
Écrit entre 1940 et 1942, le long roman (en trois tomes volumineux) décrit la vie des habitants d'un quartier de Pékin sous l'occupation japonaise 1937-1945. Et plus particulièrement celle d'une famille vivant dans l'étroit hutong (ruelle) du Petit Bercail, très semblable à celle où l'auteur lui-même est né. Tous ne sont pas d'accord sur la conduite à tenir face à l'occupant, qu'il s'agisse des voisins (collaborateurs avec les japonais : la famille Guan) ou des intellectuels persécutés, prêts à se battre (famille Qian),ou des membres de la famille Qi (pivot de l'histoire), ou encore de Monsieur Li, déménageur, Maître Sun, barbier, Petit Cui tireur de pousse, etc. La troisième partie du roman a forcément été écrite après aout 1945 puisqu'il évoque la bombe atomique sur Hiroshima et la capitulation du Japon. Lao She montre ainsi avec minutie les multiples facettes du peuple de Pékin reflet de la Chine et de son destin. Ce projet énorme prend la forme du roman traditionnel chinois dont le modèle pourrait être le Rêve dans le Pavillon rouge. Dans son introduction intitulée « Lao She, le professeur », Le Clézio qualifie l'œuvre ainsi : « c'est sans aucun doute le plus chinois des romans de Lao She. » Il entend par là qu'il s'inscrit dans la tradition du Rêve du pavillon rouge, avec la multipicité des protagonistes et la description précises des modes de vie chinois.
Messieurs Ma, père et fils
Le vieux Ma n’est guère enthousiaste de devoir partir à Londres où son frère lui a légué un magasin d’antiquités. Quant à son fils, Ma Wei, il tombe éperdument amoureux de la fille de leur logeuse, la très respectable veuve Window. Les tribulations de nos deux Chinois dans la capitale britannique sont contées par Lao She avec un humour féroce, et sans doute bien informé, puisque lui-même y séjourna de 1924 à 1929. Comment concilier la digne image de Messieurs Ma père et fils avec celle de « ces diables à face jaune » ? L’abîme d’incompréhension et de préjugés qui les sépare de la population locale, s’il donne lieu à maintes scènes d’une drôlerie irrésistible, n’en laisse pas moins flotter une ombre de tristesse sur la réussite de leurs projets.
Beijing Coma
4 juin 1989. Des milliers d’étudiants occupent depuis un mois la place Tian’anmen, et parmi eux, Dai Wei. Une blessure par balle le plonge dans un coma profond, son corps devient sa prison, mais son âme se souvient : son père dissident qui revient des camps, ses premières amours contrariées, l’éveil de sa consience politique…
Au-delà d’une critique sans équivalent de la dictature chinoise, « Beijing Coma » ramène chacun à ses angoisses et désirs les plus intimes, et révèle les conséquences personnelles d’une lutte pour la liberté.
Né en 1953, Ma Jian a quitté Beijing en 1987 et vit aujourd’hui à Londres. Il a publié quatre romans en France, dont « Chemins de poussière rouge » et « Nouilles chinoises ». Incontournable, il est, selon le prix Nobel Gao Xingjian, « l’une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine. »
