’aider à en finir. » Je me répète cette phrase, elle sonne bizarrement. Qu’est-ce qui ne colle pas ? « Papa » et « en finir » ? Fin 2008, à l’âge de 88 ans, le père d’Emmanuèle Bernheim est hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme curieux de tout, aimant passionnément la vie, demande à sa fille de l’aider à mourir.
Comment accepter ? Et puis, » aider à mourir « , qu’est-ce que ça veut dire ? Avec Tout s’est bien passé, Emmanuèle Bernheim livre le récit haletant et bouleversant de cette impensable aventure, de cette course d’obstacles dramatique et parfois cocasse. Dix ans après son dernier roman, Emmanuèle Bernheim revient avec ce récit écrit pour la première fois à la première personne du singulier.
L’Emprise (2) Quinquennat
Favori à l’élection présidentielle, Launay a scellé pendant la campagne un pacte avec son plus farouche adversaire, Lubiak, issu du même parti que lui. Mais Launay rêve de s’inscrire dans la postérité. Alors il change la donne en soumettant au référendum une nouvelle constitution. Une lutte à mort débute entre les deux hommes. Launay décide de se défaire de l’emprise que les services américains ont sur lui. Les alliances de circonstance, soudées avant l’élection, se renversent, et la lutte entre services de renseignement s’intensifie. Dans cette intrigue vertigineuse et actuelle, Marc Dugain réussit à entrer au plus profond de l’intimité psychologique de ses personnages et de la réalité tragique du pouvoir, là où les raisons de la lutte n’importent plus et où l’élimination de l’autre devient un objectif en soi.
Laisser courir II
Franchement, j’en ai assez des ennuis des autres… J’ai vraiment trop de mal à être à la hauteur de ce que certains exigent de moi. » Ainsi s’exprime Gabe Wallach, un charmant jeune homme, fils d’un riche dentiste new-yorkais, qui, au moyen d’efforts souvent maladroits, cherche à concilier sa vie facile et les sacrifices qu’il devrait faire pour aider son prochain. Autour de lui des alliés volontaires ou forcés participent à cette lutte frénétique : Martha Reganhart, une divorcée au grand cœur et à l’esprit très pratique ; Paul Jerz, un jeune et mélancolique collègue de Gabe à l’Université de Chicago ; Libby Herz, sa jeune épouse envoûtante et capricieuse. Attiré par chacun des trois personnages, Gabe passe par des péripéties comiques et tragiques pour venir au secours des autres sans trop donner de sa personne. À la fin seulement il apprend à « laisser courir » et à accepter la confusion de la vie.
Babel Minute Zéro
Que se passe-t-il au cœur d’une ville scientifique interdite perdue en Sibérie ou derrière les murailles de la Cité interdite, sanctuaire d’une Chine millénaire , Que se passe-t-il pour que les états-majors des plus grandes puissances s’affolent sans pouvoir nommer la forme ni l’origine de ce qui les terrorise ? Chargé d’une enquête sur un vieillard à moitié fou, l’agent secret Julia O’Brien voit s’afficher sur son écran un icône d’alerte signalant des manifestations monstres sur la place Tienanmen. Le pays est au bord du chaos. Les dirigeants, au risque de mondialiser le conflit, réagissent par la diversion et attaquent Taïwan. Que doit-faire l’Amérique ? D’où vient cet étrange tsunami informatique qui pervertit en un terrifiant black-out les ordinateurs de presque toute la planète ? Serions nous à la veille d’une Troisième Guerre mondiale d’autant plus redoutable que personne n’en connait la cause ?…
Les amours blessés
«Te souviens-tu, Guillemine, du printemps de nos quinze ans ? C’était au temps du roi François, premier du nom.» Ainsi parle Cassandre Salviati, à qui l’on vient d’annoncer la mort de Pierre de Ronsard. Ils se sont rencontrés un jour d’avril 1545, à la Cour. Jeune poète alors inconnu, il écrira : «Je la vis, j’en fus fou.» Il est clerc tonsuré et ne peut se marier. Elle épousera Jean de Bray, un seigneur du voisinage. Mais Cassandre et Ronsard ne cesseront de s’aimer, de rompre, de s’aimer encore. Toujours. C’est quarante ans de sa vie que Cassandre évoque ici. Inspiratrice de Ronsard, parente de Catherine de Médicis, elle est surtout une femme de la Renaissance, cette époque contrastée où les arts et la littérature florissent, tandis que les femmes perdent leurs droits acquis au Moyen Âge et que les guerres ravagent le pays.
Messieurs les enfants
« L’imagination ce n’est pas le mensonge, » tel est le leitmotiv que Crastaing assène inlassablement à ses élèves, qui ne l’écoutent guère. Si peu même que trois d’entre eux, les plus frondeurs, Igor Laforgue, Joseph Pritsky et Nourdine Kader vont écoper, en guise de punition, du devoir suivant: Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. La suite prouvera que la réalité dépasse souvent la fiction puisque c’est ce qui va véritablement se produire à travers une série de catastrophes et de métamorphoses rocambolesques qui donnent à l’auteur de « Comme un roman, » l’occasion de réfléchir non seulement sur le pouvoir de la fiction mais sur l’enfance et l’éducation. Tout en se livrant sans restriction au « bonheur narratif », Daniel Pennac porte un jugement sévère sur une certaine attitude pédagogique qui produit des enfants « amputés de leur enfance, poussés prématurément dans le train des ambitions, programmés dès l’ovule » et invite chacun de ses lecteurs, quel que soit son âge à « ressentir l’enfance au moins une fois. »
La jeune fille à la perle
La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville… Un roman envoûtant sur la corruption de l'innocence, l'histoire d'un cœur simple sacrifié au bûcher du génie.
Le maître des abeilles
Le Bourguignon de Paris Louis Châgniot assiste en rêve à l’effondrement de sa vieille maison familiale. Il y voit un signe prémonitoire et décide de « vivre sa vie ». Il retourne à Montfranc-le-Haut, avec son fils Loulou, étudiant à la dérive, toxicomane. Il retrouve dans son village natal une pléiade de personnages hauts en couleur, que domine la figure de Balthazar, le maître des abeilles. Celui-ci fera découvrir à Loulou à la fois les valeurs fondamentales de l’existence et l’amour, en la personne de la radieuse Catherine. Tout le roman se passe pendant la semaine sainte, au moment de l’explosion du printemps, ce qui permet à Vincenot de marier l’ancienne culture païenne et la spiritualité chrétienne, et de célébrer ainsi pleinement sa Bourgogne, de nous en communiquer jusqu’à la sensation physique.
Fort comme la mort
Un autre Maupassant que celui des contes normands et de La Maison Tellier. Un Maupassant qui, à travers l’histoire du peintre Olivier Bertin, projette son obsession du déclin, tente de se libérer de l’angoisse qui saisit tout créateur lorsque s’approche l’heure du bilan. Histoire d’un homme qui cherche à retrouver dans la fille de sa maîtresse sa jeunesse perdue, Fort comme la mort est aussi un grand roman social qui analyse les mécanismes et les rites de ce monde du faux-semblant, de l’ennui, de la stérilité du cœur que l’on appelle le grand monde. On a dit : Paul Bourget, mais la lucidité, déjà, est celle de Proust.
Jeux interdits
Sur une route de campagne, un flot pressé de gens, de bêtes, de chariots : on est au mois de juin 1940, en plein exode. Un avion survole et mitraille le convoi. La petite Paulette voit tomber ses parents. Un chien blessé rôde autour d’elle puis s’éloigne à travers champs. Machinalement, elle le suit, le ramasse quand il meurt, s’arrête enfin, le cadavre dans les bras, au bord d’un ruisseau. C’est là que la rencontre Michel, fils cadet des Dollé, qui l’emmène à la ferme de ses parents. L’enfance est une période féerique contre laquelle la guerre ne peut prévaloir. Tout au plus risque-t-elle d’infléchir le cours des jeux et des rêves. Dans l’espèce d’état second où la plongent l’exode et la disparition des siens une seule notion vague émerge pour la petite Paulette à la surface dé sa conscience, c’est qu’un mort doit être enterré, donc que son chien doit l’être et que tout ce qui meurt doit avoir sa tombe. Tel est le point de départ de la tragi-comédie qui se joue au hameau de Saint-Faix.
L’âge de nylon – Roses à crédit
L’âge de nylon I Roses à crédit …….. La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d’aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des conditions de l’âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d’un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d’êtres. Daniel Donelle, l’amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste, touché par l’aile de la science, il rêve à une rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne. Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu’à la souffrance.